Volumineux artefact, espace restreint : Réassembler la sculpture ‘namaxsala : une tâche qui exige précision et patience

John Staunton

La sculpture ‘namaxsala (voyager ensemble dans un bateau) de Mary Anne Barkhouse est une œuvre saisissante. Comme il convient, elle est présentée dans l’un des bassins extérieurs adjacents à la Grande Galerie, là où se trouve l’exposition que consacre le Musée à l’histoire, aux cultures et aux croyances des Premiers Peuples de la côte ouest du Canada. La sculpture prend la forme d’un immense canot, d’une longueur d’environ 5 mètres. Fait de feuilles de cuivre et de supports en acier inoxydable, il est plutôt fragile. La partie centrale de la sculpture, la louve, montée sur une colonne de granit et de béton à la poupe du canot, se détache du reste. La base du canot, un bloc de béton coulé, repose sur des roches de rivière se trouvant au fond du bassin. Tard à l’automne 2014, nous avons retiré le canot pour régler un problème bénin qui touchait le point de fixation des pieds aux flancs du canot. La louve, une composante distincte du reste de la sculpture, est restée sur place pendant tout l’hiver, attendant le retour du canot. J’expliquerai dans ce billet comment nous avons réassemblé canot et louve plus tôt ce printemps. Dans l’image ci-dessous, vous pouvez voir à la poupe et au centre du canot les pieds et supports, auxquels sont fixées des sangles de levage. Le poids des parois de cuivre est soutenu par ces deux traverses, de même que par une troisième qui se trouve à la proue. Pour retirer le canot, il fallait répartir la charge le plus également possible entre ces points, pour éviter de tendre ou de déformer le cuivre et procéder en adoptant un angle de levage strictement perpendiculaire à la sculpture.

La poupe et les supports centraux, avec les sangles de levage.

La poupe et les supports centraux, avec les sangles de levage.

J’ai utilisé un palonnier de 3 mètres pour retirer le canot en toute sécurité. Dans l’image ci-dessous, vous pouvez voir deux membres de notre équipe en train d’attacher une sangle de levage unique qui est fixée à la poupe. Nous avons fait passer la sangle à travers une première manille directement au-dessus de la poupe, puis à travers une deuxième manille afin de la nouer au support central. Cette sangle unique nous a permis de répartir également le poids du canot pendant que nous le levions.

On attache une sangle de levage au canot.

On attache une sangle de levage au canot.

À cette étape, j’ai fait signe à l’opérateur d’une grue de soulever le palonnier, qui exerçait une légère tension sur la sangle. Nous avons ensuite fixé une troisième sangle, réglable, à la proue. Il était alors assez simple de veiller à ce que chaque sangle maintienne une même tension. L’unité entière a ensuite été soulevée de façon à la faire pivoter au-dessus de sa base.

On s’apprête à réinstaller le canot sur la base de la sculpture.

On s’apprête à réinstaller le canot sur la base de la sculpture.

Et maintenant l’étape la plus difficile! La louve s’emboîte étroitement dans la poupe, laissant un jeu d’à peine plus de 1 cm entre sa base de granit et les flancs du canot. Cela nous obligeait à aligner parfaitement la louve et le canot sur sa base avant de commencer à l’abaisser. Pour y parvenir de la manière la plus sécuritaire possible, en protégeant à la fois le canot et la louve, j’ai recouvert cette dernière d’une housse matelassée. Une fois le canot abaissé et bien en place, nous devions l’immobiliser et le fixer solidement à sa base à l’aide de boulons. Nous voulions éviter l’affaissement d’une extrémité, alors que l’autre était déjà rivetée, car le cuivre aurait pu se tordre. Une fois l’opération réussie, nous avons retiré les sangles, sécurisé le canot à la base et rempli le bassin d’eau. Le canot et la louve étaient enfin réunis.

 ‘namaxsala (voyager ensemble dans un bateau), de Mary Anne Barkhouse.

‘namaxsala (voyager ensemble dans un bateau), de Mary Anne Barkhouse.

Pour en savoir plus sur ‘namaxsala : museedelhistoire.ca/maryannebarkhouse