Pèlerins, à vos bâtons!

Le 6 décembre 2011

Alors que la Kumbha Mela, en Inde, attire 30 millions de personnes venues se purifier dans les eaux du Gange; ils sont 2,5 millions à se rendre à la Mecque, pour le Hadj; et 2 millions annuellement, à l’Oratoire Saint-Joseph. Le pèlerinage est un phénomène universel qui prend des formes tout aussi variées que les motivations des pèlerins. Dans le cadre de l’exposition Dieu(x), modes d’emploi, le Musée canadien des civilisations porte un regard éclairant sur cette tradition millénaire.

Prendre la route
Qu’est-ce qu’un pèlerinage? Le dictionnaire nous dit que pèlerin est issu du latin chrétien pelegrinus,
« celui qui marche en pays étranger ». Le pèlerinage suppose donc un déplacement. Traditionnellement, il s’agissait d’un voyage ardu : on devait quitter sa maison, souvent ses proches; prendre la route dans des conditions difficiles; vivre d’innombrables sacrifices.

Si certains poursuivent encore cette vision du pèlerinage, marchant des jours entiers pour atteindre leur but, les moyens de transport modernes ont bien sûr changé la donne. Ainsi, des millions de pèlerins se rendent annuellement à Saint-Jacques-de-Compostelle, mais autour de 200 000 seulement font le trajet à pied, à cheval ou en vélo.

Même si la marche n’a plus autant la cote, une chose demeure inchangée : le pèlerinage implique encore aujourd’hui une séparation. Qu’il se rende à Jérusalem, à l’Oratoire Saint-Joseph ou au sommet du mont Fuji, le pèlerin rompt avec son quotidien, abandonne ses repères pour se transporter dans un lieu sacré, à la fois accompagné de milliers, voire de millions d’autres pèlerins, et fondamentalement isolé en lui-même.

Investir un lieu
Bien que la route vers le lieu de culte soit souvent aussi importante que le lieu lui-même, l’arrivée demeure l’ultime aboutissement du cheminement. Le pèlerinage mène toujours à un lieu significatif, d’origine mythique ou historique, central à la croyance du pèlerin : lieu de naissance d’une divinité, lieu d’une révélation, d’un miracle, d’une mort, tombeau d’un saint.

Site naturel ou construction humaine, un même lieu peut passer, au fil du temps, d’un culte à un autre ou même être partagé par plusieurs cultes. C’est ainsi que vous pourrez croiser, à l’Oratoire Saint-Joseph, des montréalais d’origine tamoule, certains catholiques…et d’autres pas. Mais tous vouent une profonde dévotion à saint Joseph et au frère André à qui ils attribuent la guérison miraculeuse d’un des leurs.

Qu’il s’agisse d’un temple ou d’un fleuve, le lieu de culte demeure chargé de signification. Le pèlerin y touche une relique, une pierre, une statue; il se recueille, participe à un rituel. Il vient remercier, honorer, chercher un pardon, une guérison. Ou simplement une paix intérieure et un sentiment de communauté. Car le pèlerinage n’est pas le fait des seuls fervents croyants; nombreux sont ceux qui prennent la route par envie d’exploration, d’aventure, de découverte. Mais tous iront, invariablement, à la rencontre de quelque chose…

Les religions sont multiples, les sites de pèlerinage encore plus nombreux. Et il ne s’agit là que d’un des thèmes fascinants qui seront abordés dans le cadre de l’exposition Dieu(x), modes d’emploi. Ni théologie, ni histoire des religions, le propos de cette grande exposition vise plutôt les pratiques religieuses contemporaines.

Regard sur soi et sur l’autre, sur l’ici et sur l’ailleurs. Dieu(x), modes d’emploi. Au Musée canadien des civilisations, du 2 décembre 2011 au 3 septembre 2012.