La salle de l’Histoire canadienne : le rôle des comités consultatifs

David Morrison

Dès le départ, l’équipe responsable de la Salle de l’Histoire canadienne a constaté l’importance de solliciter des conseils pour l’élaboration du contenu de la Salle et de son mode de présentation. Ce constat nous a incités à consulter de nombreux experts. Deux groupes ont pris part à l’exercice : des groupes réunissant des représentants de divers milieux d’une part et des comités consultatifs d’experts d’autre part. Comme les consultations publiques effectuées auprès de divers milieux feront l’objet d’un article diffusé prochainement dans ce blogue, j’aimerais concentrer mon attention sur les comités consultatifs.

Nous avons d’abord travaillé avec six comités, mis sur pied au cours de la première année du projet, en 2013. Chacun comptait de quatre à sept membres, choisis pour leur expertise dans un domaine particulier. La plupart étaient des professeurs d’université – le plus souvent des professeurs d’histoire, parfois à la retraite, plusieurs étant des sommités. En faisaient partie également des chercheurs, des Aînés autochtones et des chefs de file de divers milieux. Nous avons aussi créé un comité général, chargé de réfléchir à l’aménagement général de la Salle et à son contenu, trois comités consultatifs devant se pencher sur des périodes distinctes de l’histoire canadienne, un comité consultatif autochtone et un comité qui se concentrerait sur l’histoire des femmes.

Image conceptuelle illustrant une partie de la Salle de l’Histoire canadienne. IMG2014-0106-0008-Dm

Image conceptuelle illustrant une partie de la Salle de l’Histoire canadienne. IMG2014-0106-0008-Dm

Nous avons rencontré chacun des comités à plusieurs reprises pendant les mois qui ont suivi, et avons envoyé à leurs membres une documentation abondante, entre autres des dossiers de recherche et des documents de planification conceptuelle. Au cours de cette période, nous avons travaillé avec ardeur à déterminer le contenu de la Salle en adoptant une approche et une trame narrative et en choisissant des récits et des événements marquants, parmi un nombre presque infini. Chaque comité était composé de personnes détenant des points de vue assez différents, parfois même divergents, sur l’histoire canadienne – à l’instar de nos propres experts à l’interne. Il a cependant été possible, au fil des discussions, de dégager les grandes lignes du contenu relatif à l’histoire du pays.

De plus, nous avons obtenu beaucoup de conseils sur des questions précises. Les membres du comité spécialisé en histoire des femmes se sont prononcés unanimement sur l’importance de tenir compte des sexospécificités, d’intégrer les perspectives et les expériences des femmes, sans tomber dans un exercice purement symbolique. Le comité consultatif autochtone nous a exhortés à considérer l’absolue nécessité d’inclure l’histoire et les perspectives autochtones dans le contenu de la Salle. Tous ont relevé des erreurs à corriger, souligné l’existence de visions différentes ou fait clairement ressortir l’obligation d’employer les mots justes, même dans les documents de planification que peu de personnes seraient appelées à voir. Ce souci était particulièrement manifeste en ce qui a trait à l’histoire autochtone, notamment pour les noms désignant différents groupes (comme le terme « Haudenosaunee » au lieu d’« Iroquois »). On a aussi tenu à faire comprendre l’importance d’éviter les expressions « eurocentriques », comme le « Nouveau Monde » ce monde n’étant pas « nouveau » pour tous.

La coordination de six comités a exigé un immense travail. Durant l’été 2014, nous avons décidé de fusionner et de dissoudre certains comités pour en réduire le nombre à deux. Nous avons maintenant un comité général, constitué des membres de l’ancien comité général, auquel s’est ajoutée une femme nommée par le comité spécialisé dans l’histoire des femmes, et un comité consultatif autochtone. Nous avons rencontré en personne les membres de ces comités quatre fois depuis le remaniement. Comme l’orientation du contenu est désormais plus claire, nous avons commencé à consulter individuellement les membres, selon nos besoins.

La mouture conceptuelle de l’exposition a considérablement changé au cours de la dernière année. Nous recourons aux services d’une agence de design (gsmprjct° de Montréal) et nous collaborons étroitement avec elle pour traduire nos concepts en espaces d’exposition. Nous avons fait preuve d’une plus grande discipline dans nos échanges constants avec les experts à l’interne et les comités consultatifs. À l’étape actuelle du projet, nous ne disposons plus d’une marge de manœuvre qui nous semblait auparavant très grande pour l’élaboration et la présentation de récits complexes sur notre passé national ni d’un scénario élastique pour l’ajout constant de bonnes idées. Nous devons affiner notre contenu, alors que nous assemblons les éléments qui constitueront la Salle de l’Histoire canadienne.

Les comités consultatifs ont offert et offrent encore la tribune idéale pour la tenue de ce type de discussions. En tant qu’experts, leurs membres connaissent bien leur domaine; en tant que tiers, ils fournissent de nouveaux points de vue, des idées auxquelles nous n’avions pas pensé, un savoir que nous ne possédons pas. Voilà ce que font les comités consultatifs : ils conseillent. La responsabilité du projet incombe au Musée et les décisions finales nous reviennent, mais nous ne pourrions aller de l’avant sans leur précieuse collaboration.

David Morrison, Ph. D.
Directeur, Recherche et contenu, Salle de l’Histoire canadienne