En 1900, les usines au Canada et ailleurs peuvent produire une grande quantité d'articles de métal à bien meilleur prix que ne peut le faire un forgeron de village. Celui-ci met donc à profit ses compétences particulières pour fournir un service essentiel le ferrage des chevaux qui occupe parfois plus de la moitié de son temps. De plus, il répare une grande variété de produits en fer et en acier que lui apportent ses clients, pour la plupart des fermiers, mais il exécute aussi des tâches plus spécifiques, comme la production d'articles en métal pour un fabricant d'attelages ou la réparation d'outils métalliques pour un chantier à bois. Pour ses réparations ou pour un projet local sur demande, il utilise de la ferraille de sa forge ou de nouveaux matériaux expédiés de Montréal ou de Québec.
Le travail du forgeron varie au fil des années et des saisons, selon les besoins de la population environnante. Dans les nouvelles localités, il entretient les haches, scies, chaînes, crochets et autres outils utilisés par les fermiers pour défricher. À mesure que les fermes s'établissent, le forgeron est amené à réparer des charrues, des herses, des wagons et des pièces d'attelage. Il travaille aussi au rythme des saisons. La demande de chevaux à ferrer est particulièrement intense au printemps, en prévision du travail dans les champs, et à la fin de l'automne, lorsqu'il faut ferrer de nouveau les bêtes pour l'hiver. De même, l'équipement de ferme doit être réparé pour les plantations au printemps et les récoltes en été. La circulation régulière des clients, dont certains sont forcés d'attendre lorsqu'une tâche dure plus longtemps que prévu, fait de la forge un lieu naturel de rencontre où l'on échange les nouvelles locales et les cancans.