La murale et le cimentier

Le 25 mai 2009

L’histoire commence en 1957 : la British American Oil Company, grande bienfaitrice des designers, des artistes populaires et des artisans canadiens, commande une œuvre colossale pour orner le hall de son édifice montréalais.

Conçue par Thor Hansen, artiste textile d’origine danoise, et peinte par Umberto Bruni, la fresque de 65 m2 (700 pieds carrés) se fait le témoin de l’épanouissement de l’identité nationale à travers 42 motifs colorés. Du rocher Percé aux chutes Montmorency, en passant par la croix de Gaspé et les coqs de clocher, c’est tout un pan d’histoire qui s’immortalise.

Quand Ciment St-Laurent fait l’acquisition des lieux, la fresque est toujours au poste, accueillant de son kaléidoscope irisé les employés qui la côtoient au quotidien. Pendant plus de 50 ans, cette œuvre magistrale sera une fenêtre sur notre histoire populaire et un témoin de la culture de l’époque, savante interaction entre l’art, l’artisanat, le design et l’architecture.

Son avenir devient incertain lorsque Ciment St-Laurent décide de se départir de l’édifice. Qui voudra de cette œuvre haute de 4 étages? L’entreprise, soutenue par ses employés, propose au Musée canadien des civilisations de lui céder la murale, don assorti d’un généreux financement pour en assurer la conservation. Le MCC ne se fait pas prier.

C’est en 8 panneaux que la grande dame quitte Ville de Mont-Royal pour jouir d’une retraite active en Outaouais. Legris Conservation Inc., une firme spécialisée dans la restauration d’œuvres d’art, veillera à lui redonner son lustre en restaurant les parties de l’œuvre endommagées par le déménagement.

L’acquisition trouvera sa place dans la collection permanente du Musée où elle charmera de ses couleurs et de son histoire les générations futures.

Qui osera dire, après cela, que les cimentiers ont un cœur de béton?!