Jarre à fèves au lard de Medalta


CMC F-4210; CD94-468

Medalta Potteries (1966) Ltd; MCC F-4210

Fabriquée à Medicine Hat, en Alberta – d'où le nom Med-Alta –, cette petite jarre couverte en a long à dire. Elle nous parle d'abord de l'exploitation de dépôts d'argile. Elle nous parle d'une compagnie entièrement canadienne fondée en 1915, qui a été en activité jusque dans les années 1950, malgré la concurrence incroyable des poteries anglaises et américaines meilleur marché. La poterie Medalta fabriquait également beaucoup d'autres objets utiles dans une cuisine, par exemple des pots à lait, des théières, des bols, des pots en tout genre, et des plats à cuisson. Les articles fabriqués par Medalta sont maintenant recherchés par les collectionneurs.

La jarre nous parle aussi de la façon dont on vivait à l'époque, dont témoignent les objets vendus par la compagnie : théières, pots à mariner, bouillottes (pour réchauffer les draps), ensembles sucrier-pot à crème, et jarres à fèves au lard. Qu'en est-il de ces derniers?

Dans les débuts du Canada, pour chauffer et cuisiner, on utilisait souvent un grand foyer central parfois doté à l'arrière d'un four « à ruche ». On pouvait aussi se construire un tel four à l'extérieur. À cette époque-là, on ne pouvait pas aller au coin de la rue chercher du pain ou des tartes, car le magasin le plus proche pouvait bien se trouver à un jour de marche; la ménagère devait donc les cuire elle-même.

D'abord, elle faisait une belle flambée dans le four pour qu'il soit bien chaud. Ensuite, elle faisait tomber la braise. Au fond du four, au plus loin de la porte, elle plaçait la jarre remplie de haricots (les « fèves »), d'eau, de porc salé, et peut-être d'un peu de mélasse ou de cassonade. Elle mettait les fèves au lard au fond parce qu'il fallait qu'elles cuisent plus longtemps. Venaient ensuite les tartes, qui avaient besoin d'un temps moyen, et, plus près de la porte, le pain. Elle fermait ensuite la porte.

Lorsque le pain était prêt, elle l'enlevait avec une « pelle à pain », instrument ressemblant beaucoup à la palette à pizza commerciale d'aujourd'hui. Si le dessous des pains était brûlé, elle enlevait les parties brûlées avec une grande râpe et les donnait à manger aux animaux. Rien n'était gaspillé. Plus tard, elle sortait les tartes. Et enfin, au bout de plusieurs heures, sortaient les fèves au lard, qui mijotaient encore dans leur jarre.

Les jarres en céramique étaient si solides qu'elles pouvaient servir à confectionner toutes les fèves au lard d'une génération et être transmises aux enfants pour leurs propres repas familiaux. C'étaient bien sûr des trésors.

Texte : Phil Tilney

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