Fraichement imprimé : Place-Making in the Pretty Harbour 

Pierre M. Desrosiers

À part une orange fraichement pressée, y a-t-il quelque chose qui sente aussi bon qu’une monographie archéologique fraichement sortie de presse? Une opinion très personnelle, me direz-vous. Je tiens néanmoins à vous faire part de mon enthousiasme pour le nouveau livre de Matthew Betts, Place-Making in the Pretty Harbour: The Archaeology of Port Joli, Nova Scotia.  

Il s’agit du 180elivre consacré à l’archéologie dans la collection Mercure, l’un des piliers du Musée canadien de l’histoire. En 1972, le premier livre de cette collection a été publié par William E. Taylor, un livre dactylographié en noir et blanc. Il a été suivi par plus de 485volumes traitant de l’histoire, de la culture, de l’archéologie et de l’ethnologie canadiennes sur près d’un demi-siècle.   

Publication Place-Making in the Pretty Harbour

Gauche : Première publication de la collection Mercure, publiée en 1972. Droite : Place-Making in the Pretty Harbour, le 180e livre consacré à l’archéologie de la collection.

Certes, en ma qualité de fier directeur de la collection, je dois admettre que je ne saurais être considéré comme un critique impartial. Toutefois, il faut souligner le fait que, au fil du temps, l’apparence de la collection a gagné en splendeur : les ouvrages sont maintenant en couleur et imprimés en haute résolution. La collection a également gagné en qualité, passant des publications conçues pour une diffusion rapide à des ouvrages évalués par des pairs et conformes aux normes de recherche les plus élevées. La collection présente également de nombreux autres avantages, tels qu’un soutien à l’obtention de droits pour l’utilisation des images, une stratégie de promotion et une visibilité internationale. Ce point est important pour les auteurs et les autrices qui souhaitent obtenir le plus grand succès possible avec leur nouveau manuscrit.  

Publications de la collection Mercure

Malheureusement, les monographies réunissant tous les aspects d’un projet en un seul volume ont souvent fait défaut dans le domaine archéologique, au profit de courts articles diffusés dans une variété de revues. Matthew Betts inverse cette tendance en rassemblant un grand nombre de spécialistes autour du projet archéologique de Port Joli en Nouvelle-Écosse.

Pour en savoir plus, voyez la vidéo (en anglais).

Cet endroit est connu sous le nom d’Emsik par les Mikmaq, et le livre de Matthew Betts rend hommage à leur grande histoire et à leur longue relation avec les ressources côtières. Les amas coquilliers ainsi que la subsistance basée sur les animaux et les plantes constituent des éléments centraux du livre, qui traite également des outils en pierre et en os et de l’architecture. Tout au long du livre, l’accent est clairement mis sur les gens, le but du projet étant bien plus que de produire un livre. 

« Ça a été une expérience enrichissante pour ma communauté de pouvoir à la fois enseigner à Matthew et aux membres de son équipe tout en apprenant en retour pendant les années de travail à Emsik. C’est un endroit très spécial pour nous et nos ancêtres, du fait des ressources et de l’héritage dont nous disposons ici, mais c’est aussi un endroit exceptionnel pour les archéologues en raison de la richesse et de la multitude des histoires que recèlent les vestiges délicats et uniques de ce lieu, dont beaucoup sont préservés dans les amas de coquillages qui constituaient les repas de nos ancêtres… »  

« Le projet archéologique d’Eseget a été une expérience précieuse pour la Première nation d’Acadia et pour les membres de notre communauté. Matthew nous a offert de multiples possibilités de participer activement aux travaux de recherche archéologique et de contribuer à présenter le projet et notre patrimoine à l’ensemble de la société. C’est un changement important dont la science archéologique actuelle a besoin.»  Chef Deborah Robinson, Première Nation d’Acadia, 2019  

Le livre aborde également l’aspect plus sombre d’une réalité impitoyable : la disparition du patrimoine archéologique canadien à la suite de l’accélération de l’érosion des côtes, qui détruit non seulement les sites côtiers sur l’Atlantique, mais également d’autres sites archéologiques partout au Canada.  

« Les forces inexorables de l’érosion côtière, tout comme le développement et la collecte, continuent de s’attaquer à ces ressources irremplaçables, et il faut absolument que nous renouvelions et intensifiions nos efforts pour localiser, sauver et étudier les quelques sites d’amas coquilliers encore intacts. » Matthew Betts, 2019 

Face à ce problème, M. Betts est déterminé à agir, et à agir vite. Il est donc en train de mettre sur pied un projet pancanadien Mais c’est une autre histoire dont vous entendrez parler dans les années à venir! 

Pour en savoir plus sur la collection Mercure, veuillez visiter press.uottawa.ca/collections/francophonie-et-etudes-canadiennes/mercure.html. 

Pour plus de détails sur le livre de Matthew Betts, veuillez consulter press.uottawa.ca/place-making-in-the-pretty-harbour.html. 

Commentaires élogieux sur l’ouvrage : 

« Le moment fort de mon confinement, jusqu’à maintenant, a été la lecture de Place-Making in the Pretty Harbour. C’est assurément le meilleur et le plus important ouvrage sur l’archéologie des Maritimes publié depuis des décennies… C’est stimulant de lire un ouvrage qui met l’accent sur l’interprétation savante, qui rend un hommage approprié au travail des archéologues de profession et qui relève considérablement la barre en termes de liens créés entre archéologues et peuples autochtones. » David W. Black, archéologue et professeur honoraire en recherche, Département d’anthropologie, Université du Nouveau-Brunswick, mai2020 

Pierre Desrosiers est le directeur de la collection Mercure et le conservateurarchéologie centrale, du Musée canadien de l’histoire.