Au XIXe siècle, les enfants étaient particulièrement exposés aux abus dans les manufactures et les campements. Même si la loi interdisait aux filles de moins de 12 ans et aux garçons de moins de 14 ans de travailler dans les industries, un grand nombre y travaillaient quand même à un salaire de loin inférieur aux normes.

Les pressions exercées par le mouvement syndical favorisèrent la mise sur pied de la Commission royale sur les relations entre le capital et le travail au Canada (1889). Même si les travaux de la Commission ne contribuèrent guère à l'amélioration des conditions de travail pour l'ensemble de la main-d'œuvre, des entrevues telles que celle qui est reproduite ci-dessous consternèrent ses membres au point où ils enjoignirent au gouvernement fédéral d'appliquer plus sévèrement les lois régissant le travail des enfants.


Stanislas Goyette, fabricant de cigares, Montréal, interviewé dans le cadre des travaux de la Commission royale de 1889.

M. Goyette, vous êtes un fabricant de cigares?

Oui, Monsieur.

Quel âge avez-vous?

Vingt ans.

À quel âge avez-vous commencé votre apprentissage?

À l'âge de 14 ans.

Avez-vous payé des amendes pendant votre apprentissage?

Oui, Monsieur, cela arrivait souvent.

Avez-vous été battu pendant votre apprentissage?



Oui, Monsieur.

Quel âge aviez-vous?

Je devais avoir 14 ou 15 ans.

Qui vous a battu?

Le contremaître.

Pourquoi vous a-t-il battu?

Pour toutes sortes de raisons.

Vous rappelez-vous pourquoi?

...C'était souvent parce que je ne voulais pas travailler après les heures normales d'ouvrage.

Vous a-t-il frappé avec la main, le poing ou avec un instrument?

Il me frappait avec ce qu'il avait sous la main. Il s'emportait pour un rien.



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