7. L'histoire de l'école Toles d'Amber Valley

© Musée canadien des civilisations, Photo Marie-Louise Deruaz, IMG2010-0220-0009-Dm

L'histoire s'étend de 1910 à 1950. C'est celle d'hommes et de femmes, de race noire, qui se sont serré les coudes et sont parvenus à bâtir une collectivité canadienne. À Amber Valley, l'école était importante, autant pour les élèves que pour les parents. C'était l'élément qui cimentait la communauté.



Histoire

D'abord connue sous le nom de Pine Creek, Amber Valley était un établissement rural situé à une vingtaine de kilomètres à l'est d'Athabasca. Dans cette région bien au nord d'Edmonton, la température moyenne, en hiver, ne dépasse pas les 16 degrés Celsius sous zéro ou moins. Les lieux sont essentiellement broussailleux; les terres, peu fertiles, difficiles à cultiver. Incapables de survivre seulement de leur ferme, les premiers colons durent aussi travailler dans les secteurs des transports et des chemins de fer ou comme journaliers. Arrivés vers 1910-1911, ils étaient des Afro-Américains venus de l'Oklahoma, état ségrégationniste fondé en 1907. Celui-ci s'avéra rapidement un endroit inhospitalier pour de nombreux Noirs qui décidèrent de s'exiler. Certains furent attirés par le Canada, qui faisait alors la promotion du peuplement des Prairies, présentées comme l'une des « dernières meilleures » régions de l'Ouest.

Les nouveaux venus prirent vite racine. Sur les 95 titres de concession de terrains initialement accordés, 75 le furent aux premiers colons. Amber Valley, contrairement à d'autres lieux des Prairies développés par des immigrants noirs, survécut. Une note de service de l'époque circulant dans la fonction publique fédérale soutenait que les Noirs américains étaient incapables de s'adapter au rude climat canadien. La suite prouverait à quel point cette conclusion était erronée.



L'école

Inaugurée en 1913, l'école Toles fut nommée en l'honneur de Nimrod Toles, l'un des premiers colons noirs de l'endroit. Elle offrait des cours jusqu'à la huitième année et fut bien plus qu'un lieu d'apprentissage. À l'époque, à Amber Valley, il n'existait aucun autre bâtiment public. Aussi utilisa-t-on l'école pour les offices religieux, les mariages, les funérailles, les réunions, les élections et les activités sociales. C'était le lieu de rassemblement tout désigné où, naturellement, on emmenait les enfants. Elle s'inscrivait donc au cœur de la vie communautaire, tout comme dans les autres agglomérations rurales du Canada.

En 1932, l'école, construite à l'origine en rondins, fut remplacée par une nouvelle ne comportant qu'une seule salle de classe : celle-là même qui est reproduite, aujourd'hui, dans la salle du Canada du Musée canadien des civilisations, et telle qu'elle apparaissait dans les années 1940. La reconstitution fut menée avec le plus grand soin, à partir de documents et de photos d'époque. Le personnel du Musée a eu la chance de pouvoir compter sur la collaboration d'anciens élèves et de leurs descendants. Ces gens ont fourni des artefacts, des photos et des témoignages qui donnent au module une allure très vivante.



L'extérieur de l'école

Cette zone présente des photos des premiers colons et offre un aperçu de l'histoire d'Amber Valley. Les élèves parcouraient jusqu'à trois kilomètres, chaque jour, pour se rendre à l'école. Les toilettes extérieures ont été reproduites pour rappeler qu'à cette époque la plomberie intérieure était, à l'école comme à la maison, un luxe que bien peu de Canadiens et de Canadiennes pouvaient s'offrir en milieu rural.



Le vestiaire

© Musée canadien des civilisations, Photo Marie-Louise Deruaz, IMG2010-0220-0001-Dm

En entrant dans l'école, on accède à une pièce où s'entassent les manteaux et les chaussures des élèves. L'eau potable, qui provenait d'un puits à l'extérieur, était stockée dans un distributeur en céramique. On peut entendre un enregistrement dans lequel un ancien élève décrit l'habituelle boîte à lunch dont faisait partie le traditionnel sandwich au saucisson de Bologne.





La salle de classe

© Musée canadien des civilisations, Photo Marie-Louise Deruaz, IMG2010-0220-0013-Dm

Le choix de photos et d'artefacts illustre une journée ordinaire à l'école. En plus des fournitures scolaires usuelles, manuels, cartes, tableau noir, cahiers et autres, les rangées de pupitres et un poêle à bois aménagé dans un baril à pétrole, plantent le décor. Des postes d'écoute permettent aux visiteurs d'entendre un récital de musique gospel et des témoignages de première main sur la vie et les activités scolaires à Amber Valley.

Sur les pupitres des élèves sont disposés des objets illustrant les matières enseignées : lecture, écriture, musique, maths, géographie, histoire. Le bureau du maître, à l'avant de la classe, présente quelques-uns des enseignants qui ont œuvré à l'école Toles et illustre les défis particuliers que posait l'enseignement simultané de plusieurs classes dans un même groupe d'élèves. Un portrait de Booker T. Washington, accroché au fond de la salle, rend hommage à ce pionnier afro-américain de l'éducation, vénéré à Amber Valley et ailleurs.



La vue

Asseyez-vous et prenez le temps de regarder par la fenêtre un instant. Fermez les yeux. Nous sommes en mai et une brise printanière entre par la fenêtre ouverte, embaumant la classe. Imaginez que vous voyez une balançoire, une bascule, un petit terrain de baseball. Plus loin, au-delà de la cour d'école, un sentier mène à un plus grand terrain, où l'équipe locale s'entraîne pour se mesurer à d'autres équipes de l'Ouest du Canada. Ses joueurs sont vraiment très bons et la plupart d'entre eux se sont initiés à leur sport ici même, dans la cour de l'école : à Amber Valley, l'école est le lieu de tous les commencements.