Les Inuvialuit de l'ouest de l'Arctique - Des temps ancien jusqu'en 1902


...jusqu'en 1902
La fermeture du fort Anderson

En 1861, la Compagnie de la Baie d'Hudson amplifia ses activités dans la région et ouvra le fort Anderson sur la rivière Anderson, visant exclusivement le commerce Inuvialuit. C'était dans le but, qui a d'ailleurs été couronné de succès, d'amener les Inuvialuit de l'est dans l'orbite directe de la Compagnie. Ces Inuvialuit de l'est «redoutaient leurs concitoyens turbulents» qui vivaient dans la région du fleuve Mackenzie et qui dépendaient toujours du commerce indirect avec les Indiens du Lièvre plutôt que de visiter le poste de la rivière Peel. Ils en vinrent donc à visiter le fort Anderson et le poste eut du succès pendant les premières années. Cependant, en 1866, on l'abandonna en raison de la diminution des revenus et de la difficulté des approvisionnements par voie terrestre depuis le fort Good Hope. Les ordres de l'abandonner furent transmises secrètement pour éviter la colère des Inuvialuit, selon la remarque même du chef Factor Hardisty, «on devrait prendre soin que les Esquimaux ne perçoivent aucun signe de nos desseins avant de partir pour la côte de la mer.»

Les raisons de cette colère ne sont pas difficiles à deviner. L'année précédente la région de la rivière Anderson avait été frappée par une sérieuse épidémie d'une maladie contagieuse, probablement la rougeole. D'après le missionnaire Émile Petitot,«...à cause de la rougeole tous les Esquimaux fuyaient les rives de la rivière Anderson et cherchaient refuge sur les rives de la baie de Liverpool et de la baie Franklin... Il y eut 28 décès de la rougeole sur la rivière Anderson... et personne ne peut dire combien décédèrent sur la côte de la mer Arctique.» La Compagnie de la Baie d'Hudson rapporta que «les Esquimaux étaient exaspérés contre les Blancs, à cause du nombre de personnes décédées de la rougeole et qu'ils imaginaient le mauvais sort des Blancs d'en être la cause.»

La fermeture du fort Anderson semble avoir causé une rupture réelle de l'économie chez ceux qui étaient maintenant accoutumés à la Compagnie de la Baie d'Hudson et à ce qu'elle avait à leur offrir. Au lieu de retourner à un commerce à basse échelle avec les Lièvres, même les Inuvialuit de l'est commencèrent alors à faire le trajet annuel au poste de la rivière de Peel. En 1866, l'année de la fermeture du fort Anderson, Petitot compta 250 «Esquimaux de l'Anderson» au poste de la rivière de Peel. L'identité du groupe semble avoir été sur le point de s'embrouiller; vers l'hiver 1870, on rapporta que les bandes du fleuve Mackenzie et de l'Anderson hivernèrent ensemble, les deux frappées de maladie et «campèrent sur la glace à chasser le phoque.» L'année suivante, ils furent victimes d'une épidémie de petite vérole, et année après année, les victimes augmentaient. «Nous mourons tous,» rapporta un chef inuvialuit dans les années 1870, «on s'éteint progressivement de jour en jour.»

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