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La maison F.-A. Gendron
111, rue Champlain

La maison F.-A. Gendron

Propriétaire du terrain depuis 1879, Basile Carrière construit cette maison de style Second Empire, en 1890-1891. Elle sera la résidence de professionnels, mais aussi un bureau du ministère des Terres et Forêts et Pêcheries du Québec. Les premiers locataires, Hector Laflamme et Joseph Duhamel, n'y demeurent que peu de temps.

En 1893, le ministère des Terres, Forêts et Pêcheries du Québec loue la maison, pour y aménager des bureaux dans la région et y loger un agent. Le deuxième agent est Ferdinand-Ambroise Gendron, né à Beauport, le 10 février 1856, fils d'Ambroise Gendron, mesureur de bois, et d'Esther Chamberland. Ses études terminées, il arrive à Hull en 1876 pour travailler à la E. B. Eddy d'abord comme inspecteur de bois, puis comme surveillant général des chantiers. En 1890, il s'associe à Adrien Chevrier et fonde la Gendron Lumber Co. Son expérience lui permet d'obtenir un poste d'agent des Terres de la Couronne, de 1898 à 1905. Il est donc bien placé pour acheter et vendre des concessions de terre à bois. Il a également des relations : son beau-frère, Simon-Napoléon Parent, est en effet commissaire des Terres, Forêts et Pêcheries, d'octobre 1900 à juillet 1901, premier ministre du Québec et président du Conseil exécutif, de 1900 à 1905.

Le 23 novembre 1900, Gendron achète la maison qu'il habite déjà, puis une parcelle du terrain de son voisin, Pierre-Anthime Sauvageau, un tailleur de pierre, pour y installer une écurie et recevoir des calèches. Il épouse Corrine Lapierre, fille de François-Xavier Lapierre et d'Adèle Leblanc, le 16 octobre 1881, à Ottawa, où elle est née. Ils ont trois enfants : Lionel, Berthe et Fernand. En 1905, après avoir été élu député, Gendron vend son immeuble à son fils Lionel qui lui succède au poste d'agent des terres. Dix ans plus tard, Lionel la revend à sa mère. Le département des Terres de la Couronne a toujours un bureau à l'arrière du bâtiment. À l'origine, celui-ci comporte un étage, auquel s'ajoute un deuxième, entre 1901 et 1903, et un troisième, entre 1915 et 1928.

Les entreprises minières intéressent beaucoup Gendron. Ainsi, en 1908, il est président et gérant de la Harricannaw Lumber Co., président de la Raven Lake Mining Co. et directeur de la Turtle Lake Mining Co. Il est aussi un politicien. Il est échevin en janvier 1902, puis maire en 1903, le mandat du maire, à l'époque, étant d'un an. En 1904, il est élu député libéral du comté d'Ottawa à l'Assemblée législative de Québec, poste qu'il occupe jusqu'en 1916. Il remporte l'élection par 1 500 voix de majorité, la plus forte jamais enregistrée dans la circonscription depuis la Confédération. Il meurt à Amos, en Abitibi, le 9 août 1917, sans laisser de testament. Il est inhumé à Hull, le 14 août.

Lionel Gendron épouse une voisine, Jeanne, fille de Basile Carrière, le 30 avril 1915. En juin 1924, elle meurt à Montréal, laissant quatre enfants. Lionel, lui, décède en 1936. Berthe épouse Jean Beauchemin, un industriel de Montréal. Ils ont aussi quatre enfants : Hélène, Mimi, Corrine et Fernand, un lieutenant-colonel « de New York ».

Corinne Gendron est membre des dames patronnesses de Hull et occupe la vice-présidence du bureau de direction de l'hôpital de la rue Water. Elle vivra dans sa maison jusqu'à son décès, le 21 février 1940. Elle avait rédigé son testament le 3 novembre 1939, devant témoins, ses voisins : le marchand Joseph-Hervé Lepage, le maître de poste Arthur Fréchette, son gendre, Jean Beauchemin, et Adélard Champagne. Reconnaissante envers Berthe, elle lui lègue tous ses biens personnels, sa résidence et un immeuble situé rue Notre-Dame. Et il y a beaucoup pour ses petits-enfants.

Le 13 décembre 1941, Berthe Gendron vend la maison familiale à Georges-Henri Bergeron, un médecin, et à son épouse, Thérèse Ménard. Un ou deux logements ont fait place au bureau des Terres et Forêts dont l'entrée est au 73, rue Victoria.

Au début de mai l952, Pierre Bégin, un médecin, et son épouse, Marie-Éva Belzile, achètent la maison. Bégin meurt le 18 avril 1960, à l'âge de 59 ans. Outre son épouse, il laisse cinq enfants. La veuve demeure dans la résidence jusqu'en 1974.

Le 12 juillet 1974, les Missionnaires oblats de Marie-Immaculée achètent la propriété. Le curé Hébert, qui a présidé à la démolition de l'église, « rénove » la magnifique demeure, sans en respecter l'architecture, pour en faire une chapelle et un presbytère. Ironiquement, l'entrée de la chapelle située sur le côté, juste en face d'une brasserie au nom évocateur, Le Trou du diable. Drôle de coïncidence !

Le 12 novembre 1982, deux avocats, Simon Noël et Robert Décary, achètent l'édifice pour y installer leur bureau. En 1985, ils acquièrent la propriété voisine de Paul-Émile et Cédulie Sauvageau, une maison presque centenaire, et la font démolir pour y aménager un stationnement. En 1993, Décary, nommé juge, vend sa part à Jacques Berthiaume, un avocat. On a restauré avec beaucoup de soin la porte d'entrée, laquelle révèle qu'il s'agissait ici d'une belle résidence bourgeoise de Hull. Il en faudrait de peu pour qu'on y voie encore le beau porche surmonté de son balcon.



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