Le défi de l’acoustique sous le dôme

Sylvain Raymond

Les visiteurs ne se soucient pas de l’acoustique, sauf si cet aspect a été oublié. Nous sommes alors frappés par son absence : l’écho se répercute sur les murs, et le son d’une exposition se mêle à celui de la suivante. Il y a tant de sources de son dans un musée, de la foule des visiteurs aux appareils de conditionnement de l’air, que le risque de tintamarre chaotique est énorme.

Il est certes difficile de maîtriser le son dans un milieu vaste et ouvert comme celui de la nouvelle salle de l’Histoire canadienne, mais que faire si l’on tient à conserver une architecture grandiose? Qui plus est si cette architecture, frappante sur le plan visuel, agit comme une gigantesque salle d’écho? Nous parlons ici du magnifique plafond en forme de dôme de la salle.

L’équipe d’exposition, dirigée par Chantal Amyot et dont fait partie Douglas Cardinal, le renommé architecte du musée, ont fait appel à un expert de la conception acoustique, Steve Haas. Parfois appelé le « policier du son », Haas se spécialise dans l’acheminement et la maîtrise du son. Il a immédiatement perçu que le principal défi acoustique posé par la salle était son dôme.

La solution employée pour relever le défi acoustique du dôme a été de traiter le plafond en pulvérisant un matériau fibreux. Il a fallu une planification soignée et… beaucoup d’échafaudages.

La solution employée pour relever le défi acoustique du dôme a été de traiter le plafond en pulvérisant un matériau fibreux. Il a fallu une planification soignée et… beaucoup d’échafaudages.

L’équipe devait trouver un moyen de « maîtriser » le dôme sur le plan auditif sans en compromettre la dimension iconique. Ainsi que l’explique M. Haas, le plafond doit agir comme une toile sonore neutre. « Il faut se demander ce qu’il advient de l’enregistrement audio d’une exposition lorsqu’il déborde de l’auditoire, précise-t-il. Le son doit être absorbé, d’une façon ou d’une autre. »

Si rien n’était fait à son niveau, le dôme ne pourrait absorber le son. Au lieu de cela, il le renverrait, le faisant rebondir, dans le reste de l’espace. Ce serait comme aménager une galerie d’art dont les murs seraient entièrement faits de verre, explique Haas. Imaginons que nous essayions de regarder une peinture dans l’éblouissement d’un jour ensoleillé; tous les détails seraient estompés. Il faut un écran afin que les objets exposés puissent être examinés distinctement. Il est certain que l’on ne peut voir les barrières anti-son, mais si elles sont absentes, tous le remarqueront.

La solution consistait à traiter les 30 000 pieds carrés du plafond en pulvérisant un matériau fibreux. Comme toutes les choses qui valent la peine, c’était un dur travail. Il a fallu du temps, une longue planification soignée et beaucoup d’échafaudages, explique Mme Amyot. « C’était un processus très complexe, dit-elle, mais une grande partie du puzzle est maintenant en place! »

Et l’effort consenti par l’équipe pour préserver diverses caractéristiques architecturales emblématiques, dont celle-ci, en valait certainement la peine. « Ce lieu a une âme, explique Mme  Amyot. Il vit et respire son contenu d’une façon agréable à l’oreille, en harmonie. »

Fort heureusement, grâce au travail extraordinaire de l’équipe et à son souci du détail – même invisible –, le nouvel espace sera aussi harmonieux sur le plan sonore que sur le plan visuel lorsqu’il ouvrira ses portes, le 1er juillet 2017.

Pour en savoir plus sur cette question, voir aussi notre billet La psychoacoustique ou la dimension sociale du son.