Trous de mémoire

Le 25 juin 2011

Les découvertes archéologiques mêlent souvent une intime connaissance du territoire, une bonne dose de persévérance…et un brin de chance. On creuse et creuse; on sasse et ressasse. Et puis, au fond d’un trou, c’est tout un pan d’histoire qui se matérialise : vestiges d’habitations, tessons de vaisselle, pointes d’armes ou outils; le passé reprend vie.

Visite archéologique dans le sud de l’Ontario…

Retournons 11 000 ans en arrière. C’est l’époque du paléo-indien inférieur. La population de l’Ontario est alors estimée quelques centaines de personnes réparties en petites communautés de chasseurs nomades. Autour d’eux, les glaciers ont commencé à fondre, créant d’immenses lacs – et la mer de Champlain, plus à l’est – et dégageant des terres à perte de vue. Un pays émergeait et quelques-uns de ses premiers secrets sont maintenant mis au jour.

Qui cherche trouve…

L’aventure commence avec le projet de construction d’une autoroute à Hamilton, la Red Hill Creek Expressway. Comme pour tout grand chantier, les lois provinciales exigent que des fouilles soient effectuées pour s’assurer que les travaux ne détruisent pas un site archéologique important. De nombreuses firmes de consultants spécialisés se partagent ainsi l’exploration et sont ensuite responsables de la conservation des artefacts découverts.

Le campement paléo-indien du site de Mount Albion West, là où devait passer l’autoroute, a été exploré pendant 25 ans. La dernière phase de recherche, effectuée entre 1998 et 2004, s’est révélée d’une grande richesse : un nombre impressionnant d’outils de pierre taillée fabriqués de chert et de calcédoine y ont été découverts. Ces outils étaient utilisés pour la chasse, le traitement des peaux, des bois et des os. Des pointes de projectiles cannelées pour être fixées à des hampes, des grattoirs, des couteaux, des foreurs et des perforateurs, tous fabriqués de chert ou de calcédoine, sont autant d’illustrations du mode de vie des tout premiers habitants de la province.

Mais qu’allait-on faire de tous ces artefacts? Bien catalogués, ils sont allés rejoindre les trésors arrachés à d’autres sites de la région, dans les entrepôts d’Archaeological Services Inc., la compagnie responsable des fouilles. Jusqu’à ce que…

Retrouver la mémoire

Qui connaît un peu le Musée canadien des civilisations sait que son travail va bien au-delà de la présentation d’expositions. Son mandat stipule d’ailleurs qu’il doit travailler à découvrir, à préserver et à faire connaître le patrimoine du Canada pour les générations actuelles et futures.

C’est donc dans cette optique que Ronald Williamson, Ph. D., fondateur d’Archaeological Services Inc. et Jean-Luc Pilon, conservateur de l’Archéologie de l’Ontario au Musée canadien des civilisations, ont travaillé pour que les milliers d’artefacts de trois importants sites du sud de l’Ontario, dont celui de Mount Albion West, trouvent refuge chez nous. Le Musée en assurera la préservation, tout en les mettant à la disposition des autres musées, des chercheurs, des Premières Nations et des collectivités de tout le Canada.

Aux artefacts de notre campement paléo-indien s’ajoutent donc ceux de l’ancienne résidence d’un important chef militaire loyaliste et agent des Affaires indiennes – le site de la résidence du Col. John Butler, près de Niagara-on-the-Lake – et un très vaste village huron occupé tout juste avant l’arrivée des Européens – le site de Mantle à Whitchurch-Stouffville.

En prenant en charge ces impressionnantes collections et en les rendant accessibles, le Musée contribue donc à lever le voile sur des pans importants de notre histoire collective.


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