Lumière sur la Grande Noirceur

Le 25 janvier 2011

Difficile de se pencher sur l’histoire récente du Québec sans croiser le chemin de Maurice Duplessis. Celui qu’on appelait simplement « le Chef » a laissé un héritage trouble qui n’en finit plus de faire jaser. À preuve, le récent ouvrage Duplessis, son milieu, son époque, co-dirigé par Xavier Gélinas du Musée canadien des civilisations.

Ange ou démon?

Le 7 septembre 1959, Maurice Duplessis, premier ministre du Québec, mourait dans l’exercice de ses fonctions. Dans les semaines qui suivent son décès, Paul Sauvé commande une statue à la mémoire de son prédécesseur. Livrée en 1960, alors que les Libéraux de Jean Lesage ont pris le pouvoir, la statue est entreposée : son installation aurait pu être source de débordements populaires… Il faudra finalement attendre près de 20 ans pour que, en 1977, René Lévesque inaugure le monument commémoratif.

Cette anecdote est à l’exemple de l’héritage laissé par Maurice Duplessis : controversé, c’est le moins qu’on puisse dire. Député pendant neuf mandats consécutifs et premier ministre pendant cinq mandats, dont quatre consécutifs, Duplessis a indubitablement marqué le Québec. Et l’imaginaire des Québécois. Cinquante ans après la mort de l’homme, son nom est encore source de sentiments partagés.

De la Grande Noirceur à l’électrification rurale; de la grève de l’amiante à la création de plus de 100 000 emplois en 10 ans; de la Loi du cadenas au premier fleurdelisé; le règne de Duplessis aura laissé des traces indélébiles que les historiens n’ont pas fini de scruter, d’analyser, d’interpréter. C’est dans cette optique que s’est tenu, en septembre 2009, un colloque visant à la fois à marquer le 50e anniversaire du décès de Maurice Duplessis et à relancer la réflexion sur son héritage. Et à la fin de l’automne 2010, les actes de ce colloque étaient publiés aux éditions du Septentrion, sous l’œil savant de Xavier Gélinas du Musée canadien des civilisations.

Écrire l’histoire

À titre de conservateur en histoire politique canadienne, Xavier Gélinas élabore le programme de recherche dans ce domaine. Ce programme se compose de trois volets : collections, expositions, publications et conférences. Il arrive qu’un thème recoupe les trois volets, comme ce fut le cas pour l’exposition sur Maurice Richard, en 2004, alors que son collègue Sheldon Posen a travaillé à l’acquisition d’une collection d’objets du « Rocket », à la préparation de l’exposition et à la rédaction d’un livre vendu à la boutique du Musée.

CMCC © Marie-Louise Deruaz

Il arrive aussi que le Musée encourage la recherche et la publication sans lien direct à des collections existantes ou des expositions. C’est ainsi que Xavier Gélinas, qui s’intéresse depuis longtemps aux idées nationalistes et conservatrices au Québec, a pris part à l’aventure du colloque et du livre Duplessis, son milieu, son époque. Il s’agit ainsi, pour le Musée, d’investir dans une meilleure connaissance de notre histoire politique et sociale.

Duplessis, son milieu, son époque, dirigé par Xavier Gélinas en collaboration avec Lucia Ferretti, professeure au Département des sciences humaines de l’Université du Québec à Trois-Rivières, a réuni 32 auteurs dans ce que M. Gélinas a qualifié de « premier effort sérieux de recherche historique depuis 30 ans ». Le passage du temps et le recul qu’il offre ont ainsi permis de jeter un regard plus serein sur une période controversée de l’histoire du Québec.

Vous voulez aussi jeter un peu de lumière sur la Grande Noirceur? Procurez-vous Duplessis, son milieu, son époque à la Boutique du Musée canadien des civilisations ou à la CyberBoutique.