« La première voile »
D'après une peinture à l'acrylique par Bill Holm © 1995
Collection de Nancy Davenport

Un chasseur de phoque mowachaht est surpris de voir poindre à l'horizon le premier navire européen à parvenir jusqu'à l'île de Vancouver. La frégate espagnole Santiago, commandée par le capitaine Juan Pérez, faisait route vers le Mexique après un voyage en Alaska dont l'objectif était principalement de déterminer l'étendue de la présence russe dans le Nord-Ouest de la côte. Alors qu'il voyageait vers le nord, Pérez avait rencontré des Indiens haïda et avait fait des échanges avec eux au large de la pointe nord-ouest des îles de la Reine-Charlotte. Apparemment, il s'agissait du premier contact entre ces peuples et les Européens. Les quelques objets qui se trouvent aujourd'hui au Museo de America à Madrid (dont une fabuleuse amulette en ivoire en forme d'oiseau) constituent la plus ancienne collection d'artefacts de la côte du Nord-Ouest.

Le 8 août 1774, alors que le Santiago faisait voile vers le sud, il approcha de la côte ouest de l'île de Vancouver et mouilla l'ancre à proximité de l'embouchure de la baie Nootka. Des canots mowachaht se rassemblèrent autour du navire et là encore, les marins espagnols échangèrent des artefacts avec les Indiens. Une embarcation ayant à son bord une croix de bois, dépêchée vers le rivage pour planter la croix à l'endroit où devait se dérouler la cérémonie de possession, dut virer de bord lorsque le temps tourna. C'est en vertu de ce contact passager que les Espagnols proclamèrent leur souveraineté sur les lieux. Il s'agissait de la première fois que le peuple nuu-chah-nulth (nootka) croisait l'homme blanc lequel, après le mouillage du capitaine James Cook dans la baie de Nootka quatre ans plus tard, devait envoyer des bâtiments de plus en plus nombreux à cet endroit, jusqu'à la fin du commerce de la loutre.

Le chasseur tient son harpon à phoque au long manche, prêt à réussir une prise. Les deux dents du harpon sont munies de pointes barbelées qui se dégagent du harpon au contact avec la proie. Un filin fait de boyau de morse tressé court depuis les pointes, et encercle le manche du harpon avant de s'attacher à une bouée faite d'estomac de phoque gonflé ou à un des plats-bords du canot. Lorsque le chasseur ramène le phoque au canot, il l'achève d'un coup de massue que l'on voit ici posée dans la proue du canot. La robe du chasseur est faite d'écorce déchiquetée de cyprès jaune réunie par de la corde de fibre d'ortie. Elle est retenue à la taille par une ceinture. Pour libérer les bras du chasseur pour qu'il puisse réussir la prise, la partie supérieure de la robe, dont l'encolure est ornée de fourrure de loutre, est rabattue sur le bas. C'est cette fourrure qui attira les vaisseaux commerçants à la côte du Nord-Ouest vers la fin du siècle.



menu principal