Notre histoire à coups de truelles

Le 25 août 2010

Quand on pense archéologie, des sites célèbres nous viennent en tête : les pyramides d’Égypte, Pompéi, Persepolis, le Machu Picchu. Combien de pages d’histoire ont-ils permis d’écrire? Plus près de nous, on pensera peut-être à la Place royale, à Québec, ou le précipice à bisons Head-Smashed, en Alberta. Et si on allait voir du côté des plages de la Nouvelle-Écosse? En fouillant un peu, on y fait bien des découvertes.

Deux mille ans de palourdes

Comment vivaient les Premiers Peuples du Canada atlantique? Certaines réponses se cachent à Port Joli, une baie peu profonde de la côte sud de la Nouvelle-Écosse. C’est là qu’une équipe de chercheurs dirigée par Matthew Betts, Ph.D., conservateur de l’Archéologie des provinces de l’Atlantique au Musée canadien des civilisations, a décidé d’élire domicile pour une partie de l’été. La mission du Projet E’se’get : en apprendre un peu plus sur le mode de vie des Mi’kmaq qui y vivaient déjà il y a 2000 ans.

Des côtes balayées par les vagues et le vent depuis de si longues années peuvent sembler un lieu étrange de recherche, mais ici, les fouilles se font plutôt dans d’importants amas de coquillages, principalement de myes, de moules et d’escargots. Ces amas sont en fait d’anciens résidus de repas formant donc des «tas de déchets». La très haute concentration en carbonate de calcium des coquillages a transformé le sol acide des Maritimes, où os d’animaux et bois de cervidés sont normalement dissous, en véritable coffre au trésor de restes organiques. Poissons, animaux, os d’oiseaux, outils en pierre et fragments de poterie s’apprêtent donc à révéler leurs secrets.

Mis en branle en 2008, le Projet est porté par un nombre impressionnant de partenaires et de collaborateurs : outre le Musée, la Première Nation Acadia, l’Université du Nouveau-Brunswick, le ministère provincial des Ressources naturelles, y participent activement.

Archéologie 2.0

Le Projet E’se’get est aussi remarquable en raison de sa valeur éducative et de l’implication de la communauté : des élèves mi’kmaq y recevront une formation en archéologie, tout en vivant l’expérience traditionnelle de camp; les habitants de la région et les touristes, eux, pourront assister, aux premières loges, à toutes les étapes des fouilles.

© Matthew BettsMais le partage d’expérience ne s’arrête pas là. Conscients que seul un petit nombre auront la chance de faire le voyage jusqu’au parc provincial Thomas Raddall, Matthew Betts et son équipe ont décidé de mettre le Web au service de l’archéologie. Ainsi, par le biais d’un blogue, ils partagent avec nous les hauts et les bas de leur grande aventure.

Vous voulez voir de visu ce qui se cache sur les rives de Port Joli? Des préparatifs de départ aux repas quotidiens, en passant par les techniques de fouilles et les artefacts découverts à ce jour, le travail d’archéologue n’a plus de secrets – ou presque.

Truelles Marshalltown et « stratigraphie d’un sandwich » vous attendent !