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Une présence autochtone

Nos origines

Richesse des histoires - Kiviuk (Inuit)

Se lançant sur la mer, à bord de son kayak, Kiviuk, homme doué de pouvoirs surnaturels, entreprit un long voyage. Aux prises avec les vagues et les tourbillons provoqués par une terrible tempête, il dériva. Quand la tempête s'éloigna et que la mer devint plus calme, il aperçut la terre.

Quand il fut près de la côte, il vit une maison de pierre où brûlait une lumière. Il débarqua et y entra. Une vieille du nom d'Arnaitiang vivait là. Elle le traita bien, sécha ses bottes, ses chaussons et ses chaussettes au-dessus de sa lampe de pierre, et sortit lui cuire un repas.

Quand les bottes et les chaussettes furent sèches, Kiviuk s'approcha pour les reprendre mais, toutes les fois qu'il s'apprêtait à les saisir, le cadre s'élevait et lui échappait. Il appela Arnaitiang à l'aide, mais elle lui dit simplement de continuer d'essayer et de rester dans la maison où elle se trouvait quand il était entré. Arnaitiang, douée elle aussi de grands pouvoirs surnaturels, voulait en fait manger Kiviuk.

Se rendant compte qu'elle allait lui faire du mal, Kiviuk appela son auxiliaire spirituel, un gros ours blanc, qui grogna sous le sol de la maison. D'abord, Arnaitiang ne l'entendit pas mais, l'ours s'approchant de plus en plus de la surface, elle se rua à l'intérieur, tremblante de peur, et redonna ses effets à Kiviuk. Chaussettes, bottes et chaussons en main, celui-ci franchit aussitôt la porte, qui se referma brusquement, déchirant la queue de sa veste. Mais Kiviuk ne revint pas et s'éloigna dans son kayak.

Progressant le long du rivage, il vit de nouveau une hutte. Mouillé et affamé, il y entra. Il aperçut une femme qui y vivait, seule avec sa fille. Son gendre était un rondin de bois flottant, à quatre branches. Tous les jours, à marée basse, les deux femmes le transportaient jusqu'à la plage et, quand la marée montait, il partait à la nage. Il revenait chaque soir, rapportant huit gros phoques. Un jour, il ne revint pas.

Kiviuk épousa la fille. Il allait tous les jours chasser le phoque et avait beaucoup de succès. Se préparant pour le moment où il partirait pour de bon, il augmenta sa réserve de mitaines en prétendant, chaque soir, qu'il avait perdu celles qu'il avait ce matin-là. En fait, il les dissimulait dans sa veste.

Sa belle-mère était jalouse de sa fille et voulait épouser elle-même Kiviuk. Un jour, tandis qu'il était à la chasse, elle tua sa fille et se revêtit de sa peau. Elle avait l'air d'une jeune femme mais, quand Kiviuk entra et vit les os, il réalisa ce qu'elle avait fait. Il partit.

Il voyagea durant plusieurs jours, suivant le rivage. De nouveau, transi et affamé, il aperçut une maison où brûlait une lumière. Jugeant préférable, cette fois, de déterminer qui se trouvait à l'intérieur, il grimpa à la fenêtre et regarda par le trou. Une vieille, Aissivang (araignée), était assise sur le lit. Quand elle vit Kiviuk à la fenêtre, elle pensa que c'était un nuage qui passait devant le soleil et bloquait la lumière dont elle avait besoin pour travailler. Elle se fâcha et découpa ses sourcils qu'elle mangea. Ignorant le sang qui coulait, elle continua à coudre. Kiviuk se dit qu'elle devait être une très mauvaise femme et n'entra pas.

Après plusieurs jours et plusieurs nuits de voyage, Kiviuk arriva dans son propre pays. Des bateaux vinrent à sa rencontre. Les gens avaient chassé la baleine et remorquaient un gros spécimen. À la proue se trouvait le fils de Kiviuk, qui avait tué l'animal. Petit garçon quand son père était parti, il était maintenant adulte et était devenu un grand chasseur. La femme de Kiviuk avait un nouveau mari, mais elle lui revint.

Source originale : Franz Boas, The Central Eskimo, (Résumé de Harold Seidelman et James Turner, The Inuit Imagination)

 
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