L’expérience humaine constitue la trame de la salle de l’Histoire canadienne

Glenn Ogden

L’équipe de la salle de l’Histoire canadienne s’est vu confier la création d’une exposition couvrant une période de 15 000 ans. En nous attelant à la tâche, nous nous sommes posé une première question : comment transmettre les récits de personnes ayant vécu dans le passé de manière à toucher les visiteurs? Notre objectif était d’aller au-delà des faits et gestes bien documentés des dirigeants et des élites du pays pour explorer plutôt les vies d’enfants, de femmes et d’hommes ordinaires. Divers facteurs nous ont poussés dans cette direction, entre autres une consultation menée auprès du public canadien entreprise en 2012-2013 et les commentaires des comités consultatifs de la salle, composés de représentants des milieux universitaires et communautaires.

Gourde couronne. Inscription (traduction) : John Elliot a fabriqué cette gourde. En la voyant, pensez à moi, 1846 Collection John et Heather Harbinson. Musée canadien de l’histoire, 2007.22.41

Gourde couronne. Inscription (traduction) : John Elliot a fabriqué cette gourde. En la voyant, pensez à moi, 1846
Collection John et Heather Harbinson. Musée canadien de l’histoire, 2007.22.41

Pour atteindre notre objectif, nous avons fait nôtre un principe directeur, que nous avons appelé l’« expérience humaine ». Ce principe compte parmi les six élaborés pour guider nos décisions relativement au contenu de l’exposition et à la façon de le présenter. Nous avons défini le concept de l’expérience humaine comme suit :

« L’histoire du Canada se compose d’expériences vécues par des gens qui ont réellement existé, et ce sont leurs histoires et leurs expériences qui forment le cœur de cette exposition. Divers aspects de l’expérience humaine, comme les thèmes universels, l’expression des émotions et la perception des sens aident à transcender le temps et l’espace, et à établir des liens profonds entre les sujets de l’exposition et ses visiteurs. »

Nous avons ensuite examiné attentivement le synopsis de l’exposition dans une série d’ateliers traitant de l’« expérience humaine ». Il nous importait d’humaniser le contenu, plus particulièrement lorsque les protagonistes étaient inconnus et n’avaient laissé que peu de preuves documentaires de leur passage. Pour chaque récit, nous nous sommes demandé qui étaient les acteurs et quels points de vue nous devrions transmettre. Nous avons sondé les activités ou expériences qui nous semblaient importantes à relater. Nous avons également examiné les qualités « émotionnelles » de chaque récit et tenté de dégager des thèmes universels pour favoriser le contact avec les visiteurs. Cet exercice nous a aidés à tisser la trame narrative; il nous a inspiré le choix d’artefacts pour illustrer les récits et des idées originales pour concevoir des histoires captivantes.

Rouet, début des années 1800. Musée canadien de l’histoire, D-8830

Rouet, début des années 1800. Musée canadien de l’histoire, D-8830

C’est cette trame reconstituée, résultat de l’attention constante que nous portions à l’expérience humaine, qui a façonné les galeries que vous pourrez voir dans la salle de l’Histoire canadienne dès le 1er juillet 2017. Par exemple, dans la Galerie 2, l’un des récits est axé sur la transformation du Canada colonial par les vagues d’immigration anglophone massives et mettent en relief le peuplement du Haut-Canada. Pour aider à humaniser une histoire d’une telle envergure, nous avons sélectionné des objets pouvant susciter une connexion personnelle ou faciliter l’interprétation du quotidien. Ainsi, pour donner vie à l’immigration, nous avons décidé de présenter une malle utilisée par l’immigrant irlandais Thomas Elliot. Nous avons aussi choisi avec soin divers artefacts évoquant le monde du travail et la vie domestique, des artefacts qui donnent un aperçu de la façon dont les familles défrichaient la terre, gagnaient leur vie, fondaient un foyer et passaient leurs journées. Enfin, nous avons donné la parole aux gens en faisant entendre l’enregistrement de témoignages de colons qui ont été reconstitués d’après des passages tirés de quotidiens et de journaux intimes qui datent de près de deux siècles.

Nous espérons que, grâce à cette approche perceptible dans toute la salle, l’exposition touchera personnellement les visiteurs sur le plan humain.