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L'art haïda
Art haïda




     Les artistes



*Albert Edward
Edenshaw

*John Robson

*Charles
Edenshaw
Les artistes de l'âge d'or

L'âge d'or de l'art haïda a duré un demi- siècle, depuis les années 1850, lorsque de nouveaux marchés se sont ouverts à Victoria et ailleurs, stimulant non seulement la production, mais également la création de nouvelles formes d'art, jusqu'à l'effondrement de la population haïda au début du XXe siècle. Au cours de cette période, on a délaissé la fabrication de grands objets au profit de répliques plus petites pouvant être facilement rapportées par les touristes comme souvenir de leur séjour sur la côte nord-ouest. Ce fut un âge d'or, non seulement parce qu'il y avait alors de nombreux artistes haïdas maîtrisant parfaitement le style traditionnel tout en se sentant libres d'innover et de créer de nouvelles façons de traduire leur riche héritage, mais également parce qu'il existait un vaste marché enthousiaste pour leurs œuvres.

Beaucoup d'artistes haïdas sont passés avec succès à la création de pièces pour un autre milieu culturel, où il était essentiel, pour vendre, de posséder un style personnel. Malgré cela, ils répugnaient à signer leurs œuvres, et beaucoup d'artistes s'y refusaient, préférant se démarquer par de subtiles variantes du style traditionnel. Cela a eu pour conséquence de provoquer d'incessantes spéculations chez les experts, qui coiffent leurs articles de titres tels que : «Que le véritable Charles Edenshaw se lève!». Au moins une thèse et plusieurs articles ont été écrits sur Charles Edenshaw, les meilleurs étant de la plume de Bill Holm et d'Alan Hoover. L'œuvre du sculpteur Tom Price a également fait l'objet d'études. Bill Holm a d'abord attribué un ensemble d'œuvres à l'artiste de Masset Gwaitilth, mais a plus tard trouvé des preuves qu'elles avaient été réalisées par un autre artiste de Masset, Simeon Stiltla. Marius Barbeau a publié de brèves études sur de nombreux artistes de Masset et de Skidegate d'une époque ultérieure.

Le morcellement des lignages en unités familiales distinctes et l'assimilation des mythes haïdas à des contes de fées après la christianisation sonnèrent le glas de l'élan qui avait soutenu l'art haïda au cours de son âge d'or. Les sculptures en argilite continuèrent d'être vendues par le biais d'intermédiaires à des boutiques de souvenirs de Victoria et de Vancouver, mais les valeurs des touristes faisant loi, le prix des mâts en argilite fut fixé en fonction de la dimension, ce qui tua pratiquement chez les artistes la fierté du travail artisanal.

Après la mort des deux derniers artistes de l'âge d'or, Charles Edenshaw en 1924 et John Cross en 1939, Rufus Moody et un certain nombre d'autres personnes firent de leur mieux pour empêcher la tradition de mourir jusqu'à ce qu'une nouvelle génération d'artistes de valeur, dont beaucoup avaient été formés dans des écoles des beaux-arts, ravivent la flamme qui allait redonner vie à l'art haïda à partir des années 1950 et 1960.




VII-B-760 Plateau ovale en argilite avec motif extrêmement fouillé d'un Wasgo, ou Loup-de-la-mer. Celui-ci possède à la fois des jambes et des nageoires ainsi qu'une longue queue de loup qui s'incurve contre son dos. Les fentes en forme de croissant renversé au milieu des yeux et d'autres détails permettent de l'attribuer au sculpteur de Skidegate Tom Price (chef Ninstints).

Acquis avant 1899 pour la collection A. Aaronson.
MCC VII-B-760 (S82-265)





*Bill Reid

*Robert Davidson

*Jim Hart

*La nouvelle
génération
Mort et renaissance du Corbeau

Le monde s'émeut considérablement de l'extinction d'une espèce d'oiseau ou de poisson, et pourtant la disparition d'une culture unique l'affecte beaucoup moins. Peut-être, comme les survivants de la peste noire, nous félicitons-nous de notre propre survie tout en restant indifférents à l'extermination des autres. L'époque de la colonisation a justement été un fléau de ce genre dans l'histoire culturelle de l'humanité. D'innombrables cultures qui avaient survécu, et prospéré, pendant des millénaires dans diverses zones habitées de la terre ont été soudainement balayées par des guerres et des maladies d'une virulence qu'elles n'avaient encore jamais connue. Les Haïdas figurent parmi les victimes de cette extermination physique et culturelle.

Lorsque le premier marin européen aperçut les côtes de Haida Gwaii en 1774, la population haïda était d'environ 12 000 âmes, si l'on compte, en plus des habitants de Haida Gwaii (les îles de la Reine- Charlotte), ceux de l'archipel Prince of Wales. À la fin du siècle, elle avait chuté à moins de cinq cents. Pour la plupart des peuples autochtones du Nouveau Monde, la rencontre avec les Européens s'est soldée par la disparition de 90 p. 100 de leur population. Les Haïdas, eux, ont perdu plus de 95 p. 100 des leurs.

Lorsque j'ai commencé mes recherches dans Haida Gwaii en 1966, on estimait à moins de quarante le nombre de personnes parlant couramment le haïda. Aujourd'hui, grâce à des programmes instaurés dans les écoles, ce nombre a commencé à augmenter, mais reste à savoir si les Haïdas pourront réaliser ce que les Maoris de Nouvelle-Zélande ont accompli avec leur concept de «nids de langue» (groupes interactifs) pour stimuler l'apprentissage de la langue autochtone. Le fait que les Maoris vivent isolés de toute autre population importante et qu'ils représentent plus de 10 p. 100 de la population de Nouvelle-Zélande incite davantage à l'optimisme que dans le cas des Haïdas, qui sont noyés au milieu d'une mer d'anglophones. Même dans leurs propres îles, ils constituent une minorité de la population, mais cela pourrait changer d'ici quelques dizaines d'années.




VII-B-526

Robert Davidson et sa sculpture Corbeau apportant la lumière au monde




La renaissance de la culture haïda est cependant attribuable à un nombre croissant d'artistes. Bill Holm indique que les lignes figuratives de la côte nord-ouest s'apparentent à la calligraphie : au sein de chaque oeuvre, existe une grammaire qui détermine le message de celle-ci. Grâce à une remarquable collaboration entre des anthropologues, des historiens de l'art et la nouvelle génération d'artistes haïdas, cette grammaire a connu une renaissance et a été élargie.



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