Les Inuvialuit de l'ouest de l'Arctique - Des temps ancien jusqu'en 1902


Les habitants - L'économie

L'économie des Inuvialuit était centrée sur la chasse et la pêche; ces deux activités formaient le noyau d'une dynamique technologique considérable. Experts à la chasse des mammifères marins, les Inuvialuit avait deux sortes de bateaux: le kayak rapide à un seul passager et le spacieux umiaq; les deux servaient au transport et à la chasse. La chasse au belouga se faisait au kayak; souvent des douzaines d'hommes formaient une ligne et bouchaient l'embouchure de la baie, rabattant une troupe de belougas en avant d'eux. Les animaux effrayés s'échouaient dans l'eau peu profonde où les harponner à mort devenait une affaire de routine. La forme de la baie Kogmalit se prêtait particulièrement bien à ce genre de chasse.

La chasse à la baleine franche était autre chose; elle allait de pair avec des eaux plus profondes et des bateaux plus grands. L'umiaq était l'embarcation privilégiée pour cette activité; il était propulsé par six ou huit rameurs, souvent des femmes, et comportait un harponneur à la proue et l'umialiq lui-même au gouvernail. Les baleines franches sont habituellement des animaux lents et paisibles, facilement approchables dans leur sommeil à la surface de la mer. Le harpon qui servait à les chasser était une arme immense de deux mètres et demi de long, très pesant et comportant une tête détachable et basculante. Comme l'a décrit l'explorateur Robert M'Clure, témoin d'une chasse à la baleine au large de Cap Bathurst au milieu du XIXe siècle,

Le harponneur cible un poisson (une baleine) et plante dans sa chair une arme qui est rattachée par des lanières en peau de morse à une peau de phoque gonflée. Le poisson blessé est alors harassé sans cesse par des hommes en kayak dont les armes, logées dans la baleine, gênent ses efforts pour s'échapper et épuisent ses forces jusqu'à ce que, au cours de la journée, la baleine meure d'épuisement, au bout de son sang.

La chasse au phoque comportait des manoeuvres moins dramatiques. On utilisait diverses techniques, comprenant le harponnage en eaux libres en kayak, ou à la cheminée de respiration à travers la glace en hiver. On attrapait aussi des phoques au filet.

Les filets servaient également à la pêche. Fabriqués de fanons de baleines ou de tendons, ils étaient tendus sous la glace en hiver, ou en eaux libres en été, suspendus à des flotteurs en écorce. Lors des températures chaudes, des perches spéciales de vingt à trente mètres de long servaient à tendre les filets depuis la rive. On harponnait aussi les poissons et on les attrapait avec des crochets à travers la glace. La plupart des sites archéologiques inuvialuit sont riches en attirail de pêche et en os de poissons.

On chassait les oiseaux aquatiques et les rats musqués à partir de kayaks en utilisant des lance-à-oiseaux et un propulseur. On attrapait les lagopèdes au filet. Cependant, le caribou était l'animal terrestre le plus important, prisé non seulement pour sa chair, mais encore plus pour sa peau qui était nécessaire à la confection des vêtements chauds de l'hiver. Les techniques de chasse comprenaient l'embuscade avec des arcs, les battues communales, et le harponnage aux traverses des cours d'eau, en se servant aussi de kayaks. La meilleure chasse au caribou se faisait aux pieds des Richardsons, à l'ouest du Mackenzie, et dans la région des lacs Esquimaux-rivière Anderson-Cap Bathurst, à l'est. Les groupes qui, à l'instar des Kittegaryumiut, passaient la saison de chasse aux caribous à chasser le belouga devait recourir au troc pour obtenir des peaux.

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