Mer et monde : Les pêches de la côte est du Canada

En quête du délice des jours maigres
Le voyage de pêche du Saint-André (1754)
En quête du délice des jours maigres : 
Le voyage de pêche du Saint-André (1754)

Par Jean-Pierre Chrestien à la TABLE DES MATIÈRES


En rade aux environs de l'île de Ré
 

Du samedi 2 février au 16 mars, le Saint-André fait halte dans diverses rades des environs de La Rochelle. Il s'arrête d'abord dans la rade de la capitale aunusienne, puis dans celles de Loix, de La Flotte et de Saint-Martin-de-Ré en attente de son capitaine, qui a de nombreuses affaires à régler à terre.

Le capitaine, appelé aussi le maître, est le commandant et le premier officier à bord. Il est parfois le propriétaire du navire comme dans le cas de Gabriel Bellet, capitaine du Saint-André. Il arme alors lui-même son navire, le loue à un armateur ou partage les risques de la campagne de pêche avec un avitailleur ou des sociétaires qui prennent part à l'aventure moyennant une fraction des profits au retour. Le capitaine est généralement un ancien pilote ayant plus de cinq ans d'expérience en navigation et plusieurs voyages de pêche à son actif.

La chaloupe du Saint-André commence son va-et-vient au plus grand plaisir des matelots pêcheurs de l'équipage. Gabriel Bellet se rend d'abord au greffe de l'amirauté de La Rochelle pour y faire viser son congé et enregistrer ses déclarations d'usage. Puis il se met en quête d'une cargaison de sel au meilleur prix, qu'il espère faire charger dans les plus brefs délais. Il est probable qu'il recherche également certaines denrées pour compléter la réserve du garde-manger du navire. On pourra ainsi embarquer des provisions toutes fraîches juste avant le départ vers Terre-Neuve.


Victuailles d'un navire de Normandie 28 de 90 tonneaux, pour douze hommes et neuf mois

3 400 livres de biscuit
600 livres de beurre
600 livres de lard
1 baril de hareng pour la consommation
2 barils de hareng ou de maquereau, pour servir d'appâts
34 barils de petit cidre
60 pots d'eau-de-vie plus un tierçon d'eau-de-vie de 72 pots, pour gratification
80 livres de chandelles


Le Saint-André n'est pas le seul navire venu à La Rochelle dans le même but. Plusieurs capitaines de diverses provinces maritimes de France tentent, tout comme Bellet, d'acheter leurs vivres ou leur sel et de les faire charger le plus rapidement possible, c'est-à-dire avant les autres. La concurrence est forte, surtout celle des capitaines et des armateurs locaux. Le temps est précieux et l'argent le meilleur encouragement aux affaires vite faites. Les salines situées aux abords du port vendent sans doute leur sel plus cher que celles qui sont éloignées dans les terres et moins à la portée des navires.

Pour charger son sel et décharger son lest — les deux opérations sont concomitantes — le navire doit s'approcher autant que faire se peut du marais salant fournisseur. On minimise ainsi les frais de transport, de chargement du sel et de déchargement du lest.

Bellet a pris la décision d'aller prendre son sel sur la Seudre. L'estuaire, long et large, de cette rivière de Saintonge qui se jette dans l'Atlantique au sud de Marennes, donne accès à de très nombreux marais salants qui approvisionnent les navires de pêche et de commerce venant jusque de Hollande. Mais il faut compter avec le mauvais temps, les vents contraires et les avaries qui retardent les mouvements du navire. Au fil des jours, nous suivons les activités à bord ainsi que les allers et venues des hommes du Saint-André entre le navire et la terre ferme.



LES ALÉAS DE LA MER | LES COMPLICATIONS DE L'ADMINISTRATION MARITIME
LE CHARPENTIER DU NAVIRE | LA MESSE DU DIMANCHE | LE CHARGEMENT DU SEL
LES PROVISIONS INDIVIDUELLES DES PÊCHEURS | LA DÉSERTION D'UN NOVICE
ÉCHOUAGES ET RÉPARATIONS


Décoration

 

 
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