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Peuples et connaissance du Nord - 
Expédition canadienne dans l'Arctique (1913-1918)
Les gens de l'Expédition canadienne dans l'Arctique
Équipe nord | Équipe sud | Le Karluk
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Équipe nord

Scientifiques et chefs :

Storker Teodor Storkerson
(La présente biographie a été rédigée par Jette Elsebeth Ashlee)
Storker Teodor Storkersen mène une vie marquée par le triomphe et la tragédie. Né en 1883 en Norvège arctique, Storkersen s'enrôle comme matelot dans la marine marchande à l'âge de 16 ans. À Victoria, en 1906, il rencontre l'explorateur danois Ejnar Mikkelsen et le géologue américain Ernest de Koven Leffingwell qui planifient une expédition dans la mer de Beaufort. Storkersen les rejoint dans le cadre de « L'Expédition polaire anglo-américaine » qui se situe sur la carte sur le plateau continental au nord de l'Alaska. Vilhjalmur Stefansson est également membre de cette expédition. Lorsque Stefansson retourne avec R. M. Anderson dans le cadre de l'expédition Stefansson-Anderson de 1908-1912, Storkersen les aide à diriger les petits sloops remplis de provisions et d'équipement.

En 1910, à l'île Herschel, Storkersen épouse Uiniq, ou Elvina (1895?-1931), son nom anglais, la première-née de l'union entre Klengenberg du Danemark et Kemnik de l'Alaska. Ils vivent au bord du delta du fleuve Mackenzie jusqu'en février 1914 lorsque Stefansson, alors chef de l'Expédition canadienne dans l'Arctique (1913-1918) recrute une nouvelle équipe nord après avoir perdu ses hommes et son équipement lors du naufrage de son navire amiral, le Karluk. Storkersen est engagé par Stefansson ainsi qu'Uiniq qui travaille comme couturière pour l'Expédition.

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MCC CD96-663-027

Storker Storkersen, debout les mains sur les hanches, en gilet de corps, pantalon et bottes, sur la grève rocheuse, probablement le camp Polar Bear au sud de pointe Armstrong, nord-ouest de l'île Victoria, T.-N.O. Le 2 juin 1916. GHW 51679. Source : Musée canadien des civilisations


Storkersen s'est distingué au cours de l'Expédition canadienne dans l'Arctique, l'un des derniers grands voyages de découverte ayant eu lieu sans radiocommunication ou sans transport aérien. En 1914 et en 1915, Storkersen explore la mer de Beaufort avec Stefansson et Ole Andreasen. Ils ne découvrent aucune terre en 1914, mais, en 1915 et en 1916, ils trouvent quatre îles, inconnues jusqu'à ce jour, au nord de l'île Prince Patrick. Storkersen termine presque la cartographie de la côte nord de l'île Victoria lors de ses voyages de 1915 et de 1917, réalise les premiers sondages hydrographiques sur des banquises et trace le plateau continental entre l'Alaska et l'archipel arctique. Lorsque Stefansson tombe malade en 1918, Storkersen dirige la dernière excursion sur les glaces qui met fin à l'Expédition.

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MCC CD2001-250-026

Storker Storkersen, sa femme Elvina, et leurs filles Martina et Aida au camp Polar Bear, pointe Armstrong, nord-ouest de l'île Victoria, T.N.-O. Le 1er juin 1916. GHW 51180. Source : Musée canadien des civilisations


Après l'Expédition, Storkersen laisse sa femme et ses trois filles – Martina Novaluk (1911-1931), Aida Mamaginna (1915-1986) et Bessie Povlirak (1918-1998) - à la mission anglicane St. Peter's à Hay River dans les Territoires du Nord-Ouest. Storkersen rejoint ensuite Stefansson pour former la Hudson's Bay Reindeer Company et introduire le renne de la Norvège dans l'île de Baffin, un premier projet de développement durable conçu afin de transformer les chasseurs inuits de cariboux en des gardiens de troupeaux de rennes. En tant que gérant résident de l'entreprise de rennes, Storkersen doit retrouver sa femme et ses filles à la baie d'Amadjuak sur l'île de Baffin. Cependant, dans un moment de colère attribuable à l'embauche d'un aide par la Compagnie de la Baie d'Hudson pour l'assister dans le choix et le transport des rennes, que Storkersen interprète comme un affront à son intégrité, il démissionne soudainement de son poste et rentre en Norvège en 1921 pour établir sa propre entreprise privée de rennes.

Son entreprise échoue et, en 1925, Storkersen est sans le sou. Il effectue une dernière tentative pour retourner vers sa famille en organisant une expédition qui traverse le pôle Nord jusqu'au Canada. Mais, en tant que citoyen norvégien, après la revendication faite par Otto Sverdrup de régions dans l'archipel Arctique au nom de la Norvège, Storkersen ne peut pas obtenir le permis d'exploration requis. Storkersen est entraîné dans une spirale de circonstances catastrophiques dont il ne peut s'extirper. L'échec de son entreprise de rennes et de ses plans d'exploration lui permettant de retourner auprès de sa famille au Canada le pousse dans un gouffre dont il ne revient jamais. Storkersen est institutionnalisé jusqu'à sa mort à Sørøysund, Norvège, le 22 mars 1940 et est enterré près de son lieu de naissance.

Une grande péninsule sur la côte nord de l'île Victoria ainsi qu'une baie, un lac et une rivière sur l'île Banks portent le nom de Storkersen.

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Image

Avis annonçant la conférence de Storkersen à l'Institut canadien des ingénieurs, le 29 mars 1920. Source : Musée canadien de la nature


Elvina (Weena) Storkersen
Elvina Storkersen est rémunérée pour son travail de couturière dans l'Expédition pendant 16 mois, à 20 $ par mois et pendant 12 mois, à 40 $ par mois (Rapport du Vérificateur général de 1917-1918). Sa deuxième fille, Aida, naît sur l'île Banks en 1915. « Le capitaine Bernard retourne dans le doris emmenant ma femme et mes enfants, Mme Thomsen et ses enfants, les nouveau-nés se portent tous bien spécialement le mien, une fille née le 13 juin. Bébé Thomsen, né le 23 juin est un garçon. » (Journal de Storkersen, le 9 août 1915).

Stefansson compte sur les couturières de l'Expédition canadienne dans l'Arctique et donne beaucoup de crédit au travail accompli par Elvina et les autres femmes :
« Nous sommes arrivés au camp de base de Storkersen le 16 octobre, que nous avons trouvé très accueillant sous la direction de Mme Storkersen et de Mme Lopez. Durant l'été, elles avaient fait plus que leur part en aidant à sécher la viande et elles s'affairaient maintenant à préparer des vêtements d'hiver chauds et à imperméabiliser les bottes d'été sans lesquels notre travail serait difficile et le confort, impossible. » (Stefansson 1921).

Dans un manuscrit non publié, Stefansson ajoute : « Les femmes, Uttaktuak (Mme Lopes) et Uinirk (Mme Storkersen) ont toutes deux fait beaucoup de bon travail et n'auraient pas pu être beaucoup plus utiles qu'elles ne l'ont été. Elles ont écorché et découpé des bœufs et ont fait beaucoup de travail de séchage, en plus de coudre des vêtements. » (Manuscrit de Stefansson, The Summer Work in Melville Island, Dartmouth College).

L'île Elvina sur la côte nord de l'île Victoria est baptisée en l'honneur d'Elvina Storkersen.

Sir George Hubert Wilkins
En septembre 1916, Wilkins quitte l'Arctique et se rend à Ottawa. À son retour chez lui, en Australie, il est chargé de monter un dossier photographique des activités de la Première Guerre mondiale dans le nord de la France. Il reçoit la Croix de guerre avec agrafe pour sa bravoure. Sa vie se poursuit, particulièrement remplie d'aventures, tandis qu'il participe à l'expédition dans l'Antarctique de Shackleton en 1921-1922, à une expédition du Musée britannique dans l'est de l'Australie et à de nouvelles expéditions dans l'Arctique de 1925 à 1927. En 1928, il effectue un premier vol polaire de l'Alaska à Spitzbergen, pour lequel il est fait chevalier par le roi George V. Durant une excursion sous la glace polaire dans un sous-marin déclassé, il prend les premières images cinématographiques sous la glace. Ce voyage est suivi de quatre nouvelles excursions en Antarctique, d'un voyage autour du monde dans le dirigeable Hindenberg et d'un vol dans l'Arctique canadien dans un hydravion à la recherche de six aviateurs russes perdus. Il sert dans les Forces armées américaines au cours de la Deuxième Guerre mondiale. Après sa mort en 1958, ses cendres sont éparpillées au pôle Nord. Stefansson nomme le détroit séparant l'île Borden et l'île Mackenzie King en l'honneur de Wilkins.