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Le bloc Scott
Jadis à 45-53 promenade du Portage

Le bloc Scott

Parmi l'énorme héritage que lui laissa son oncle Philemon Wright, décédé en 1874, le fils cadet de Tiberius, Janet Louisa Scott reçut ce terrain inoccupé sur lequel un incendie avait rasé le bâtiment qui s'y trouvait en 1877. Le nouveau bâtiment commercial, construit en 1879, porte donc son nom. Comme elle s'apprête à quitter la province pour se marier, en 1885, elle transfère son héritage à sa mère, Nancy Louisa Wright-Scott. Son époux étant mort l'année suivante, elle revient vivre au 28, boulevard Alexandre-Taché avec sa mère. En 1901, à son décès, celle-ci retransmet à Janet, son héritage. Janet meurt en 1921. Sa nièce, Lois Wright-Scott, qui a vécu avec elle depuis sa naissance, devient son héritière.

Lois épouse William Fraser Hadley, un ingénieur. Elle meurt le 8 novembre 1924, laissant son époux en charge de l'administration des immeubles qu'elle laisse à son jeune fils, William Francis. William Fraser, le père de dernier, décède le 18 décembre 1963. Le 1er février 1964, le fils, qui réside à Rockliffe, vend le bloc Scott à Benjamin Achbar, un homme d'affaires d'Ottawa. Cette vente marque, après 158 ans, la fin de la transmission de cet immeuble aux héritiers de Philemon Wright.

Des conflits d'idéologie politique sont à l'origine de l'incendie de l'édifice Martin-Faulkner, en 1877. Des opposants à la politique libérale de L'Écho de Hull, un des premiers journaux de l'Outaouais qui logeait à l'étage de l'édifice, en auraient été les responsables.

Dans le nouvel édifice Scott de 1879, d'un étage et demi avec un toit en mansarde, on retrouve le bureau de poste, situé dans le magasin général de Ed Faulkner, ainsi que la modiste J. Duncan. Puis vinrent un barbier, André Landry, un marchand de grains, Henry McCormick, et un tailleur, Édouard-Victor Godbout. En 1895, Hormidas Larocque, marchand de chaussures, N. Bélanger, photographe, Aylen Henry, avocat, le major B. Boyd et une boutique de tissus et vêtements, Caron, Carrière et Co., en sont les occupants.

Certains locataires y demeurent longtemps. La tabagie et la salle de billard de Joseph N. Fortin, établie en 1884, y est encore en 1920. En 1895, le bureau de la compagnie Fortin et Gravelle est installé à la même adresse. La compagnie, qui fabrique entre autres de la chaux, est dirigée par des hommes d'affaires impliqués dans de nombreux secteurs, Au siècle suivant, ils établissent un hôtel au-dessus de la tabagie-restaurant ; ces deux commerces existent encore au milieu du XXe siècle. En 1927, après le décès de Lois Scott-Hadley, la gestion immobilière de tout l'édifice est confiée à Fortin et à Gravelle. Le bijoutier Alphonse Couture restera à cette adresse jusque vers 1980. L'ancienne pharmacie Hull Medical Hall, de Sidney P. Cook, est acquise par le célèbre pharmacien hullois Raymond Farley, en 1912. C'est là qu'on installe le premier appareil téléphonique de la ville, en 1884, et, par la suite, un comptoir de service de la Canadian Express Co., devenue la Dominion Express Co. après 1911.

Après le grand feu du 26 avril 1900, le bâtiment est reconstruit sur ses fondations. Certains locataires, comme la firme Gravelle et Fortin, s'y réinstallent; d'autres vont ailleurs. Au cours des années, la Ottawa Electric remplace la compagnie de téléphone, le magasin de chaussures Benone Patry, celui de Larocque. Chitoovas Gregories y offre des pâtisseries, W. R. Stroud et Mme A. Hyland y vendent du thé et Magloire Carrière, ancien partenaire de Caron, Carrière et Co. à la fin du siècle précédent, y tient une mercerie. En 1915, une manufacture occupe le centre de l'édifice; peut-être s'agit-il de la manufacture de mica de la compagnie Blackburn, puis celle de la compagnie Laurentides.

Les baux de 1965 à 1978 rappellent la présence de Claude Gougeon, Couture & Cie, Le Coin des Petits, Jean Dubois, Trans-Canada Shoe, Household Finance, Ervine Borts, Ben Berke Ltd, André Gagnon, Gérard Sarra-Bournet, A. Hamilton Adjusters, Frank Chiarella, Peter Degraaf, Farid I Abdel Sayid, la Banque canadienne nationale, Claude Bergeron, Lionel Gauthier, The Citizen, Boutique Açores, Patrick Mantha et d'autres.

Le 30 janvier 1984, Achbar vend l'édifice à Randolph R. McKenzie in Trust, propriété de la Corporation Campeau. Celle-ci vend le bloc Scott à Carlo Calcerano, homme d'affaires et à Francisca Ranieri Calcerano, secrétaire, tous deux d'Ottawa. Ce dernier propriétaire étant décédé peu après l'incendie criminel, la Ville n'a pas réussi à convaincre la veuve de reconstruire l'immeuble et le Conseil a accepté la démolition des vestiges historiques en 1996.



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