QUE LA LUMIÈRE FUT... (transcription textuelle) Montage et direction: Lori J. Schroeder Rédaction et production: Jean-Luc Pilon Une production du Musée canadien des Civilisations, Hull, Québec. Mars, 1994 1-1 Narrateur: Le Grand Nord canadien; une terre d'une immense beauté, fragile, mais néanmoins éternelle, qui détient des secrets profondément enfouis dans son sein, qui inspire et impose le respect. 1-2 Narrateur: Le temps a conçu des rêves dorés. Le mer de Beaufort et son littoral recèlent d'immenses gisements de pétrole et de gaz naturel. Mais, d'un commun accord, les résidents ont protesté contre les projets de construction de pipelines, d'autoroutes et de voies maritimes pour les navires-citernes. (pause, bruit de fond) Avec raison, on a donné suite à leurs cris de protestation. 1-3 Le juge Thomas Berger: Qu'on le comprenne bien! L'opinion des blancs exprimant le bien des Autochtones est importante; l'opinion des spécialistes en sciences sociales exprimant le bien des Autochtones est importante; la plus importante est l'opinion exprimée par les Autochtones eux-mêmes au cours d'audiences publiques tenues justement pour savoir ce qu'ils pensaient. Pour qu'on puisse enfin le savoir! 2-2 Narrateur: De ces discussions est née la Commission d'évaluation environnementale de la mer de Beaufort, qui recommanda le financement d'un projet de recherche à long terme. Le PIPGN, ou Programme d'initiatives pétrolières et gazières dans le Nord, devait nous renseigner sur les risques éventuels des projets de développement de grande envergure. 2-3 Narrateur: (musique de fond) Cette recherche aurait d'abord lieu dans la partie inférieure de la vallée du Mackenzie et le long du littoral canadien de la mer de Beaufort. Au début, la recherche se faisait aussi dans le détroit de Lancaster, emplacement d'une éventuelle voie maritime pour navires-citernes. 3-2 Narrateur: La recherche archéologique menée dans d'autres parties du Nord a prouvé que les vestiges du passé, enfouis depuis des milliers d'années, sont assez difficiles à trouver, encore plus à comprendre. 3-3c Narrateur: Il a été convenu que les agences responsables du patrimoine archéologique au sein de chacune de ces administrations s'occuperaient, compte tenu de leurs forces et de leurs orientations respectives, des activités prévues dans les régions visées par le PIPGN. C'est ainsi que le Centre du patrimoine septentrional Prince de Galles à Yellowknife a offert à la population locale des séances de formation sur les méthodes de fouilles archéologiques et les techniques de cueillette de l'Histoire orale. 4-1 Chuck Arnold: À notre avis, c'était notre devoir d'intéresser la population du Nord. En offrant aux gens d'ici la chance d'acquérir une formation appropriée, on leur permettait de participer à des projets archéologiques et, plus tard, de mener des recherches sur l'Histoire orale. Nous le savons très bien. Notre but ne consistait pas à former des archéologues mais à doter les gens d'outils susceptibles de les aider à faire des recherches archéologiques et aussi à accomplir d'autres tâches. Après avoir suivi les cours de formation en archéologie, ces personnes auraient très bien pu travailler dans d'autres domaines de recherche, par exemple, en biologie, en ressources renouvelables ou en géologie. Nous menons des études archéologiques depuis déjà huit ans dans la région du PIPGN. Nous avons formé quelques 30 ou 32 personnes qui ne venaient pas toutes de la même région. Bien sûr, la majorité d'entre elles venaient de la région où sont situés les sites archéologiques. Par exemple, quand nous travaillions dans les environs immédiats du delta, la plupart des personnes venaient de Tuktoyaktuk, d'Inuvik, d'Aklavik. Et lorsque nous travaillions dans la vallée du Mackenzie, elles venaient de Fort Norman, de Fort Franklin, de Norman Wells, dans ces environs-là. Mais nous avons également essayé d'attirer des gens venant de plus loin. 5-1 Elisa Hart: Quant aux méthodes, il faut distinguer entre l'Histoire orale et les traditions orales. L'histoire orale relate l'Histoire de quelqu'un ou l'histoire d'un peuple. Les traditions orales font plutôt référence à des aspects précis de la vie traditionnelle. Une partie très importante de ce projet consistait à identifier les tâches qui, dans la recherche archéologique, ne s'appliquaient pas seulement aux fouilles ni aux reconnaissances. Je crois que les gens sont plus intéressés à participer à des recherches archéologiques de longue haleine s'ils jouissent de plus d'indépendance. Et s'ils peuvent suivre une formation leur apprenant à s'occuper d'un projet archéologique tout en enregistrant la traditon orale, ils sont d'autant plus encouragés à la suivre. 6-1 Narrateur: Au Yukon, la Direction du patrimoine a jugé bon de privilégié la recherche des vestiges historiques de la région côtière du Yukon. En plus de documenter les vestiges historiques des Inuvialuit et des Européens dans le nord du Yukon, la Direction a concentré ses activités sur la pittoresque île Herschel, au large de la côte. 7-2 Jean-Luc Pilon: Avant de participer au PIPGN, la Commission archéologique du Canada faisait déjà des recherches dans le Grand Nord canadien. On comptait de nombreux archéologues qui travaillaient dans les Territoires du Nord-Ouest et au Yukon. On s'occupait également d'archéologie de sauvetage; c'est-à-dire que lorsque qu'il y avait des besoins urgents de fouilles dans un site menacé par des développements, on intervenait. En 1985, le président actuel du Projet archéologique de sauvetage, Jacques Cinq-Mars, à vrai dire l'initiateur des soumissions et du projet, a dirigé le programme et embauché deux archéologues, un spécialiste du subarctique, moi-même, et Raymond LeBlanc, un spécialiste de l'Arctique. Nous sommes donc venus pour commencer à organiser la recherche dans les régions du PIPGN. Nous avions également une adjointe à la recherche, Jane Dale, et une secrétaire pour nous prêter main forte. 8-4 Narrateur: Le premier volet consistait à repérer autant de nouveaux sites archéologiques que possible à l'intérieur de certaines zones. La reconnaissance de sites archéologiques est la recherche d'endroits où ont eu lieu diverses activités humaines dans le passé. Mais ce n'est pas tout le temps évident, car beaucoup d'objets laissés derrière, il y a de cela des siècles, ont disparu avec le passage des années, ou sont profondément enfouis dans le sol. (pause) 10-2 Pat Sutherland: Après avoir pris et développé les photos aériennes, le travail d'interprétation commence. On indique et enregistre le nombre de sites archéologiques, leur genre - c'est-à-dire des campements ou des villages hivernaux; l'affinité culturelle éventuelle de ces sites - font-ils partie de la culture dorsetienne ou thuléenne; on enregistre le nombre et le genre de caractéristiques contenues dans chaque site apparaissant dans les photos. Et finalement, ce travail se faisait en utilisant des transparents de couleur, on identifiait des caractères géomorphologiques, soit des éléments du paysage comme une rivière, un delta, des plages surélevées, et on essayait de faire le lien entre ces éléments de paysage et les sites archéologiques de façon à pouvoir peut-être prévoir où se situent les sites archéologiques et utiliser ces renseignements lors de futures reconnaissances destinées à localiser des sites. Par contre, le projet pilote n'a pas permis de conclure que les photographies aériennes prises à basse altitude offraient plus d'avantages que la reconnaissance par méthodes conventionnelles, soit à pied ou en hélicoptère, quant à l'enregistrement réel du nombre de sites. Toutefois, cette méthode offre certains avantages précis; par exemple, elle nous procure un enregistrement visuel permanent de sites archéologiques, et nous permet de repérer avec plus de précision les sites archéologiques. 11-1 Narrateur: Les études sur la faune ont permis d'identifier les régions qui auraient attiré des chasseurs et des pêcheurs. Dans de nombreux cas, ces renseignements n'étaient pas aussi précis qu'on l'aurait voulu ni aussi diversifiés qu'on l'aurait souhaité. (chants de fond) Des connaissances traditionnelles ont également été tirées des premiers comptes rendus des commerçants, des marchands, des missionnaires et des anthropologues. 12-2 Ingrid Kritsch: Les gens vivaient des deux côtés du ruisseau. 12-3 Narrateur: Qui de mieux placés pour nous parler de la nature et de la meilleure façon d'en tirer profit? Les ainés ont fait part de l'expérience de leur vie au cours de conversations anodines ou de façon systématique dans le cadre de projets dirigés; des connaissances venant non seulement de nombreuses années d'apprentissage, mais également de la richesse de l'information sur la nature et ses ressources, transmise de génération en génération. 14-2b Narrateur: Les équipes faisant des reconnaissance à l'aide d'hélicoptères partageaient la base de l'Étude du plateau continental polaire située à Tuktoyaktuk d'où elles pouvaient passer de grandes journées à étudier le terrain du haut des airs. 14-3 L'hélicoptère enrichit l'observation, car il nous offre la perspective d'ensemble dont on a besoin avant d'entreprendre une étude au sol ou par bateau, qu'importe. À bord d'un hélicoptère, on peut mieux constater la configuration du terrain que lorsqu'on est au sol. On peut, du haut des airs, reconnaître des objets récents, c'est-à- dire, des éléments qui font partie du site archéologique, en fait des objets comme des parties de traîneau, de kayak, ce genre d'objet. C'est un peu plus difficile quand on a affaire à des objets plus anciens. Cependant, s'il y a des structures qui appartiennent au début de la préhistoire, comme des foyers ou des cercles de tente, on peut habituellement, à partir d'une altitude relativement basse, les repérer, en autant qu'il n'y ait pas beaucoup de végétation dans la région. 15-1 Narrateur: Mais différents peuples ont laissé différentes traces, souvent moins évidentes, de leur passage. Bien que du haut des airs on puisse voir certains vestiges de maison, d'autres sites n'offrent rien de plus que quelques petits éclats de pierre provenant de la fabrication d'outils, et à l'occasion, certains de ces outils. La seule façon de localiser ces sites était d'atterrir dans des endroits prometteurs, d'étudier attentivement la surface du sol, et de creuser des puits de sondage pour découvrir des objets enfouis. Même si on n'a fait que quelques trouvailles, les renseignements ainsi recueillis étaient très précieux. 16-1 Narrateur: Au sud du littoral de la mer de Beaufort, les arbres voilent la surface du sol et rendent difficile la localisation des sites. On a donc été obligé de modifier les méthodes d'étude archéologique. (pause, bruit de fond, atterrissage d'un avion) 16-2 Narrateur: Les hydravions servaient de bêtes de somme, transportant les archéologues et leur équipement de lac en lac. (pause) 16-3 Narrateur: On installait des campements qui servaient de points de départ aux archéologues pour se rendre, à bord de bateaux gonflables, à différents points de la rive. Et ce n'est qu'à partir de ces endroits qu'ils pouvaient marcher jusqu'aux sites éventuels. (pause) 16-4 Narrateur: On trouvait parfois des traces de vie antérieure à la surface, tout comme sur le littoral, mais plus souvent qu'autrement, elles étaient enfouies sous la mince couche du sol subarctique. 16-5 Narrateur (musique de fond): Au cours des cinquante années qui ont précédé la mise sur pied du PIPGN, très peu de sites avaient été découverts dans cette région, dont seulement un avait fait l'objet d'une étude approfondie. Après quatre saisons de fouilles par l'équipe du projet archéologique du PIPGN, le nombre de nouveaux sites s'élève à plus de 100. 17-1 Narrateur: Un examen minutieux des petites collections d'objets trouvés au cours des reconnaissances a permis aux archéologues d'identifier les sites susceptibles de nous renseigner sur des périodes peu connues ou totalement inconnues du passé. Même si les reconnaissances archéologiques se sont poursuivies, l'analyse et les fouilles de sites est devenu l'objectif central de la deuxième phase du programme. 17-2a Narrateur: Les fouilles archéologiques représentent un travail très laborieux. L'intuition, fruit de nombreuses années d'expérience, joue un rôle important quant au choix de l'endroit précis où on commence la fouille d'un site. Mais rien ne surpasse l'exploration préliminaire, c'est-à-dire la fouille de petits puits appelés sondages, pour nous livrer des indices qui guident notre choix. 17-3 Narrateur: Les objets abandonnés sont très importants. Ils servent à indiquer comment les gens réglaient bon nombre de problèmes quotidiens; comment ils fabriquaient certains objets de la vie de tous les jours comme les couteaux et les têtes de flèche. Ils nous fournissent également des indices sur la culture de leurs utilisateurs. Mais un archéologue a également besoin d'autres renseignements, moins évidents. 18-1a Narrateur: En étudiant les couches du sol qui contiennent des objets, l'archéologue peut avoir une idée du nombre de fois que les gens se rendaient à une localité quelconque et des conditions de l'environnement local de l'époque. En analysant et en comparant avec les os d'animaux connus les os d'animaux abandonnés par les occupants du site, l'archéologue peut être en mesure de savoir pendant quelle saison le camp était occupé et peut-être également quelles étaient les techniques de chasse utilisées. 18-1b Narrateur: En recueillant avec précaution des échantillons de charbon pour la datation au C14, on peut évoquer l'époque d'utilisation réelle d'un site en particulier et la durée de certaines traditions culturelles. 18-2 Narrateur: Depuis 1985, soit depuis le début des activités de terrain du PIPGN, des centaines de nouveaux sites ont été découverts, des douzaines ont été sondés et des fouilles ont été effectuées sur bon nombre d'entre eux. Cette mine de renseignements permet aux archéologues d'envisager une évolution locale des évènements au lieu de supposer des ressemblances avec des cultures archéologiques qui se trouvent à des centaines de kilomètres. 19-1a Narrateur: Beaucoup de nouveaux renseignements sont venus s'ajouter à l'histoire de ces régions. Dans certains cas, des chapitres entiers ont été réécrits. Dans d'autres, des détails bien documentés viennent maintenant enrichir l'image autrefois pâle et floue qu'on avait de ces régions. 19-2a Narrateur: (bateau) Les Inuvialuit devaient leur vitalité et leur culture à la chasse automnale des bélugas qui avait lieu chaque année dans l'embouchure de la Branche Est du fleuve Mackenzie. 20-1 David Morrison: Nous savions qu'il y avait de grands villages comme Kitigazuit; les explorateurs les avaient vus; les livres de Nuligak en font également mention. Je connais également des compte-rendus de l'histoire orale sur ce genre d'emplacement. D'une façon, ce genre de site figurait parmi les plus attrayants et les plus importants. Un village comme Kitigazuit était un vrai village. Mille personnes y vivaient pendant la chasse de juillet. C'était probablement le plus grand établissement de tout l'Arctique canadien en 1850 ou 1750 ou 1650. On y a vécu pendant des centaines d'années. Donc, c'est très facile de comprendre pourquoi c'était un centre. Par contre, du moins dans le cas des non- Inuvialuit, on ne savait presque rien des autres activités des Inuvialuit. Cependant, ce que nous comprenons principalement c'est que les sites comme Kitigazuit ne représentent pas la totalité des activités estivales des Inuvialuit. Nous trouvons des sites situés à l'intérieur des terres, près des lacs Husky, qui indiquent qu'un très grand nombre de personnes se déplaçaient vers l'intérieur et vivaient de caribou, plus ou moins toute l'année. Donc, ce que nous constatons aujourd'hui, c'est que les événements relatés dans l'histoire orale correspondent très bien aux explications des archéologues. Les deux se complètent plutôt assez bien. Et nous constatons des faits qui justifient les dires des aînés, et, en même temps, ce que les aînés nous racontent nous aide à comprendre le fruit de nos fouilles. 21-1a Narrateur: Au sud des lacs Eskimo se trouvent les terres traditionnelles des Gwychia Gwicn'in. Sur le plan archéologique, on ne connaissait quasiment rien de ce peuple déné, qui aujourd'hui vit dans la petite communauté d'Arctic Red River. 21-1b Narrateur: Au cours de ses enquêtes, le docteur Jean-Luc Pilon du PIPGN a fait la découverte de nombreuses dépressions mesurant environ 2 mètres de long sur 1 mètre de large et 50 centimètres de profondeur. Il en a conclu que ces dépressions n'étaient que de simples caches dans lesquelles on entreposait le poisson qui servait de nourriture aux chiens, ce qu'on fait encore aujourd'hui. Mais en y faisant des fouilles, on s'est rendu compte que ce n'était pas le cas. 21-2 Jean-Luc Pilon: Au cours des travaux effectués au sud-ouest de la plaine du fleuve Anderson, nous avons découvert plus de 50 structures ou fosses de maisons semi-souterraines. En surface, plusieurs caractéristiques sautent aux yeux et se répètent dans plusieurs cas. On en compte deux principales. La première est sans contredit la fosse ou la dépression centrale. Les dimensions varient de 2 à 3 mètres de long et de 1 à 1,5 mètre de large. Au cours de nos fouilles, nous avons constaté que les gens creusaient au moins 1 mètre profondeur. La deuxième caractéristique de ces maisons semi- souterraines est le bourrelet de sable qui entoure la maison. Nous en trouvons parfois aux extrémités, mais de façon beaucoup moins prononcée. Ce bourrelet peut mesurer entre 10 et 20 centimètres d'épaisseur et, dans certains cas, jusqu'à 1 mètre. Ce sable recouvre les vestiges du toit, qui est fabriqué de perches posées très près les unes des autres, et parallèles à la longueur du creux. Le tout s'est depuis affaissé et plus souvent qu'autrement a rempli une partie du creux. C'est pourquoi elles ne ressemblent pas beaucoup aux maisons qu'habitaient les gens à cette époque. ... La répétition de ces ensembles constitués d'un bourrelet de sable recouvrant des perches parallèles à un creux central et un foyer situé à l'extrémité nous permettent de croire qu'il s'agit de maisons, et vraisemblement, de maisons d'hiver. 22-1 Narrateur: Pour vérifier la véracité de son interprétation, le Dr. Pilon a construit une version réduite d'une maison semi- souterraine à partir du témoignage archéologique qu'il avait recueilli. 23-1 Jean-Luc Pilon: Cette reconstruction devait comprendre trois éléments. Tout d'abord, nous savions qu'il y avait une fosse à l'intérieur de la maison. Nous en avons donc creusé une. En fait, cette fosse faisait partie de l'intérieur de la maison, mais ne constituait pas la maison comme telle. C'est un autre élément à retenir. Les perches trouvées sur les sites archéologiques couvraient une surface beaucoup plus grande que la fosse elle-même. Un autre élément important concernait le bourrelet de terre qu'on trouvait à chaque côté de la dépression, terre qui recouvrait également les perches du toit effondré. Donc, pour reconstruire cette maison, nous avons installé une armature triangulaire aux extrémités de la dépression, ou de la fosse, et nous avons placé les perches parallèles les unes aux autres sur ces armatures triangulaires. Nous avons rempli l'espace entre les perches avec de la mousse. En dernier lieu, nous avons pris la terre venant de la fosse et nous l'avons jetée sur la mousse. Ainsi, le toit était très bien isolé. 24-1b Narrateur: Ils ont recueillis des renseignements concernant plusieurs cultures archéologiques le long de la péninsule de Tuktoyaktuk, de l'île Richards et dans la région de la péninsule de Cape Bathurst, des cultures qui remontent à plusieurs millénaires. 24-1c Narrateur: Parfois, les objets abandonnés par ces groupes pouvaient facilement se comparer à des objets semblables trouvés dans d'autres parties de l'Arctique. En d'autres occasions, il ne faisait aucun doute que de solides liens avaient existé avec des groupes vivant plus au sud, en plein milieu de la forêt. Ceci confirme ce que les géologues et les botanistes savaient déjà: à savoir, que la limite forestière s'est considérablement déplacée au cours des millénaires qui ont suivi la disparition des glaciers. En fait, la péninsule de Tuktoyaktuk a déjà été complètement recouverte d'épinettes. D'après les témoignages archéologiques, il est évident qu'aucun groupe en particulier n'a dominé à lui seul ces terres. 25-1 Narrateur: Le temps et les conditions atmosphériques ont changé; les occupants ont dû s'accommoder, s'ajuster . 25-3 Narrateur: Nous comprenons mieux où et pourquoi les gens établissaient leurs campements. Nous trouvons, dans des endroits où la pêche était bonne, comme à l'embouchure de la rivière Arctic Red, des signes de réutilisation des sites qui remontent à plus de 1 400 ans. 25-5 Narrateur: De simples expériences nous ont aidé à mieux comprendre l'utilisation de certains des objets les plus courants. Par exemple, on a trouvé, dans beaucoup de sites, des centaines de roches de la grosseur du poing, fêlées et brisées par suite de leur utilisation pour amener l'eau à ébullition. 26-1 Narrateur: Les chercheurs ont tenté, à l'aide de roches chauffées par le feu, de faire bouillir l'eau contenue dans un seau et ils en ont conclu qu'il a fallu faire chauffer les roches à maintes reprises pour obtenir ces grandes quantités de roches fendues. On peut se servir de ces renseignements précieux comme jalon pour évaluer le temps d'utilisation d'un camp. (pause) 27-1 Jean-Luc Pilon: L'étape la plus intéressante est celle où nous regroupons les différents genres de renseignements trouvés sur des cartes afin d'identifier des points communs. La raison de cet exercice est très simple, nous ne pouvons pas entreprendre des recherches archéologiques partout. Mais nous devons tenter de minimiser la destruction des ressources qui s'y trouvent. Les gens ne vivaient pas n'importe où, ni partout. ... C'est certainement beaucoup plus facile et beaucoup plus économique de dresser des cartes de paysage en utilisant des photos aériennes plutôt qu'en menant une reconnaissance archéologique sur le terrain. 28-1b Narrateur: Ces renseignements pourraient également fournir un point de référence à partir duquel le gestionnaire des terres et les futurs archéologues travaillant dans ces régions pourraient évaluer l'importance des sites découverts lors de travaux de développement. (conversation en bruit de fond) 28-2 Narrateur: Ces renseignements permettront aux planificateurs de repérer les endroits où pourraient se trouver des sites archéologiques et leur offrir également différents choix afin de réduire au maximum les conséquences fâcheuses de décisions inévitables. 28-3 Narrateur: Le projet archéologique du PIPGN du Musée canadien des civilisations, de concert avec les Territoires du Nord-Ouest et le Yukon, on soulevé de nombreuses questions qui vont au-delà de la communauté archéologique et de ses problèmes d'ordre scientifique. En défendant un objectif de gestion des terres, ils ont poursuivi le but préalablement défini par la Commission chargée de l'évaluation et de l'examen de l'environnement de la mer de Beaufort. Ils ont également tenté de s'inspirer de l'esprit des interventions qui se sont fait entendre au cours de l'enquête Berger, en se renseignant davantage sur un patrimoine qui a disparu de la surface, mais qui est quand même précieux pour les gens dont les ancêtres ont foulé ce sol...un patrimoine sans prix. 29-2 Willard Hagen: L'archéologie est un domaine qui a toujours joué un rôle lors des négociations des revendications territoriales. Nous avons toujours dû en tenir compte et la garder à l'esprit, car les aînés nous le demandaient. Et nous allons continuer dans la même voie. 29-3 William Gruben: Ils parlent d'une réserve de sites éventuels en cas de déversement accidentel de pétrole. Je parle dans une perspective de plusieurs années.