À la croisée des cultures 200 ans d'immigration au Canada (1800-2000)
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La musique

Les Canadiens ne peuvent pas dire qu'ils ont une tradition musicale qui leur est propre. Ils peuvent prétendre, cependant, posséder le cahier de chant le plus varié au monde grâce à la nature multiculturelle du pays. Cette ampleur est très récente. Avant que le Canada n'attire et n'accepte des centaines de milliers d'immigrants des pays du Tiers Monde, sa musique était presque exclusivement d'origine européenne ou américaine. La musique n'était pas simplement un transfert culturel avec des liens impériaux ou de bon voisinage. Et elle ne dépendait pas seulement de la langue. L'emprise que la musique européenne a eu sur le Canada à partir de l'époque coloniale était fortement intellectuelle, affective, religieuse ou sociale.

Les États-Unis ont influencé nos goûts et nos intérêts musicaux aussi, mais cette influence a été commerciale*. Aujourd'hui les immigrants conservent la musique et la danse de leur pays d'origine, avec tout le plaisir qu'elles leur procure. Et, un jour, l'ensemble de la population canadienne appréciera les mélodies, les paroles et les mouvements que ces musiques et ces danses ont à offrir autant que ce qui est proposé par les compositeurs, les chorégraphes et les artistes d'origine européenne ou américaine.

La musique joue depuis toujours un rôle au Canada, mais ce rôle est parfois faible. Les Autochtones jouaient d'instruments primitifs et exécutaient des danses religieuses ou rituelles. Les missionnaires français ont fait connaître des hymnes et des chants, y compris des chants de Noël, aux Autochtones dès 1641**. Les émissaires ecclésiastiques d'expression anglaise étaient tout aussi inventifs. Bon nombre de leurs chansons survivent dans les musées et les archives aujourd'hui. Les ballades sont une autre forme de musique canadienne ancienne. Très souvent, il s'agissait d'expressions larmoyantes de cœurs en détresse ou d'âmes perdues qui languissaient de se retrouver parmi les leurs. The Banks of Newfoundland, Farewell to Nova Scotia, Un Canadien errant et The Red River Valley correspondent toutes à cette catégorie. Les fanfares locales - militaires, civiles ou fraternelles - étaient tout aussi importantes pour les premiers colons. Une musique militaire a été à l'honneur à un bal tenu à Halifax en 1823 pour le comte de Dalhousie, le nouveau gouverneur du Canada. Et un orchestre de cuivres a voyagé de Victoria à Vancouver en 1886 pour accueillir le premier train transcontinental.

Des sociétés philharmoniques, des symphonies, des compagnies d'opéra, des académies et des conservatoires de musique, des chorales régionales, des studios de danse et des compagnies de ballet ont été établis à la grandeur du pays. Victoria (1859), Québec (1868), Toronto (1886 et 1901), Montréal (1894) et Winnipeg (1939) sont devenues les centres de spectacles du Canada, habituellement sous le patronage d'un noble et invariablement dominés par les adeptes de musique classique. En effet, le musicien canadien le plus vénéré est Glenn Gould, pianiste et éminent interprète de J. S. Bach***. Si les élites urbaines avaient des musiciens professionnels qui exécutaient régulièrement des œuvres classiques dans des salles de concert nouvellement construites, et si les citoyens ordinaires se contentaient d'orchestres, de chanteurs et de danses locaux (folk, country, swing), il y avait très peu de terrain commun pour les goûts universels en musique. L'enregistrement électronique, la radio, la télévision et Internet ont énormément changé cette situation. Tous ces moyens ont élargi la portée de chacune des formes musicales et de leurs interprètes au-delà de ce qu'on aurait pu imaginer. Et ensemble, ces nouveaux médias ont réellement démocratisé le monde de la musique pour les Canadiens.