Des rébellions à la Confédération

Le 25 juillet 2010

30 ans : c’est ce qu’il a fallu aux colonies britanniques d’Amérique du Nord pour arriver à un magistral compromis politique mettant au monde un nouveau pays, le Canada. Il a fallu presque autant de temps – 22 ans – pour que le Musée canadien des civilisations trouve une façon vraiment originale de mettre en exposition le génie de la Confédération. Rendez-vous dans la Salle du Canada!

C’est un périple plein de détours et de soubresauts qui a inspiré les scènes présentées dans la Salle du Canada du Musée canadien des civilisations. Soulèvements armés, cellule de prison, activité militaire, négociations, émeutes et ultimes compromis : voici une façon radicalement différente d’approcher la Confédération. On s’éloigne de l’image maussade des longs débats pacifistes – voire soporifiques! – qui ont eu lieu après 1860…

Le chemin vers la Confédération n’a donc pas été de tout repos : une route cahoteuse, jonchée de conflits, d’erreurs de parcours et de tentatives de corrections. Bref, un processus typiquement humain et dont l’issue politique, elle, fut typiquement canadienne.

Notre exposition s’ouvre sur les célèbres Rébellions de 1837. Si ces soulèvements ne mènent pas aux carnages qui ont marqué la Guerre civile américaine, ils secouent tout de même les colonies du Haut et du Bas-Canada (aujourd’hui Ontario et Québec). Rétablir l’ordre implique une action concertée des troupes britanniques et des milices locales; les mesures de contrôles légales et politiques mènent à des pendaisons publiques et des déportations.

Les Rébellions reflètent l’insatisfaction grandissante des deux colonies face à leurs conditions sociales, économiques et politiques. Dans le Bas-Canada, le nationalisme français ajoute une dimension de plus : la solidarité et la rage. En dépit de la défaite, le mouvement pour la réforme se poursuit au-delà des Rébellions et contribue au remodelage du paysage constitutionnel.

Pendant des années, les dirigeants coloniaux tentent ensuite de résoudre les revendications politiques conflictuelles. Ils doivent trouver un équilibre viable entre les intérêts régionaux, les différences de langues et de religions, les formes de démocraties et le financement des infrastructures publiques. Les débats atteignent leur point culminant sous le leadership impérieux de Sir John A. Macdonald, l’élégant sens de l’état de Sir George-Étienne Cartier, l’éloquence de Thomas D’Arcy McGee, et la solide compétence de plusieurs autres représentants coloniaux.

En 1864, lors de la Conférence de Charlottetown qui réunit les Pères de la Confédération, Macdonald fait usage d’une arme de persuasion infaillible : le champagne français! Le précieux nectar égaie les esprits et semble mettre les parties dans de meilleures dispositions. Ils en viennent à reconnaître les dangers de maintenir deux colonies distinctes, aucune n’ayant la force économique, militaire ou politique pour survivre seule. Une vision se précise : l’union des citoyens de l’Amérique du Nord britannique. Et nous voici aujourd’hui, prêts à souffler les 143 bougies de la Confédération.

La Salle du Canada propose donc un parcours qui passe par la Montgomery’s Tavern en banlieue nord de Toronto, quartier général des chefs de la Rébellion de 1837, la prison montréalaise au Pied-du-Courant, aussi appelée Prison des Patriotes, et les quartiers d’un officier britannique, illustrant le rôle de cette armée dans le maintien de l’ordre et la défense du territoire contre les visées expansionnistes américaines. L’exposition, enrichie d’artéfacts et de gravures d’époque, propose donc un voyage à rebours au cœur des événements clés qui ont mené au grand compromis politique.

La Salle du Canada est le lieu le plus prisé au Canada pour entrer en contact avec notre histoire nationale qu’elle aborde en mettant l’accent sur l’évolution sociale et économique du pays. Cette nouvelle exposition ajoute une dimension politique qui vient enrichir l’expérience des 400 000 visiteurs qui y défilent annuellement.