Point de vue d’un initié : trouver l’inspiration dans une cité grecque antique

Jean-François Léger

Le cercle A des tombeaux de Mycènes et la porte des Lionnes (coin supérieur droit)

Le cercle A des tombeaux de Mycènes et la porte des Lionnes (coin supérieur droit)
Photo : Andreas Trepte/Wikimedia Commons

Certaines expériences de vie ont le pouvoir de nous transformer à jamais. J’ai vécu une telle expérience en Grèce l’année dernière, alors que je travaillais à la réalisation d’une importante exposition internationale, Les Grecs – D’Agamemnon à Alexandre le Grand.

Mon rôle au Musée canadien de l’histoire consiste à imaginer et à élaborer pour nos visiteurs une expérience de visite cohérente et stimulante. Et je me suis retrouvé en Grèce pour tenter de mieux comprendre la Grèce antique, tout en restant à l’affût de ces types d’expériences que notre équipe pourrait concevoir pour les visiteurs. En conduisant d’Athènes à Mycènes, dans le Péloponnèse, je contemplais un paysage qui, avec ses pentes escarpées et ses champs d’oliviers, apporterait la toile de fond à tout ce que je verrais et vivrais un peu plus tard ce jour-là.

Une fois arrivé au célèbre site archéologique de Mycènes, je ressentais déjà cette sensation indescriptible de l’esprit du lieu en parcourant l’allée menant à la porte des Lionnes et en pénétrant à l’intérieur de la citadelle aux murs en pierre massifs. J’étais en compagnie d’archéologues grecques qui étaient de véritables encyclopédies vivantes quant aux connaissances sur cette forteresse ancienne, ses habitants et ses lieux de sépulture. Nous marchions ensemble, au cœur de la citadelle dont je contemplais les vestiges : des murailles sinueuses formées de blocs de pierre parfaitement imbriqués. Nous parlions des hommes et des femmes de Mycènes – de leurs vies, de leurs coutumes et de leurs croyances. Et nous examinions attentivement les artefacts exposés dans le musée adjacent au site.

J’ai alors éprouvé quelque chose de tout à fait unique. J’ai vraiment eu l’impression, au sommet de cette colline en train d’écouter mes guides, que j’entrais en contact réel et immédiat avec l’héritage immortel de la Grèce. Et je me suis rendu compte que cette visite guidée, cette rencontre avec l’histoire, le savoir et le paysage, représentaient la même expérience multidimensionnelle que nous cherchions à offrir aux visiteurs du Musée canadien de l’histoire. Les idées, les objets et les récits de cette terre légendaire se sont tous associés dans mon esprit pour composer un moment mémorable et magique.

Voilà ce que nous voulons offrir aux visiteurs de l’exposition Les Grecs, c’est-à-dire plus qu’un simple survol des jalons de l’histoire, ponctué de listes arides de dates et de faits. Nous les convions plutôt à vivre une expérience multidimensionnelle, un parcours dont le concept et le contenu narratif sont novateurs. Comme je l’ai moi-même vécu à Mycènes, j’espère que nos visiteurs se sentiront interpellés par l’exposition de quatre façons, différentes, mais indissociables : par l’admiration que suscitent l’incroyable savoir-faire artisanal et la splendeur de remarquables joyaux du patrimoine mondial; par la stimulation que provoquent des idées intéressantes ayant survécu au passage des années; par l’immersion dans l’univers des anciens héros grecs que proposent leurs mythes et légendes; et par la sensation, même furtive, de se retrouver sur les sentiers d’une Grèce éternelle et que leur procurerait l’exposition.