Expression tirée de la culture populaire arabe, 'Pas de vente à crédit; ne m'en voulez pas; Dieu subvient aux besoins de tout le monde.'
Expression tirée de la culture populaire arabe, «Pas de vente à crédit; ne m'en voulez pas; Dieu subvient aux besoins de tout le monde.», 1995
Techniques mixtes sur tuile vinylique
Collection du Musée canadien des civilisations
(Photo : Harry Foster  © Société du Musée canadien des civilisations)



«Pour certaines de mes œuvres, je trouve mes idées en étudiant les proverbes, les maximes et les dictons arabes, ceux que je connais et ceux dont je me souviens. [...]

J'utilise l'écriture dans un style populaire, en intégrant les inscriptions que je voyais autrefois sur les voitures, les murs, les vitrines et les motocyclettes. Je ne veux pas les écrire en diwâni ou en koufi, ni dans aucune autre calligraphie stylisée, parce que ça semblerait artificiel.»

«On peut tout faire avec les lettres arabes, on peut les faire sauter, on peut les faire danser, on peut même les faire chanter!»


Extraits d'entrevues avec l'artiste




Mi-Kurde mi-Kazakh, Shwan voit le jour dans une ville du sud de l'Irak, en 1955. Jeune, il désire ardemment apprendre à peindre, mais son refus d'adhérer au parti unique de son pays lui ferme les portes des écoles d'art. Il se rend donc en Italie, en 1977, et obtient un diplôme de l'Académie des beaux-arts de Pérouse, en 1982. Un statut précaire et la crainte d'être renvoyé en Irak l'incitent à émigrer au Canada où, lui dit-on, le niveau de vie est élevé. Il arrive à Edmonton en 1983, mais préfère s'établir à Toronto, où le milieu artistique lui semble plus dynamique.

Shwan
Shwan, North York, Ontario, 1999
Camille Zakharia
Procédé numérique Iris
Collection du Musée canadien des civilisations


Durant ses années d'études en Italie, il est attiré par plusieurs artistes, notamment Bori, Tapiés et Miró, auxquels s'ajouteront les peintres abstraits américains du groupe Action Painting et Willem de Kooning. Désireux d'innover, il copie systématiquement les œuvres qu'il admire pour en percer les secrets. Audacieux, il utilise des matériaux et des supports inhabituels comme le café, le vin, le vernis à ongles, la tuile de vinyle, le papier photographique et invente de nouvelles techniques. Il développe essentiellement deux approches picturales: l'une, plus esthétique, où il est particulièrement attentif à la composition du tableau, et l'autre, plus ludique, où il s'inspire de la culture populaire arabe.

Expression tirée de la culture populaire arabe, «Un amoureux vous quitte, et mille autres se présentent»
Expression tirée de la culture populaire arabe, «Un amoureux vous quitte, et mille autres se présentent», 1996
Techniques mixtes sur papier
Collection du Musée canadien des civilisations
(Photo : Harry Foster  © Société du Musée canadien des civilisations)


Dans ce dernier cas, il rassemble des motifs et des symboles, mais également des dictons ou des énoncés tels que «L'œil de l'envieux ne prédomine pas», «Ne me suivez pas, je suis fiancée» qui rappellent des scènes de la vie quotidienne moyen-orientale, l'ambiance qui règne dans les quartiers populaires, les inscriptions que l'on voit sur les taxis, les bus et les motocyclettes et qui incitent les passants à sourire. Ne s'astreignant ni aux règles de la calligraphie arabe traditionnelle ou moderne, ni à celles de la peinture classique, il fait joyeusement danser les lettres et les couleurs jusque sur le cadre du tableau.

Shwan compte à son actif une cinquantaine d'expositions solos et collectives présentées notamment en Italie, au Canada et aux États-Unis. Plusieurs de ses œuvres font partie de la collection du Musée canadien des civilisations.