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Si vous habitiez un village perché au sommet d'une colline,
typique du Sud de l'Italie des années 1950, votre retour des
champs à la maison serait fait de montées et de descentes,
de coudes et de marches à gravir. Constamment ralenti, vous ne
pourriez aller vite. Mais cela vous laisserait le
temps
de saluer des parents, de vous arrêter pour parler à vos
amis, de regarder vos enfants jouer - autant de
rencontres
et de paroles échangées. Votre parcours serait d'ailleurs
à l'image de toute l'année où les activités
économiques seraient interrompues par de nombreuses fêtes
religieuses ou profanes, ou par des célébrations
liées au travail, lors des récoltes, du battage du
blé ou de l'abattage du cochon.
Attirés par les villes canadiennes quadrillées de
larges rues et de boulevards, les immigrants italiens ont été
comme nous, fascinés par les avantages de la
vitesse,
par les déplacements rapides qui permettent d'obtenir de tout
immédiatement. Mais ils n'ont pas oublié les haltes qui
jalonnaient leurs vies en Italie. On peut se demander si leurs
cafés, leurs terrasses, les parcs où ils jouent aux
bocce et les quartiers qu'ils sillonnent de leurs processions,
n'ont pas été autant de façons de reconstruire
les ruelles tortueuses de leurs villages. Si tout ça n'a pas
été une ruse pour
ralentir
nos pas pressés et impatients, pour nous inviter à nous
réapproprier un peu de temps afin de parler aux autres, de les
écouter et ainsi, peut-être, de tisser les liens d'une
communauté.
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