Care of Raymonde (Aux soins de Raymonde)
Care of Raymonde (détail), 1997
(Aux soins de Raymonde)
Épreuves argentines, carton, encres, timbres
Prêt de l'artiste. Avec l'appui du Conseil des Arts du Canada
(Photo : Harry Foster  © Société du Musée canadien des civilisations)



«J'avais envie de raconter une histoire, presque une biographie. [...]

Les cartes postales, c'est ce qu'envoient les gens quand ils visitent un endroit. Je pense que tous les immigrants ressentent ça, cette non-permanence. Parfois, les gens n'acceptent pas l'idée d'être ici de façon permanente, ils la nient : c'est une forme d'espoir, l'espoir d'avoir le choix de rentrer.»


Extraits d'une entrevue avec l'artiste




Rawi Hage est né en 1964 à Beyrouth, dans une famille qui en 1978 s'exilera temporairement à Chypre pour fuir la guerre civile. À l'âge de 18 ans, il quitte à nouveau le Liban, mais cette fois pour New York où il résidera pendant neuf ans. À la fin de ce séjour aux États-Unis, il entreprend des études en photographie au New York Institute of Photography. En 1991, il émigre à Montréal, où il obtient un diplôme en arts du College Dawson, puis un baccalauréat en arts plastiques de l'université Concordia.

Rawi Hage
Rawi Hage, Montréal, Québec, 1999
Camille Zakharia
Procédé numérique Iris
Collection du Musée canadien des civilisations

C'est à cette époque qu'un de ses professeurs, Raymonde April, l'amène à voir la photographie comme un médium qui peut devenir très agressif, très injuste [...] au niveau documentaire, parce que facilement manipulable par les médias. Hage combat cet effet pernicieux en situant ses photos – qui traitent principalement de l'immigration, de la guerre et du racisme – dans des contextes fictifs où plusieurs voix s'interpellent. Un peu comme Vermeer métamorphosant, par son art, les images d'une camera obscura, il transforme ses photographies de manière à les rendre impropres à la consommation rapide ou au sensationnalisme.

Care of Raymonde (Aux soins de Raymonde)
Care of Raymonde, 1997
(Aux soins de Raymonde)
Épreuves argentines, carton, encres, timbres
Prêt de l'artiste. Avec l'appui du Conseil des Arts du Canada
(Photo : Harry Foster  © Société du Musée canadien des civilisations)


Dans son œuvre «Care of Raymond e» (Aux soins de Raymonde), par exemple, non seulement Rawi Hage transforme ses photos en cartes postales qu'il envoie à April, mais il en fait le support d'un récit imaginaire sur le thème de l'exil : À certains moments, les images sont le reflet de souvenirs et d'une existence antérieure. À d'autres, les messages écrits rendent compte du présent tel qu'il est vécu ou d'une nostalgie du passé. De la sorte, il crée un territoire ambigu, un espace indéfini entre la fiction et la réalité – un paradoxe, un miroir reflétant la situation d'un personnage pris entre deux existences, c'est-à-dire au moins entre deux lieux, deux cultures.

Rawi Hage a participé à des expositions solos et collectives au Canada, au Liban, en France et en Colombie. Le Musée canadien des civilisations et le Musée de la civilisation de Québec ont acquis certaines de ses œuvres.