Conservation des textiles : doublures de mukluks provenant de Fort McPherson

Caitlyn Picard

Nous portons tous des chaussures : des rouges, des noires, à talons plats, à talons hauts ou de sport. Peu importe leur type et leur usage, elles sont souvent adaptées à l’environnement dans lequel nous évoluons. Chaque paire de chaussures nous fournit des tas de renseignements sur le contexte culturel dans lequel évolue son propriétaire.

En tant qu’étudiante inscrite au programme de maîtrise en conservation des textiles à l’Université de Glasgow, j’ai eu la possibilité de travailler au laboratoire de conservation des textiles du Musée canadien de l’histoire pendant les 12 dernières semaines, sous la direction de Caterina Florio.

Numéro de l’artefact : VI-I-178.2a-b — Avant le traitement

Numéro de l’artefact : VI-I-178.2a-b — Avant le traitement

Au cours de cette période, l’un des artefacts les plus singuliers et les plus complexes dont on m’a confié la restauration a été une paire de doublures de mukluks, récemment acquises par le Musée, qui provenaient de Fort McPherson, dans les Territoires du Nord-Ouest. Ces doublures devaient être restaurées avant leur entreposage.

Numéro de l’artefact : VI-I-178.2a-b — Après le traitement

Numéro de l’artefact : VI-I-178.2a-b — Après le traitement

Les restaurateurs travaillent souvent en collaboration avec les conservateurs de musées. Nous aidons à préserver des objets de la détérioration afin de donner aux futures générations l’occasion de les découvrir. Pour cela, nous employons des matériaux et des techniques réversibles n’altérant pas les traces laissées sur chaque objet, qui constituent de précieux renseignements historiques.

Le traitement de conservation a commencé par un nettoyage délicat de la surface des doublures sans utiliser de liquide. Les doublures ont ensuite été conservées dans un endroit dont le degré d’humidité était contrôlé, ce qui a permis aux fibres de recouvrer en partie leur flexibilité et leur résistance.

Modèle de doublure de mukluk

Modèle de doublure de mukluk

L’étape suivante constitue une partie intéressante du métier de restaurateur. Étant donné que chaque objet possède sa propre forme, le restaurateur doit essayer de la préserver avec des moyens matériels novateurs. Pour les doublures de mukluks, nous avons choisi de fabriquer deux pièces découpées de façon à ce qu’elles en épousent la forme. Nous avons inséré ces pièces matelassées dans chaque doublure : elles devaient servir de soutien et rendre le traitement entièrement réversible, tout en permettant aux doublures de garder leur forme initiale.

Pièces ajoutées comportant une épaisseur de soie

Pièces ajoutées comportant une épaisseur de soie

Il semblait relativement facile de se servir de l’objet fini pour créer un modèle. Selon plusieurs publications scientifiques, il suffisait de tracer le contour de l’objet et d’ajouter des pinces ou d’utiliser d’autres techniques couramment employées dans la confection de vêtements. Cependant, au moment de coudre les morceaux des pièces, je me suis aperçue que la tâche n’était pas aussi simple que cela. Ce n’est qu’après de nombreux essais — six pour être exacte! — que j’ai obtenu une forme parfaitement identique à celle des doublures.

Structure intérieure assortie de pièces ajoutées

Structure intérieure assortie de pièces ajoutées

L’étape suivante du traitement consistait à fabriquer plusieurs autres pièces pour couvrir de gros trous et donner une apparence finale aux doublures. Le but était de dissimuler le plus possible les trous afin qu’ils ne soient pas évidents du premier coup d’œil. Seul un regard attentif devait permettre de deviner les travaux de conservation. Quelle a été la solution? Nous avons décidé de confectionner des pièces de feutre aiguilleté qui devaient s’insérer parfaitement dans les trous et de reproduire une couleur identique à celle des doublures des mukluks! Il s’agissait d’un défi de taille qui nous offrait aussi l’occasion d’essayer divers types de matériaux, dont différentes sortes de laine et de soie. La dernière étape du traitement a été l’installation d’une bandelette de soie entre deux parties de broderie rouge afin de donner une apparence générale définitive aux doublures.        

Bandelette de soie rouge

Bandelette de soie rouge

Les doublures de mukluks figurent parmi les nombreux types d’artefacts qui sont traités au laboratoire de conservation des textiles du Musée canadien de l’histoire. Quel que soit le genre d’artefact, les objectifs sont les mêmes : la préservation et la stabilisation des matériaux à long terme.