Cuivres

MCC S92-4312; PCD 94-700-024

Ce très grand bouclier de cuivre, de 117 cm de hauteur, a appartenu autrefois à Albert Edward Edenshaw. Ce dernier était un graveur de boucliers de talent qui vendait ses cuivres décorés jusqu'au Fraser, dans le sud. Il a représenté sur ce cuivre son Ourse grizzli emblématique. Acheté en 1970 à Mary Yaltatse de Masset. MCC VII-B-1595

Le cuivre était le symbole suprême de richesse chez les autochtones de la côte ouest; tout comme l'or, il réfléchit l'éclat du soleil. D'après la légende nuxalk, Tsonoqua l'aurait reçu de Qomoqua, le maître de la richesse qui vit dans une maison de cuivre au fond de la mer. Selon la tradition haïda, le cuivre provenait du territoire des Eyaks, dans la région de la rivière Copper, en Alaska, où on le trouve sous forme de pépites de métal pur, à travers les galets qui tapissent le fond de la rivière. Les amas de coquilles du port de Prince Rupert nous permettent de faire remonter l'utilisation du cuivre pour la fabrication des bracelets, de pendentifs et de tubes à plus de 2 000 ans, ce qui confirmerait que son importance comme objet de troc et facteur de guerre sur la côte septentrionale est ancienne.

Sur toute la côte, des boucliers de cuivre témoignaient du rang élevé de leurs propriétaires et étaient échangés entre les chefs lors des potlatchs, acquérant chaque fois une valeur plus élevée. Chez les Kwakwaka'wakws, les cuivres étaient tout particulièrement associés à la distribution de richesses lors des noces. Les Haïdas utilisaient les cuivres comme symbole et étalon de leur richesse, et certains chefs fortunés en possédaient plus d'une douzaine. Un cuivre qui appartenait à Albert Edward Edenshaw a été vendu à un chef tsimshian en échange de huit esclaves, d'une grande pirogue en cèdre, d'une centaine de peaux de wapiti et de quatre-vingts boîtes de graisse d'eulakane. À la mort d'un chef, ses cuivres étaient souvent fixés à son mât funéraire.

MCC S92-4244; PCD 94-698-019

Grand cuivre orné d'un Aigle bicéphale. L'Aigle bicéphale n'est pas un emblème haïda traditionnel, mais plutôt une adaptation du symbole caractéristique de la Russie impériale introduit en Alaska par des marchands de fourrure russes. Recueilli à Skedans avant 1900 par Charles F. Newcombe.

À un niveau, le cuivre représente les ancêtres de son propriétaire. Un visage en orne souvent la partie supérieure, et il s'y trouve toujours une ligne horizontale et une ligne verticale formant un T sur la moitié inférieure. Ce T représente la colonne vertébrale ou le squelette de l'ancêtre ou de la figure qui orne la pièce. À un potlatch, un chef pouvait donner ou même briser un cuivre pour démontrer sa richesse. Dans ce cas, on prenait soin de garder les lignes formant le T intactes parce que les os symbolisent la substance à partir de laquelle une nouvelle vie commence, dans le cycle de la réincarnation. Les mythes de nombreuses cultures autochtones du monde entier expriment cette idée que les os, l'une des parties les plus durables de notre corps, peuvent abriter l'âme humaine.

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