À la croisée des cultures 200 ans d'immigration au Canada (1800-2000)
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La médecine traditionnelle

Les immigrants qui sont arrivés au Canada avant 1900 ont affronté bien des risques pour leur santé, tant durant leur périple qu'à leur arrivée. Les épidémies à bord des navires bondés ont causé des milliers de décès dans les stations de quarantaine qui ont été établies pour accueillir les afflux massifs de réfugiés fuyant la famine, le chômage ou la pauvreté outre-mer*. Une fois ici, le travail qu'ils faisaient dans l'agriculture, l'exploitation forestière ou minière, les pêches et le secteur manufacturier, ou en tant que domestiques ou ouvriers, était souvent dangereux ou débilitant. De plus, la capacité du pays à traiter les maladies et les blessures était primitive.

Les gens avaient plus souvent recours aux remèdes maison et à la médecine traditionnelle qu'aux soins d'un médecin ou d'une infirmière. Un nombre incalculable comptait sur les médicaments brevetés, les cures proposées par des charlatans ou les guérisseurs qui prétendaient faire des miracles**. La guérison par des moyens scientifiques gagnait du terrain, mais lentement. Le fatalisme, la ferme croyance que la souffrance et la mort prématurée étaient inévitables, en particulier parmi les couches non instruites et plus pauvres de la population, a beaucoup nui aux efforts des réformateurs qui réclamaient l'intervention de l'État dans le domaine de la santé publique. Néanmoins, en 1910-1912, l'eau de Toronto a été chlorée, à la suite de quoi le taux annuel de mortalité dû au typhus a chuté de 44 à 15 personnes sur 100 000. Cela a conduit à la pasteurisation du lait, entraînant une autre chute marquée de la mortalité. La situation devenait plus claire. On avait également recours à la vaccination, cause d'une émeute à Montréal en 1889, pour combattre la variole et d'autres fléaux communs.

Il fallait intervenir pour détruire les quartiers pauvres surpeuplés des grandes villes, qui étaient des foyers de maladie. Le clergé et les travailleurs sociaux ont concentré leur attention sur les résidents en difficulté, surtout les immigrants non instruits et sans revenu qui ne parlaient pas les langues du pays***. Les épidémies d'après-guerre et des milliers de vétérans handicapés ont mis encore plus de pression sur les hôpitaux et les travailleurs du secteur de la santé. Il était essentiel d'investir de vastes sommes dans la construction de cliniques et la formation de médecins, d'infirmiers et d'infirmières. La crise économique des années 1930 et la Seconde Guerre mondiale ont mis fin à de telles initiatives, mais de 1950 à 1980, des années prospères où les sciences ont fait de grands progrès, la médecine et la santé communautaire ont fait des bonds partout au Canada****. Aujourd'hui, les immigrants, comme tous les citoyens, bénéficient d'un régime universel de soins de santé garanti par la loi et financé par les contribuables. Le fatalisme a été remplacé par l'optimisme et la conviction que tous ont le droit de vivre pleinement et en santé.

La médecine en Nouvelle-France

Il est intéressant de comparer les différences principales entre la pratique de la médecine en Nouvelle-France et au Canada aujourd'hui. En 1667, un demi siècle après la fondation de Québec, il y avait 19 praticiens en Nouvelle-France. En 1778, il y en avait 104, dont 41 Français, 31 Britanniques et 29 Allemands. Cependant, au cours de cette période de 111 ans, le nombre de médecins ou de chirurgiens pour 10 000 habitants est tombé de 49 à 7,2, une baisse considérable.

Parmi les personnes qui dispensaient des soins et des traitements, il y avait des médecins, des chirurgiens, des infirmières, des apothicaires, des sages-femmes, des ramancheurs, des arracheurs de dents, des faiseurs de miracles et des sorciers et sorcières*****. Très tôt, les sœurs ont ouvert plusieurs hôtels-Dieu pour soigner le corps et l'âme de ceux dont les jours étaient comptés. Les guerres iroquoises, les faibles récoltes et les épidémies ont favorisé l'établissement d'hôpitaux généraux à Montréal, Québec et Trois-Rivières. Sur le plan administratif, le système de santé du jeune Canada d'alors ne différait pas trop de celui d'aujourd'hui. Bien entendu, la science et les technologies médicales sont radicalement différentes aujourd'hui. Les professionnels de la santé canadiens peuvent soigner et guérir, ou soulager, les pires maladies ou blessures. Paradoxalement, le nombre de professionnels par rapport à la population est toujours en baisse.

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