Dans les collections du Musée canadien de l’histoire : l’évolution d’un drapeau
Cela vous est-il déjà arrivé? Vous sortez un vieux manteau d’hiver du placard, vous glissez machinalement la main dans l’une des poches et palpez quelque chose au fond. À votre plus grande joie, vous en ressortez un billet de 10 $ froissé. La situation n’est pas tout à fait la même dans le cas qui nous passionne, mais vous pouvez sans doute imaginer notre enchantement à la redécouverte d’un trésor dans nos collections.
Le Musée canadien de l’histoire collectionne des objets qui racontent l’histoire de notre pays. Cependant, la reconnaissance des objets qui revêtiront une valeur historique un jour ne tombe pas toujours sous le sens. Voilà l’un des défis du collectionnement aujourd’hui. Il arrive pourtant que se présentent des événements d’une importance si évidente que l’on a la conviction que l’histoire est en train de s’écrire.
En 1966, le personnel du Bureau du Conseil privé a eu la présence d’esprit de reconnaître l’importance des preuves matérielles du processus de conception du nouveau drapeau national du Canada. Une série de concepts peints, de prototypes en tissu et de documents connexes a donc été transférée par le Conseil privé au Musée national du Canada (aujourd’hui le Musée canadien de l’histoire). Ces archives et artefacts ont dormi sur les tablettes durant de nombreuses années, attendant leur réapparition sous les feux de la rampe.
C’est lors d’un nettoyage des réserves, à l’automne 2013, que les membres de l’équipe de Gestion des collections du Musée ont redécouvert cette série de prototypes du drapeau canadien. Le tout se trouvait dans une enveloppe ordinaire, étiquetée [traduction] « Matériel utilisé lors du débat sur le drapeau ».
L’historien Forrest Pass, Ph. D., était ravi d’examiner de près ces prototypes importants dans l’histoire de la vexillologie. M. Pass est non seulement l’expert-résident en drapeaux au Musée, mais aussi le conservateur de l’expovitrine, Notre drapeau a 50 ans. L’accès à une telle collection a permis au conservateur d’analyser le contexte historique dans lequel les prototypes ont été conçus et d’interpréter leur importance auprès d’un public contemporain. Il y aura toujours plusieurs interprétations possibles des artefacts. Dans le cas du drapeau, M. Pass a pu donner des éclaircissements sur l’évolution du dessin.
La pièce peut-être la plus intéressante de cette collection est un drapeau qui pourrait bien être la première version de celui connu aujourd’hui comme l’emblème du Canada. Ce drapeau arbore une simple feuille d’érable rouge à onze pointes sur un fond blanc entre deux bandes rouges verticales. M. Pass souligne que ce prototype peint « est identique au drapeau que l’on voit souvent déployé, exception faite de la tige de la feuille, coupée en biais, qui permet de l’associer à l’un des tout premiers modèles ».
Se fiant aux notes manuscrites au dos du prototype, M. Pass conclut que ce modèle date de novembre 1964, à peine quelques mois avant que ne soit hissé une première fois le nouveau drapeau, le 15 février 1965.
Le drapeau du Canada, aujourd’hui un symbole reconnu partout dans le monde, inspire une grande fierté aux Canadiens et Canadiennes. C’est grâce aux personnes qui ont participé de près à sa création que le Musée a pu préserver ses prototypes et faire connaître son histoire, de ses origines marquées par un débat politique à sa fabrication finale, en passant par toutes les étapes de l’élaboration du concept.
Si vous souhaitez voir de visu certains prototypes du drapeau, venez découvrir l’expovitrine Notre drapeau a 50 ans, qui sera présentée au Musée canadien de l’histoire jusqu’au 5 juillet 2015.