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La maison Gravelle-Leduc
116, promenade du Portage

La maison Arrimage

Avant 1900, Marie-Louise Fiset avait acheté ce terrain de Charles Everett Graham, l'époux de Florence Wright, qui en avait hérité de son oncle Ruggles, fils de Philemon Wright. Elle y avait sa résidence et y gérait le magasin de meubles de son mari, Jean P. E. D'Odet D'Orsonnens, notaire et homme d'affaires et de lettres, qui fut maire de Hull en 1889. Marie-Louise Fiset, décède le 23 avril 1902. Son fils Louis vend la maison, trois ans plus tard, à Elvina Fortin, épouse de Joseph-Ephrem Gravelle.

Le 17 janvier 1899, à l'église Notre-Dame-de-Grâce, Elvina Fortin épouse l'associé de son père, Joseph-Ephrem Gravelle. Né à Hull vers 1864, celui-ci est le fils de pionniers de la ville, Ursule Ouellette et Hercule Gravelle, lequel représente Hull au conseil du canton de Hull, de 1868 à 1870. Il a un frère, Damase, et une sœur, Marie-Desneiges, épouse de Henry-A. Goyette, un avocat. De 1908 à 1911, Gravelle remplit deux mandats comme échevin du quartier 2. Il est aussi lieutenant-colonel dans la milice. Joseph Gravelle acquiert plusieurs propriétés dans l'île de Hull, la plupart sises rue Principale (du Portage) et rue Wellington.

Gravelle et son beau-père, Joseph-Napoléon Fortin, sont associés dans plusieurs entreprises commerciales sous la désignation Gravelle et Fortin. En 1896, ils possèdent toujours une tabagie-billard, acquise dans les années 1880, le Hub Saloon. Ils ont acheté, entre 1892 et 1900, les terrains et les immeubles de l'îlot situé à l'ouest de l'église St-James, sur lequel ils font construire l'Office Hotel dont ils vendent une partie, en 1907, pour la construction d'une succursale de la Banque de Montréal. Le 3 juillet 1900, ils achètent de William Henry Lyons, pour 850 $, une mine de 100 acres dans le 14e rang du township de Hull, comté de Wright. C'est une mine de phosphate, un sous-produit du mica, qu'ils utilisent dans leur manufacture de Hull.

En 1905, les époux Gravelle font construire cette maison de style éclectique. Elle avait jadis un jardin sur le côté ouest et l'arrière donnait sur le canal du gouvernement. Ils y passent leur vie. Gravelle décède le 3 août 1940, à l'âge de 76 ans, à l'Hôpital général d'Ottawa.

Elvina Gravelle n'a pas eu d'enfants, mais ceux de sa sœur Délima sont en quelque sorte les siens puisqu'ils vivent avec elle. En effet, mariée en 1916, Délima et son époux, Valmore Leduc, fils d'Ursule Gravelle et de Charles Leduc, journaliste, échevin et maire de Hull entre 1876 et 1889, vivent dans la même maison. Valmore Leduc, né à Hull, le 5 février 1882, a étudié au collège Notre-Dame, à Hull, puis à l'Université d'Ottawa. Il travailla dans la vente au magasin de Gédéon Lafond et à la quincaillerie A.-D. Trudel. En 1914, il s'associe à Albert-J. Kelly. Ils fondent la compagnie Kelly et Leduc Limitée et achètent la quincaillerie de Ferdinand-A. Barette. Ils dirigent cette compagnie fort connue jusqu'à sa fermeture, en 1995. Leduc, paralysé, décède le 14 avril 1938. Son épouse et ses enfants demeurèrent avec Elvina. Deux autres sœurs d'Elvina viennent aussi vivre dans la maison : Annonciade, épouse de Joseph Hardoin, et Julia, pianiste reconnue, épouse d'Ernest J. Gagnon.

Cette maison était un lieu de rencontres littéraires, artistiques et politiques. Les Leduc étaient peut-être apparentés à Eugène Leduc, un chanteur d'opéra établi à Hull en 1893. La nièce d'Elvina, Yolande, fut ballerine et donna ses premiers cours de ballet classique dans le fumoir de sa résidence, à Hull, en 1940. Elle fonda par la suite l'École de ballet Leduc qui, d'Ottawa, revint à Hull en 1960. Yolande Leduc fut longtemps la seule à former des danseurs dans la région et on lui doit la formation d'artistes de grande réputation tels John Stanzel, danseur soliste des Grands Ballets canadiens, et Roger Rochon, ex-danseur du même groupe, Jean Stoneham, Joanne Leach, Patricia Wilde et bien d'autres. Elvina meurt le 9 septembre 1957, à l'âge de 83 ans, à l'Hôpital général d'Ottawa.

Claude Leduc vend la maison en 1984. Les héritiers emportent quelques souvenirs de la maison familiale : le miroir du fumoir, les luminaires de la cuisine du rez-de-chaussée, ceux de la salle de séjour et du petit salon de l'étage. C'est la fin de l'occupation résidentielle. Par bonheur, le propriétaire actuel a conservé les magnifiques boiseries et des vitraux exceptionnels. Coincée dans un univers de béton, cette belle résidence du début du siècle a été transformée en bureaux de professionnels.


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