L’Orient rencontre…le Nord

Le 25 février 2011

Novembre 1958. L’artiste et fonctionnaire canadien James Houston débarque à Tokyo. Sa mission : apprendre les techniques de la gravure sur bois traditionnelle japonaise. L’histoire pourrait s’arrêter là si, quelques mois plus tard, Houston n’était rentré au pays pour transmettre son nouveau savoir à la communauté de Cape Dorset, sur l’île de Baffin. Le Musée canadien des civilisations s’est penché sur ces liens peu connus entre graveurs japonais et inuits. Un parcours fascinant au cœur des échanges interculturels.

L’art sur la banquise

Les Inuits l’appelaient affectueusement Saumik, « le gaucher ». Né à Toronto en 1921, James Houston a étudié les arts à l’Ontario College of Art et a foulé pour la première fois la neige du Grand Nord en 1948. Il est alors tombé en amour avec l’art inuit – et les Inuits eux-mêmes. Quelques années plus tard, à titre de fonctionnaire fédéral, il commence à travailler au développement et à la reconnaissance mondiale de l’art inuit.

Houston a laissé sa marque à Cape Dorset en aidant les artistes à mettre sur pieds le studio coopératif de création artistique, West Baffin Eskimo Co-operative. Encore aujourd’hui, le studio de renommée internationale est un des joyaux de cette communauté nordique.

Mais pour permettre le développement des techniques de gravure, Houston devait lui-même les maîtriser. C’est ainsi qu’il s’est rendu au Japon, pays fier d’une tradition millénaire, où il a étudié avec certains des plus grands artistes contemporains, dont Un’ichi Hiratsuka. De ce séjour, il rapporte non seulement un nouveau savoir, mais aussi une collection d’estampes japonaises qui serviront d’inspiration à la création d’un art inuit unique. Cette alchimie culturelle donne aujourd’hui naissance à une étonnante exposition : Estampes inuites…inspiration japonaise.

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Des estampes itinérantes

Bien que Houston ait largement documenté son périple japonais, peu de détails en étaient publiquement connus. Un travail de moine attendait donc Norman Vorano, conservateur de l’art inuit contemporain au Musée canadien des civilisations.

À partir des croquis de Houston et d’entrevues personnelles, Vorano recréa son itinéraire et mis au jour la richesse des échanges culturels qu’il a entretenus avec certains des plus grands artistes japonais contemporains. Et c’est au prix de mois d’investigation que le conservateur a réussi à identifier la plupart des estampes que Houston avait rapportées du Japon. En juxtaposant ces estampes et les premières créations des artistes de Cape Dorset, il est maintenant possible de mieux comprendre comment les graveurs inuits ont adapté, adopté ou rejeté les techniques de l’Extrême-Orient.

Inuit Cover

L’exposition née de ces recherches présente des pièces originales rares, dont certaines des estampes les plus anciennes de Cape Dorset, ainsi que les authentiques estampes japonaises rapportées par Houston. Le projet illustre les liens qui unissent le Japon et le Grand Nord et est un merveilleux exemple de ce que peuvent produire les échanges interculturels.

Un parcours fascinant dont le résultat est présenté à l’ambassade du Canada à Tokyo jusqu’au 15 mars 2011. L’exposition itinérante fera ensuite l’objet d’une tournée internationale qui, bien sûr, l’amènera au Canada. Cliquez ici pour consulter le calendrier des expositions itinérantes.

Vous voulez en apprendre plus sur les liens étonnants qui unissent le Japon et Cape Dorset? Procurez-vous le magnifique catalogue de l’exposition Estampes inuites…inspiration japonaise à la librairie du Musée canadien des civilisations ou à la Cyberboutique.