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Séquence
panoramique
(QTVR) |
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Vous souvenez-vous de la nourriture de l'espace? C'était
à la fin des années 1960, à l'époque
d'Apollo, des premiers pas sur la Lune. La modernité
semblait propulsée vers des années-lumière de
progrès, abattant l'une après l'autre les limites du
pensable. On nous prédisait alors que les pilules et les
sachets des astronautes constitueraient notre alimentation future.
La science proclamait que l'essentiel - protéines, vitamines,
minéraux - y figurait. C'était aussi l'époque
du fast food
triomphant. S'alimenter devenait presque du
temps perdu.
Vous souvenez-vous combien les traditions culinaires des immigrants
italiens nous semblaient alors dépassées? Faire
des pâtes à la main, farcir des olives à la
manière d'Ascoli Piceno, apprêter des fleurs de
courgettes à la sicilienne, tout cela prenait tellement
de temps - sans compter toutes ces règles qu'il fallait
respecter, disait-on, pour obtenir le
goût
recherché : utiliser des cuillères en bois, des
casseroles en terre cuite, un mortier plutôt qu'un robot.
Vivement la modernité!
Mais ces immigrants et leurs traditions étaient-ils
si anachroniques? Ne nous proposaient-ils pas plutôt une
autre façon d'être moderne : modérément,
sans partir pour la Lune, en établissant certaines limites
au changement pour que le monde demeure humain? Après
plusieurs décennies, nous sommes aujourd'hui nombreux à
penser ainsi et, comme eux, à retrouver, à
préserver ou à réinventer une
culture des saveurs
et du plaisir de manger.
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