La réalisation d’Europe médiévale – Pouvoir et splendeur

Jennifer Millar

Le Moyen Âge, qui s’étale des années 400 aux années 1 500 de notre ère – soit depuis la chute de Rome jusqu’au début de la Renaissance – est une époque qui évoque des châteaux, des chevaliers, des pèlerinages, des croisades, des épidémies de peste et l’amour courtois. Nous avons discuté avec la conservatrice Bianca Gendreau afin de découvrir comment elle et l’équipe chargée de l’exposition avaient réussi à présenter, dans une exposition exceptionnelle, des centaines d’artefacts, de récits et de personnages légendaires.

Europe médiévale – Pouvoir et splendeur Zone 3 : Le pouvoir royal, photo de Janet Kimber

Europe médiévale – Pouvoir et splendeur Zone 3 : Le pouvoir royal, photo de Janet KimberChaque exposition mobilise une vaste équipe de spécialistes. Le noyau de l’équipe d’Europe médiévale – Pouvoir et splendeur a réuni la conservatrice, un concepteur, un gestionnaire de projet et un spécialiste de l’interprétation. « Chaque point de vue était crucial, affirme Mme Gendreau. Chaque décision a fait l’objet de maintes réflexions et discussions, et nous avons respecté les compétences uniques et l’expertise particulière de chacun des membres de l’équipe. »

Pour présenter Europe médiévale, le Musée canadien de l’histoire s’est associé au British Museum, une institution reconnue mondialement. Bien que de nombreux artefacts proviennent des collections de ce musée, Europe médiévale n’a rien d’une exposition clés en main. Dès le début, l’équipe a dû travailler d’arrache-pied pour mettre son empreinte sur cette exposition.

Le British Museum a prêté plus de 200 trésors, dont un grand nombre n’avaient jamais encore été présentés au Canada. Ces artefacts étaient magnifiques, mais l’équipe responsable de l’exposition en voulait quelques-uns de plus. Plus précisément, elle désirait présenter des artefacts caractéristiques de l’époque. « Nous tenions à inclure certains objets associés au Moyen Âge, indique Mme Gendreau. Par exemple, comment pourrait-on parler de cette période sans présenter des tapisseries, des manuscrits ou des armures? » L’équipe a emprunté des objets d’autres musées pour compléter l’impressionnante collection du British Museum.

L’équipe de l’exposition avait aussi le public nord-américain en tête lorsqu’elle a choisi le contenu. Des études de marché ont révélé que la population canadienne était déjà bien renseignée sur le Moyen Âge, mais qu’elle était avide d’en savoir plus. L’équipe a ainsi ajouté un tableau interactif au cœur de l’exposition pour donner des informations plus détaillées sur certains personnages médiévaux bien connus, réels – comme le roi Louis IX – ou mythiques – comme Robin des Bois et le roi Arthur. « C’était une façon pour nous de donner des renseignements plus approfondis sur des personnages familiers, tout en les associant aux lieux et aux événements clés de l’époque, explique Mme Gendreau.

Europe médiévale – Pouvoir et splendeur Zone 4 : Les lieux et les personnages du Moyen Âge, photo de Janet Kimber

L’équipe a également pensé à son public canadien en ajoutant une dernière zone à l’exposition. Intitulée Héritage médiéval, celle-ci explore le patrimoine médiéval européen qui imprègne encore aujourd’hui l’Amérique du Nord. « Le Canada n’a pas eu de Moyen Âge, affirme Mme Gendreau, mais de nombreuses valeurs, influences et coutumes médiévales continuent de marquer notre pays. Il suffit de penser aux édifices de notre Parlement ou aux valeurs inscrites dans notre Charte des droits et libertés. Souvent considérées comme des idéaux modernes, ces principes ont pourtant pris forme au Moyen Âge, ce dont témoignent notamment les limites imposées au pouvoir royal par la Magna Carta de 1215. »

Une fois satisfaite du contenu de l’exposition, l’équipe s’est concentrée sur la présentation. « Monter une exposition, c’est comme créer une bonne histoire », explique Mme Gendreau. Comme le savent tous les bons conteurs, le succès d’une histoire dépend non seulement du sujet, mais aussi de la façon dont elle est racontée.

L’équipe a utilisé des éléments de design, comme la disposition, l’éclairage, la couleur et la musique, pour plonger le public dans l’histoire de l’Europe médiévale. Plus particulièrement, elle a conçu toute l’exposition de manière à évoquer un château médiéval et ses environs. Par exemple, le contenu portant sur le pouvoir royal est présenté dans la grande salle d’un château, tandis que des artefacts liés à l’amour courtois se trouvent dans un décor de jardin. Le public peut également explorer la chapelle d’un château ou une rue médiévale achalandée. La musique change dans chaque zone. Cependant, l’équipe n’a pas cherché à reconstituer un château; elle s’est plutôt employée à en recréer l’atmosphère. « C’est une impression, dit Mme Gendreau, pas une réplique. Nous avons pris soin de ne pas aller trop loin. Il s’agit d’un regard contemporain sur l’époque médiévale. »

Europe médiévale – Pouvoir et splendeur Zone 5 : les trésors célestes, photo de Janet Kimber

Si Mme Gendreau associe l’élaboration d’une exposition à la narration d’une histoire, elle nous offre aussi une autre comparaison : « C’est comme cuisiner. Comme on doit combiner plusieurs ingrédients pour obtenir un résultat final, il faut une bonne recette. » Dans ce cas, la recette faisait appel à des choix de contenu minutieux, à des centaines d’artefacts magnifiques, à des éléments de design créatifs et à un solide travail d’équipe. « Les membres de l’équipe ont vraiment bien travaillé ensemble, conclut Mme Gendreau. L’expérience, stimulante pour tout le monde, s’est déroulée dans un profond respect. Toute l’équipe est heureuse des résultats. » À en juger par les commentaires élogieux des personnes qui ont visité l’exposition, le public est lui aussi enchanté.