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Le Théâtre de l'Île
2, rue Wellington

Le Théâtre de l'Île

Le ruisseau de la Brasserie et son eau étaient une propriété privée, divisée en deux lots dans le partage entre les héritiers Wright. En 1872, E. B. Eddy en avait acheté une partie de l'un d'eux. Ainsi l'île sur laquelle est installé le théâtre lui appartient-elle lorsque la Cité de Hull projette d'y construire un aqueduc. Depuis plusieurs années, cinq charroyeurs d'eau transportaient l'eau potable dans une grosse barrique montée sur une charrette et, de rue en rue, ils remplissaient les tonneaux ou les tinettes d'eau des citoyens. Après 1875, ils puisent l'eau, entre autres lieux, au-dessus de la chute des Chaudières. Le souci de fournir de l'eau potable à une population grandissante et exposée à des sources polluées par l'industrialisation fait son chemin.

Cependant, à Hull, en 1885, les incendies dévastateurs priment sur la qualité de l'eau dans la décision de construire un aqueduc. Suite à l'incendie de 1886 qui dévaste le centre-ville, Eddy donne l'île de la crique située à l'extrémité de la rue Wellington pour la construction de l'aqueduc. M. Sutee, l'ingénieur de la cité d'Ottawa, en dessine les plans; George Millen, l'ingénieur de la Eddy, installe les turbines, deux pompes à vapeur et les réservoirs; Télesphore Séguin pose les tuyaux de 12,7 cm dans les rues et M. Laverdure étend le service jusqu'aux limites des habitations. Après l'incendie de 1888, on double la dimension des conduites et on ajoute deux pompes. En 1896, les pompes de la manufacture E. B. Eddy sont branchées sur l'aqueduc pour que le service puisse être maintenu en cas de besoin extraordinaire. Ces précautions s'avèrent toutefois inutiles face à la grande conflagration d'avril 1900.

En 1896, les charroyeurs d'eau puisent 15 295 barriques d'eau à la citerne publique, car les maisons ne sont pas encore branchées au système d'aqueduc. Lors de l'installation des tuyaux de l'aqueduc, on place des tuyaux d'égout en grès, 15 centimètres au-dessous des premiers. Cependant, ces quelques canaux d'égout ne servent qu'à drainer les rues puisqu'en 1891, lors de la construction du palais de justice, quelques contribuables du voisinage demandent des embranchements rattachés à chaque domicile.

Cependant, l'eau pompée par cet aqueduc s'avérait déjà insuffisante pour une ville en pleine expansion. En 1897, le comité des préventions des incendies, constatant l'inefficacité de l'aqueduc, suggère que des pompes électriques plus puissantes soient installées aux chutes du ruisseau de la Brasserie. Le grand feu d'avril 1900 précède le projet. Le premier aqueduc n'a pas sauvé la ville, malgré le courage des employés municipaux. Trois d'entres eux, François Bélanger, Paul Miron et Isaïe Trudel, restent à leur poste pour maintenir la pression d'eau des bornes-fontaines, même si deux d'entre eux voient leur famille aux prises avec le feu.

Cet aqueduc est utilisé après l'ouverture du château d'eau en 1905. Dix ans plus tard, Honoré Dumontier, un forgeron qui a sa boutique sur la rive tout près, occupe le bâtiment. En 1928, les travaux publics de Hull s'en servent comme entrepôt. Dans les années 1940, le coroner de Hull y a son bureau et son laboratoire. Après 1950, la Légion canadienne, section de Hull, y tient ses assemblées. Finalement, une discothèque précéda le Théâtre de l'Île.

Le 11 janvier 1974, la Ville de Hull inaugure officiellement le Théâtre de l'Île dans le but d'offrir un lieu de rencontres et de pratiques culturelles aux résidants de la ville, adeptes de théâtre. Un mois plus tard, le 19 février, un incendie détruit l'intérieur du bâtiment. Immédiatement, le comité général du conseil municipal et la Commission de la Capitale nationale permettent la reconstruction du théâtre, de nouveau inauguré le 24 juin 1976.

Unique théâtre appartenant à une ville au Québec, il permet à une troupe entièrement vouée au service de la communauté de se faire valoir et offre aux artistes amateurs l'occasion de pratiquer l'art dramatique. Son directeur artistique depuis 1976, Gilles Provost, travaille dans le milieu depuis 1956, ayant signé ou contribué à la mise en scène de centaine de pièces dans la région. Chaque saison, le Théâtre de l'Île offre plus de 225 représentations. Cette école de théâtre a permis à plus de 70 personnes de devenir membres de l'Union des Artistes. Aujourd'hui, le Théâtre de l'Île et son jardin sont devenus un point de repère culturel important dans la ville de Gatineau.



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