Un astrolabe en orbite

Le 25 août 2009

Même après 40 ans, l’exploration spatiale frappe toujours l’imaginaire : certains rêvent d’être du voyage, d’autres appréhendent les catastrophes, mais tous aimeraient bien, un jour, avoir la chance de frôler les astres et de voir, toute petite, notre Terre. L’astronaute canadienne Julie Payette est parmi les privilégiés pour qui ce rêve est réalité. On a beaucoup parlé de son entraînement, de son rôle clé dans cette mission; c’est au tour de ses bagages de défrayer la manchette!

Un grand pays dans un petit sac

Depuis les débuts de la conquête de l’espace, les astronautes ont emporté vers les étoiles de nombreux objets symboliques. Cette pratique, on s’en doute, est hautement réglementée : la dimension et le poids sont limités; la revente des objets, au retour, n’est pas permise. La pratique vise plutôt à soutenir certaines causes, à reconnaître l’importance de certaines organisations, à honorer son collège, sa ville, son pays.

Un chandail du CH autographié par le « Rocket »; un diamant brut des Territoires du Nord-Ouest; des gouttes d’eau des Grands Lacs et des trois océans bordant le Canada; un extrait de la première partition acquise par l’Orchestre symphonique de Montréal; une petite cuillère en argent du Massey College de l’université de Toronto…et une réplique de l’astrolabe de Champlain offerte par le Musée canadien des civilisations. Voilà quelques-uns des trésors qui se sont envolés vers l’espace, le 15 juillet dernier, à bord de la navette spatiale Endeavour.

Champlain dans les étoiles

Mais pourquoi l’astrolabe? Outil dont se servaient les grands explorateurs pour s’orienter, l’astrolabe est constitué d’un disque extérieur dont la circonférence est graduée et au centre duquel se trouve une aiguille mobile. Les navigateurs s’en servaient pour calculer la latitude, en fonction de la position du soleil ou de l’étoile polaire et d’une table astronomique.

On croit que l’astrolabe de Champlain, qui fait partie de la collection permanente du Musée canadien des civilisations, a été égaré par le grand explorateur-cartographe autour de 1613, lors d’un portage contournant les rapides de la rivière Outaouais. Retrouvé dans la région de Cobden, en Ontario, en 1867 – année de la Confédération –, et a bourlingué jusqu’à la New York Historical Society qui l’a finalement remis au Canada lors de l’ouverture de l’actuel Musée, en 1989. Cet astrolabe est donc au cœur de l’histoire de notre pays et représente une des pièces maîtresses de notre collection.

L’astrolabe de Champlain était un choix naturel pour Julie Payette en raison de son pouvoir symbolique et de son importance historique pour le Canada. Mais l’astrolabe original étant trop volumineux – 19 x 14,5 x 3,1 cm –, et trop précieux pour être ainsi envoyé dans l’espace, le Musée canadien des civilisations a confié à Dave Dean, préparateur d’exposition au Musée canadien de la guerre, le soin d’en façonner une réplique plus petite. Celle-ci, faite de laiton comme l’originale, en est une copie parfaite, toutes les inscriptions d’origine y ayant été reproduites grâce à la photogravure.

La mission spatiale STS-127 marque donc la rencontre de deux grands explorateurs : celui qui a contribué à construire le Canada tel que nous le connaissons et celle qui participe à la première installation permanente qui flotte au-dessus de nos têtes. Comme quoi nos rêves de grands espaces ne se tarissent jamais.

Et vous, qu’emporteriez-vous vers les étoiles?