Marius Barbeau Un aperçu de la culture canadienne (1883-1969)
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La vie de Barbeau

L'école à la maison

Il y avait devant moi un cahier à devoirs à double pages avec des lignes. Au haut, enserré entre deux lignes, il y avait le modèle écrit en crayon de plomb par mon père: « Marius est désobéissant ». Les choses allaient mal. Mon père était tout près de moi, fâché, parce que je n'obéissais pas.Il me fallait remplir toute la page suivant le modèle, de mon écriture d'enfant. Je regardais par la porte ouverte de la salle à dîner, à ma droite. Il faisait beau soleil dehors. Je voyais de loin la barrière fermée du jardin. C'est là qu'était le pommier du Paradis terrestre. J'étais dans la peine. Il me fallait écrire ma désobéissance. C'est là le commencement d'un grand désaccord avec mon père qui était sévère pour moi. Où était ma mère? (Je devais avoir cinq ans.)

L'hiver, je m'asseyais devant la fenêtre avec un livre d'éléments.Je regar­dais tomber les gros flocons de neige, très lents. J'en étais fasciné, rêveur. Ma mère disait: « Marius, étudie! » Le soir, à la lampe à l'huile, près de la table à panneaux, mon père me montrait les quatre règles simples. À la division, il se fâche contre moi. Je ne comprenais plus rien. Il me grondait. Je pleurais. Décidément, je n'avais pas de dispositions pour l'étude! À onze ans, mes parents décidèrent enfin de m'envoyer au collège commercial des Frères des Écoles Chrétiennes, à Sainte-Marie de Beauce. Je ne faisais plus guère de progrès, à la maison. Ils étaient trop occupés pour bien m'enseigner.

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