Kainaiwa (Blood)


MCC K96-774
Photo de Morgan Baillargeon.

Harrison Stabs Down-Red Crow, Kainai (Blood), Stand Off, Alberta.

    Les plus anciens mocassins des Plaines du Nord avaient des semelles souples et étaient taillés dans une seule pièce, dont le pan était rabattu et fixé par une couture de côté. On appelait ce type de mocassin "niit-tsi-tsi-kiin" (le vrai mocassin), terme qu'employaient les trois sous-groupes pieds-noirs (les Kainaiwa (Bloods), les Pii-kunii (Piégans) et les Siksika (Pieds-Noirs). Aujourd'hui, tous les mocassins sont appelés ainsi. Le mocassin à deux pièces à la semelle rigide de cuir brut et à empeigne souple est probablement apparu à l'arrivée du cheval, lorsque les peuples nomades commencèrent à se déplacer sur de plus grandes distances dans les Prairies.

Tous, femmes, hommes et enfants, portaient le même type de mocassin; seule la taille différait.

Les mocassins étaient confectionnés dans des peaux tannées de bison, de wapiti, d'orignal et de cerf. Plus tard, on utilisa des peaux de vaches domestiques, signe de temps difficiles chez les Amérindiens, car cela signifiait que le gibier se faisait rare.

Les peaux étaient soient blanches, soit fumées, selon l'usage auquel elles mais seulement ceux qu'on chaussait pour des occasions spéciales.  Avant l'introduction des petites perles, les mocassins étaient ornés de piquants de porc-épic teints. On peut voir un exemple de décoration de piquants étaient destinées. On ne décorait pas les mocassins portés tous les jours, agrémentée de petites perles sur le spécimen MCC V-B 331 a,b. Cette paire de mocassins était probablement portée lors d'occasions spéciales, par exemple une "cérémonie du tabac". Au cours de ces longues cérémonies, les participants assis face à une personne ainsi chaussée pouvaient admirer les semelles perlées. Les mocassins portent également des traces de peinture ocre rouge, ce qui indique qu'ils étaient utilisés à des fins cérémonielles. Puisque la réalisation de motifs décoratifs en piquants de porc-épic était considérée commeune tâche sacrée, les femmes devaient se soumettre à une brève cérémonie d'initiation avant de s'adonner à cet art.

Un des motifs les plus anciens est le "miista-tsoka-tuksiin", ou montagne. On utilisait également des carrés, des losanges, des bandes, des bandes fendues et des rayures, ce dernier motif étant une version perlée de l'ancienne décoration de piquants où un piquant droit est fixé par du tendon. Aujourd'hui, ce genre de motif est appelé «maah-toohm-moowa-ka-na-sksin», ou premiers motifs. Les motifs floraux étaient également désignés sous ce nom, même s'ils s'inspiraient de motifs européens (voir MCC V-B-351 a,b). Les décors étaient exécutés en double et symétriquement, et on recourait à des motifs géométriques pour réaliser des fleurs non réalistes.

Pendant la période des petites perles (1840-1870), les techniques et les couleurs de la broderie perlée changèrent, ce qui permit aux artistes de réaliser des formes plus complexes. La broderie d'application et le point lâche étaient deux techniques utilisées dans la broderie perlée.

Des étoffes commerciales, pour les revers et pour les remplissages, furent également introduites en plus des petites perles. Voir MCC V-B-429 a,b et V-B-40 a,b, où de l'étoffe commerciale rouge a été utilisée autour des revers. Ce motif se composant de trois pointes saillant d'un demi-cercle est appelé motif à trois doigts ou motif hybride. L'intérieur du motif est habituellement garni d'étoffe commerciale, signe que les peaux devaient être utilisées avec parcimonie. Le rabat sur la cheville a également été remplacé par de la toile, autre indice d'une période d'austérité.

À cette époque, on utilisait des peaux de vaches domestiques pour confectionner les vêtements, et le cuir brut était réservé aux semelles des mocassins.

Les couleurs préférées étaient différentes nuances de vert, bleu, rouge, blanc, jaune, rose, noir, et parfois aussi orangé. Chez les Pieds-Noirs, le bleu et le blanc étaient choisis de préférence pour les fonds à broder (voir MCC V-B-432 a,b).

La plupart des mocassins anciens, tant ceux des hommes que des femmes, comportaient des rabats qu'on pouvait croiser autour des chevilles (il était beaucoup plus facile d'ajuster les jambières des femmes par-dessus ce morceau de peau supplémentaire). Les mocassins bas furent plus populaires pendant les années 1930 et 1940. Il est inhabituel de trouver sur un mocassin de la broderie perlée comme celle qu. on voit sur MCC V-B-340 a,b, même s'il s'agit d'un motif géométrique typique.

Dans la confection des mocassins contemporains, on n'utilise pratiquement plus les modèles et les matières traditionnels, car la plupart des motifs sont empruntés à d'autres tribus nord-américaines. Toutefois, quelques mocassins réalisés par des couseurs et couseuses de perles aujourd'hui respectent encore les anciens motifs traditionnels. Voir MCC V-B-606 a,b et MCC V-B-591 a,b, où l'on voit de bons exemples de motif de montagne, de fond bleu et de motif floral pied-noir traditionnel.