Mode de survie

Le 25 avril 2011

Ils étaient mus par le désir de découvrir des territoires inexplorés et de dépasser les limites de nos connaissances. Pour élargir nos horizons géographiques, biologiques et culturels, ils étaient prêts à affronter un des climats les plus hostiles : le froid sans limites du Grand Nord canadien. Mais les hommes qui s’embarquèrent pour l’Expédition canadienne dans l’Arctique de 1913-1918 avaient-ils l’équipement adéquat pour affronter ce climat inhospitalier? Coup d’œil dans les valises d’une mission périlleuse.

Entre courage et témérité

Deux équipes s’étaient partagé le territoire : l’équipe Nord, sous la direction de l’explorateur Vilhjalmur Stefansson, visait à affirmer la souveraineté du Canada dans l’Arctique en découvrant de nouvelles terres; l’équipe Sud, dirigée par le zoologue Dr Rudolph Anderson, s’attarderait plutôt à la vie des Inuits, à l’étude de la flore, de la faune et des ressources géologiques; elle recueillerait aussi des artefacts pour les collections du Musée national du Canada.

Malgré les coups durs qui marquèrent la première année – de nombreux membres de l’équipe Nord périrent quand le bateau mère est écrasé par les glaces –, les retombées de l’expédition seront importantes pour le Canada. L’équipe Nord redessinera la carte du Nord canadien, découvrant quatre grandes îles qui s’ajouteront à notre territoire et corrigeant d’importantes erreurs dessinées par les explorateurs précédents.

De son côté, l’équipe Sud achèvera la cartographie détaillée de la côte de l’Arctique et ramène à Ottawa des milliers de spécimens d’animaux, de plantes, de fossiles et de roches, des milliers d’artefacts représentatifs des Inuits, et environ 4 000 photographies et 2 740 mètres de film. Elle contribuera ainsi à faire connaître la culture unique des habitants des régions nordiques.

Mais toutes ces découvertes n’auraient pu se concrétiser sans l’aide inestimable de cette population locale qui savait dompter le climat inhospitalier du Grand Nord. Guides, chasseurs, couturières : les liens tissés avec les Inuits permettront aux explorateurs de comparer la technologie du sud au savoir-faire du Nord.


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De pied en cape

Un des grands problèmes auxquels seront confrontés les membres de l’Expédition canadienne dans l’Arctique est la cécité des neiges. En effet, la réflexion du soleil sur la neige peut créer un aveuglement temporaire très douloureux. Il apparaîtra rapidement que les nombreux modèles de lunettes industrielles à verre teinté apportés du Sud sont nettement moins efficaces que les lunettes inuites. Celles-ci, faites de bois ou d’os, couvrent complètement les yeux; seule une mince fente horizontale permet de voir.

Ces lunettes astucieuses, dont on retrace l’arrivée chez les Inuits du Canada il y a environ 800 ans, seront pour les membres de l’Expédition un élément essentiel de leur adaptation.

Les explorateurs découvrent aussi les chauds vêtements confectionnés par les Inuits de la région. Les parkas en peau de caribou assurent une protection contre le vent et le froid et les couturières inuites qui accompagnent les équipes assurent la fabrication et la réparation de ces vêtements.

Mais ce sont les chaussures et les bottes qui s’avèrent tout particulièrement importantes. Les chaussures en peau de phoque fabriquées par les Inuits sont portées la nuit, pendant que les bottes de peau sèchent; elles offrent aussi une protection supplémentaire, en période de froid intense, alors qu’on les porte par-dessus les bottes d’hiver.

Nombre d’exemplaires de ces vêtements et lunettes ont été rapportés à Ottawa à la fin de l’Expédition. Témoignages des échanges enrichissants qui ont marqué cette rencontre mémorable entre le Nord et le Sud et font maintenant partie de la collection du Musée canadien des civilisations. Certains seront présentés dans le cadre de l’exposition Expédition : l’Arctique, du 21 avril 2011 au 15 avril 2012.