Comment organiser une expédition archéologique

Introduction

Dans le nord, on ne trouve pas un Canadian Tire à chaque coin de rue, ni un MacDonald. En fait, on trouve à peine un coin de rue. Les marécages, les orignaux et les maringouins sont à l'ordre du jour. Si on ne planifie pas assez longtemps d'avance, on ne sait pas toujours où on est, on n'a pas tout ce qu'il nous faut, on peut bien ne pas aimer ce qu'on mange, et on peut ne pas avoir l'aide dont on a besoin. Il est donc prudent de tenir compte de tous ces éléments avant de partir en expédition.

Voici quelques conseils qui méritent réflexion quand on est sur le point d'organiser une expédition:

Les permis et autorisations

Chaque province ou juridiction territoriale au Canada exige un permis archéologique ou une autorisation quelconque. Les sites archéologiques ne constituent pas des ressources inépuisables. Les fouilles, qu'on le veuille ou non, entraînent la destruction des sites fouillés. Les systèmes de permis ont été mis en place afin d'assurer que ces ressources soient exploitées avec discernement et que les renseignements qui en découlent soient sauvegardés dans des comptes rendus appropriés et accessibles. Ils prévoient la conservation et l'entreposage des objets à long terme ainsi que l'accès à toutes les données rattachées à chaque site longtemps après qu'un chercheur ait terminé ses travaux.

Il n'est pas difficile d'imaginer que tout ce qui est bureaucratique entraîne une série de questions dont la réponse demandent souvent réflexion. Ainsi pour vous libérer d'un certain scepticisme, jetez un coup d'oeil sur un vrai formulaire de demande de permis pour faire des fouilles archéologiques dans les Territoires du Nord-Ouest. Rappelez-vous que cette demande ne vous fournit rien de plus qu'un simple signe de tête de l'officine gouvernementale. Si votre demande est approuvée, vous demeurez obligé de communiquer avec la communauté la plus proche et l'aviser de vos plans. Vous pouvez aussi avoir besoin d'un permis d'exploitation des sols de la part de l'autorité régionale qui en régit les activités. Si vous avez l'intention d'effectuer des recherches sur des terrains ou territoires privés tels que définis dans la reconnaissance récente des réclamations territoriales, un permis de campement peut aussi être requis.

Les archéologues du Musée canadien des civilisations sont également tenus de solliciter des directives de recherches avant d'entreprendre leur expédition. Essentiellement, notre Directeur nous dit où, quand, comment et pourquoi nous mettre en marche et tirer les billets gagnants!!! En fait, cette démarche est une mesure de protection contre les mésaventures ou les situations susceptibles d'entraîner des réclamations auprès des compagnies d'assurances.

Le personnel de l'équipe

Au moment de choisir les membres d'une équipe archéologique pour oeuvrer dans les régions éloignées du Nord canadien, on doit prendre plusieurs facteurs en considération. Aucun n'est absolument essentiel, mais on ne peut en négliger aucun non plus. Si vous faites un mauvais choix, l'été peut paraître très long!

Quelques considérations:

L'équipement

On doit apporter tout ce dont on a besoin tant pour vivre que pour travailler pendant quelques semaines. Si on néglige ou on oublie quelque chose, cette omission peut coûter cher. Au fil des années, on a établi des listes apparemment sans fin de pièces d'équipement, d'estimés ou de fournitures pour des équipes de différentes tailles et pour des expéditions d'une durée variable. Jetez un coup d'oeil sur une de ces listes. Pensez à ce que vous feriez si vous omettiez quelques-uns de ces articles. Par exemple, à quoi sert une tente de poids léger sans ses perches qui la soutiennent? Ou encore, qui va dormir dedans! Manquer d'essence pour le hors-bord? Aucun problème, on a des avirons! Pas assez de papier toilette??? Où est l'insectifuge???

La nourriture et les fournitures

Les humains peuvent faire face à une variété de situations. Une tente percée peut être réparée ou rapiécée. Une température froide et misérable peut fournir une pause reconfortante et une occasion de flâner au lit. Mais une mauvaise nourriture! On ne peut tolérer çà longtemps!

Au fil des années notre expérience nous a conseillé d'opter pour une nourriture lyophilisée, qui ressemble étrangement à de la nourriture à chien dispendieuse (pourtant délicieuse lorsque préparée avec soin!!!), ou encore pour des sacs à bouillir dont la popularité a récemment beaucoup augmenté (la variété des sac-à- bouillir est en pleine expansion!) ou de plonger dans les ingrédients et passer beaucoup de temps pour réussir des repas décents.

Notre régime alimentaire est souvent enrichi du fruit de nos expéditions de pêche en fin d'après-midi. La plupart des lacs contiennent une grande variété de proies dont les espèces sont recherchées, notamment le grand brochet, le touladi ou truite grise et l'ombre arctique ou poisson-bleu.

L'imagination au service de la cuisine est sans doute un atout. Même en plein air, le pain et parfois les gâteaux ne sont pas hors de portée.


Le transport

Seulement se rendre au Nord représente une dépense énorme. Les billets d'avion entre Ottawa et Edmonton sont plutôt raisonnables, mais entre Edmonton et Inuvik, ce n'est pas une farce. Un plein tarif entre Ottawa et Inuvik, aller et retour, est environ $2,400.00 Can. Avec des rabais, le billet peut être aussi bas que $1,400.00 ou peut-être moins.

D'Inuvik, point de débarquement, le voyage se poursuit en hélicoptère ou, plus souvent, en hydravion. À Inuvik, l'aéronef le plus accessible est le Cessna 185 ou 206. Même si ce sont des avions relativement petits, ils peuvent prendre une bonne charge. Malheureusement une bonne partie de ce que nous apportons avec nous est plus volumineux que lourd. Il faut donc faire plusieurs voyages pour monter un camp. Par exemple, une équipe de 4 s'installant à Vidiitshuu pour un mois peut requérir 5 ou, plus vraisemblablement, 6 voyages aller et retour. À environ $375.00 par voyage, vous avez dépensé de $1,900. à $2,300 avant de pouvoir vous reposer les pieds à la fin de la journée. Ça vous en prendra au moins autant pour vous en sortir.D'Inuvik, point de débarquement, le voyage se poursuit en hélicoptère ou, plus souvent, en hydravion. À Inuvik, l'aéronef le plus accessible est le Cessna 185 ou 206. Même si ce sont des avions relativement petits, ils peuvent prendre une bonne charge. Malheureusement une bonne partie de ce que nous apportons avec nous est plus volumineux que lourd. Il faut donc faire plusieurs voyages pour monter un camp. Par exemple, une équipe de 4 s'installant à Vidiitshuu pour un mois peut requérir 5 ou, plus vraisemblablement, 6 voyages aller et retour. À environ $375.00 par voyage, vous avez dépensé de $1,900. à $2,300 avant de pouvoir vous reposer les pieds à la fin de la journée. Ça vous en prendra au moins autant pour vous en sortir.

Les communications

Parce qu'on travaille dans des régions isolées et que voyager peut être difficile, il est essentiel de compter sur des communications fiables. Heureusement, dans le village de Tuktoyaktuk, le Gouvernement du Canada opère une base pour assurer le bon fonctionnement de l'Étude du plateau continental polaire. L'objectif du "Plateau continental" est d'aider les chercheurs qui oeuvrent dans la région de Beaufort et la radio "sched" est l'un des ses nombreux services. À des moments fixes, habituellement tôt le matin et au début de la soirée, XMH24 Tuk appelle chacun des camps scientifiques qui se trouvent dans la région et s'informe de ses activités. Ces contacts par radio fournissent l'occasion de solliciter des vols nolisés ou de se mettre d'accord sur d'autres arrangements qu'il est avantageux de faire par téléphone. En outre, la radio SSB demeure en opération 24 heures par jour en cas d'urgence.

Néanmoins, il y a des moments où l'activité solaire concentrée réduit ou interfère avec les communications par radio. Dans les dernières années du projet archéologique, on apportait un cellulaire en plus des radios SSBX. Même s'il fallait trouver une colline appropriée pour appeler, une fois qu'on avait réussi à rejoindre la réceptionniste de Tel Nord-Ouest, on pouvait appeler partout et même utiliser notre carte d'appel! Il n'y aucun doute que le progrès technologique conduira à remplacer graduellement le "sched" quotidien du "Plateau" par des appels téléphoniques par satellite qui vont devenir de plus en plus accessibles et de plus en plus sécuritaires, mais qui ne remplaceront jamais "l'événement radio" quotidien.

Les armes à feu.

Dans le nord, chaque équipe se conforme à un rituel obligé dès le campement établi; la pratique des armes à feu. Ce n'est pas tout le monde qui est familier avec la manipulation appropriée et sécuritaire des armes à feu de haut calibre. Cependant, comme on vit dans des milieux naturels où des ours ou des animaux enragés peuvent insister pour faire votre connaissance, chacun doit au moins être familier avec l'usage sécuritaire des armes à feu, et plus important, chacun doit être prêt à les utiliser en cas de besoin. Même si nous sommes des intrus dans ce milieu et que nos camps peuvent émettre des odeurs invitantes, chacun doit être en mesure de protéger sa vie et sa propriété. De telles situations sont loin d'être fréquentes, mais elles se produisent. Pour acquérir ou même pour emprunter une arme à feu au Canada, une personne doit d'abord avoir un Autorisation d'acquisition d'arme à feu qu'on obtient du département de police de l'endroit qui fait d'abord une enquête pour connaître les antécédents du candidat. Quoiqu'on apporte habituellement des carabines de haut calibre, on utilise beaucoup des fusils de calibre 12 tirant une seule balle ou de la chevrotine.

Les premiers soins et les urgences

Quel que soit l'endroit où on fouille, une bonne connaissance des premiers soins est obligatoire et peut faire toute la différence entre une guérison rapide et une invalidité prolongée. Dans certains cas, c'est la différence entre la vie et la mort. En plus d'une bonne connaissance des premiers soins, qui devrait inclure la Réanimation cardio-pulmonaire (RCP), les manuels de premiers soins et une trousse bien fournie de premiers soins sont essentiels.