À la fin du XIX
e siècle, la plupart des bottes et chaussures sont fabriquées par milliers dans des usines situées dans les villes de la province. Le cordonnier de village peut survivre à titre d'artisan indépendant parce qu'il produit des bottes et chaussures résistantes et durables qui sont très en demande dans le Québec rural : les souliers et les bottes de boeuf. Les prix restent bas parce que le client fournit généralement son propre cuir, préparé avec la peau d'un de ses animaux. Le cordonnier achète aussi du cuir de bonne qualité auprès de vendeurs itinérants qui travaillent pour des tanneries commerciales et passent dans le village plusieurs fois par année.
Les outils de base du cordonnier sont semblables à ceux qu'utilisaient les artisans au XVIII
e siècle et au début du XIX
e. Son établi, où il accomplit le plus gros de son travail, comprend un siège avec une extension d'un côté où l'attendent ses couteaux, alênes, marteaux, poinçons et fil, prêts à utiliser. L'alêne, une courte tige métallique et pointue attachée à un manche de bois, est peut-être son outil le plus caractéristique. Il s'en sert pour percer des trous dans le cuir rigide afin d'y introduire son fil et de coudre des pièces ensemble. À la fin du XIX
e siècle, on voit des machines à coudre à pédalier dans certaines cordonneries. Puisqu'elles sont généralement montées sur un socle ou une table, le cordonnier y travaille en position debout. Il peut aussi avoir un équipement spécial – des pinces de bois pour retenir d'étroites bandes de cuir ainsi que des outils pour enfoncer des oeillets – afin de fabriquer et de réparer des harnais.