Carnet de notes : mise à jour du projet de recherche archéologique shíshálh.

Terence Clark

Ça fait un bout de temps déjà! Une première saison de travail sur le terrain en 2014 a donné le coup d’envoi au projet de recherche archéologique shíshálh. Nous serons de retour à Sechelt dans quelques jours. L’équipement a été emballé et expédié sur les lieux, alors nous n’attendons plus que notre départ vers la Sunshine Coast.

C’est pendant des moments comme ceux-ci que je cède à la nostalgie. J’ai retrouvé ce t-shirt dans mon attirail. Il remonte à l’époque de mon apprentissage des techniques de fouilles archéologiques sur le terrain, sous la supervision des professeurs Don Mitchell et Becky Wigen de l’Université de Victoria, en 1994. Ce t-shirt est sans doute plus vieux que la plupart des membres faisant partie de mon équipe cet été.

t-shirt

Nous ne cessions de trouver des échantillons d’un artefact appelé « pièce esquillée », un éclat de pierre bipolaire. Comme nous peinions à prononcer « esquillée », nous appelions ça plutôt « pièce qu’est-ce que c’est ». Cette blague d’initiés a été immortalisée ici, sur nos t-shirts de fouilles. Photo: T. Clark.

Nous nous trouvions au site de Kosapsom (DcRu 4), à Victoria, en Colombie-Britannique. Il s’agissait de l’école de rang Craigflower, historique, située près de l’anse Gorge Waterway. Des artefacts témoignant de la culture des Salish de la Côte sur 4 000 ans étaient ensevelis sous la petite école. Jusque-là, je ne savais pas trop encore où me mènerait ma carrière. J’ai eu la piqûre au bout de quelques semaines consacrées à chercher des artefacts qui n’avaient pas vu le jour depuis des milliers d’années. Depuis mon passage à cette école de fouilles, j’ai profité de chaque été des 21 dernières années, sauf trois, pour creuser dans l’histoire de la Colombie-Britannique, une pelletée à la fois. Certains de nos étudiants seront peut-être inspirés cet été autant que moi il y a quelques années.

Ancienne école de rang Craigflower, à Kosapsom

Ancienne école de rang Craigflower, à Kosapsom. Photo : Bruce Pollock, WikiCommons

Au cours des vingt dernières années, j’ai eu le plaisir de travailler partout en Colombie-Britannique, de découvrir de magnifiques lieux et de croiser de merveilleuses personnes. De sites judicieusement nommés comme ceux du lac Horsefly et du glacier Fubar, à d’autres, vagues et accessibles par hydravion ou hélicoptère, en passant par celui de Kispiox, sans cesse assailli par les mouches noires; chaque projet m’a fait vivre des aventures nouvelles et passionnantes. Je me souviens encore de ma rencontre avec un ourson Kermode, ou Esprit, qui zigzaguait le long de la route près d’un lac de lave sur une route au pays des Nisga’a. Je me revois aussi en train de vaporiser du gaz poivré à un ours noir un peu trop curieux, près de Williams Lake. L’ours n’avait pas même éternué, mais je ne m’en plains pas puisqu’il ne m’avait pas dévoré non plus. Je me rappelle très bien la raison pour laquelle il faut prendre le temps de regarder où l’on s’assoit près de Kamloops, là où pousse un cactus, la raquette à crins blancs. Et je repense souvent au long parcours en remorqueur entamé chaque matin dans le brouillard pour nous rendre sur l’île Pender, en compagnie de membres des Premières Nations Tseycum, Tsartslip et Tsawout.

Mes souvenirs les plus chers sont ceux que je garde des personnes avec lesquelles j’ai eu le privilège de travailler. Une série de projets m’a amené sur le territoire des Qualicum, où j’ai eu l’occasion de collaborer de près avec les chefs Kwaksistala Adam Dick et Kim Recalma-Clutesi. Ceux-ci m’ont donné si généreusement de leur temps, partageant leurs connaissances et m’accordant leur amitié. J’ai également eu l’honneur de prendre part à la cérémonie de réinhumation d’ancêtres Qualicum et Pentlatch à Deep Bay.

Par ailleurs, j’ai travaillé pendant quelques années dans la région centrale intérieure de la Colombie-Britannique, avec les Premières Nations de Williams Lake et de Soda Creek. J’ai beaucoup appris sur l’archéologie et le territoire au contact de personnes remarquables comme Leo Michel et Glen Dixon, ou encore de sommités comme les archéologues Darcy Mathews et Nicole Nicholls.

Je considère cependant le projet de Sechelt comme mon préféré, sans l’ombre d’un doute. Les meilleurs ingrédients y sont réunis : des personnes inspirantes, un lieu extraordinaire et un riche site archéologique. Je me sens chez moi sur la Sunshine Coast.

Le bras de mer de Sechelt. Photo: N. Leclerc.

Le bras de mer de Sechelt. Photo: N. Leclerc.

C’est en 2011 que j’ai rejoint, à titre de directeur, le projet lancé en 2009 par Gary Coupland à l’Université de Toronto. Le projet a pris de l’envergure grâce à l’excellent appui de la Première Nation shíshálh, ainsi que de son chef et de son conseil, du ministère de l’Éducation, des services des droits et des titres ancestraux, et du Tems Swiya Museum. L’ajout d’un programme de formation pour les jeunes shíshálh en 2012 et en 2013, que nous sommes heureux de remettre en œuvre cette année, témoigne de l’expansion du projet au fil des ans. Nous avons aussi tenu la journée de l’archéologie shíshálh, au cours de laquelle nous avons présenté nos résultats à la communauté. De plus, nous avons encouragé des étudiants à prendre l’initiative à leur tour afin d’expliquer leur culture auprès de leur communauté. La troisième journée de l’archéologie shíshálh se déroulera en juillet, et je souhaite qu’elle attire plus de personnes et soit meilleure que jamais. Je suis très enthousiaste à l’idée de mon retour. J’espère que vous suivrez nos progrès sur le blogue du projet de recherche archéologique shíshálh.

Comme la gestion de notre blogue sera confiée à des étudiants de l’Université de Toronto cette année, vous pouvez vous attendre à plusieurs mises à jour tout au long des travaux effectués sur deux sites archéologiques différents dans le territoire shíshálh. Dans notre prochain article, Natasha Leclerc présentera notre équipe ainsi que les lieux où nous effectuons des fouilles cette année.