Volumineux artefact, espace restreint : un canot de sept mètres

John Staunton

Depuis environ six mois, je traverse le Canada tous les jours – généralement d’ouest en est – et c’est chaque fois une expérience mémorable. Quand je dis « le Canada », je parle en réalité de la salle du Canada au Musée canadien de l’histoire, où je supervise le déménagement de tous les artefacts en prévision des travaux de rénovation qui y seront réalisés d’ici juillet 2017.

La salle comptait au départ plus de 11 000 artefacts et autres objets à retirer, dont beaucoup étaient lourds et volumineux. Cette tâche n’incomberait certainement pas à une seule personne. À titre de coordonnateur des collections au Musée canadien de l’histoire, je faisais partie d’une équipe composée d’employés chargés des collections et de la préparation des objets, équipe à laquelle se joignaient des entrepreneurs de l’extérieur.

Si vous avez déjà visité la salle du Canada, vous vous rappellerez sans doute que les visiteurs devaient emprunter un itinéraire sinueux qui traversait les époques et les aires d’exposition. Voilà certes une excellente façon de tirer le meilleur parti de l’espace, mais elle soulève de sérieuses difficultés une fois le temps venu d’enlever les objets, surtout les plus gros.

Des spécialistes transportent le canot de sept mètres.

Des spécialistes transportent le canot de sept mètres. Photo par Steven Darby.

En effet, les artefacts volumineux posent souvent un défi, en raison de leur taille, de leur poids et, dans certains cas, de leur fragilité. Je pense entre autres au grand canot d’écorce de bouleau qui trônait dans l’exposition sur le commerce de la fourrure. Ce canot mesure environ 7 mètres (24 pieds) de long, et le placer en diagonale dans notre monte-charge n’est pas une mince tâche. Heureusement, il est relativement léger – environ 80 kilos.

Pour déplacer ce canot, j’avais décidé de le laisser sur son plat-bord, tel qu’il avait été exposé. Nous avions aussi installé une longue palette sur un chariot surélevé pour y déposer le canot et le faire sortir aisément de l’aire d’exposition.

Pour faire sortir le canot de la salle du Canada, située à l’un des étages supérieurs du Musée, je ne disposais que de deux solutions.

La première consistait à entasser huit ou neuf personnes dans le monte-charge et à leur demander de tenir le canot. Même si nos monte-charges sont larges, il aurait quand même fallu y placer le canot en diagonale de manière à ce que ses deux extrémités soient alignées avec le coin supérieur droit et le coin inférieur gauche du monte-charge. On aurait pu ainsi y loger le canot, mais avec peine. La deuxième solution consistait à faire descendre le canot par un puits de lumière jusqu’au premier étage, un puits profond d’environ 15 mètres.

Des spécialistes préparent le canot pour le descendre quinze mètres plus bas.

Des spécialistes préparent le canot pour le descendre quinze mètres plus bas. Photo par Steven Darby.

J’ai finalement choisi la deuxième possibilité qui, à mon avis, posait un moins grand risque et n’exigeait pas le recours à une main-d’œuvre plus nombreuse que la première.

Nous avions déjà tout l’équipement nécessaire sur place : un chariot élévateur, un mât de charge et un treuil manuel très solide. Il ne restait qu’à créer un cadre de levage auquel je pourrais attacher le câble du treuil. Ce cadre serait positionné au-dessus du canot et fixé à la palette à quatre endroits. La veille, nous avons effectué un levage d’essai pour nous assurer que tout était stable et équilibré.

Au matin de la véritable opération, nous n’avions plus qu’à soulever l’ensemble de la structure avec le mât de charge du chariot élévateur, puis nous l’avons manœuvrée pour qu’elle passe par-dessus la balustrade. La structure a ensuite été abaissée à une hauteur convenable pour qu’on puisse y attacher le câble du treuil, après quoi nous l’avons doucement fait descendre jusqu’au premier étage à l’aide du treuil. Nous avons été en mesure de déposer le canot sur le chariot surélevé, puis de le déplacer facilement jusqu’à l’aire d’entreposage des collections pour qu’on y évalue son état de conservation.

Cette opération de levage a pris moins d’une heure en tout et s’est très bien passée. N’hésitez pas à me faire part de vos questions et commentaires; je vous répondrai avec plaisir.