Le territoire
La région de Beaufort
(brièvement)
(première partie)
par
David Morrison
Conservateur des collections des T.N.-O.
(District de Mackenzie)
Musée canadien des civilisations

La physiographie

L'extrémité la plus occidentale de l'Arctique canadien est divisée en deux par le fleuve Mackenzie. À l'ouest, dans le nord du Yukon, s'étirent les austères montagnes de Richardson et leur piedmont, prolongation la plus nordique des Rocheuses se rendant presque à la mer. En face d'eux se trouve une plaine côtière, basse et étroite, coupée par quelques rivières à débit rapide comme la Firth, la Babbage, et la Blow. À l'est du Mackenzie se trouve la péninsule de Tuktoyaktuk, basse et parsemée d'étangs, limitée au sud par les lacs Eskimo. Ces soi-disants lacs sont en fait un bras de la mer qui pénètre à l'intérieur depuis la baie de Liverpool à l'est et qui se rend non loin du fleuve Mackenzie.

À l'est des lacs, la rivière Anderson, la deuxième en importance dans la région, coule vers le nord dans la baie Wood au pied de la péninsule du Cape Bathurst, pointe en forme de pouce qui empiète vers le nord sur la mer Arctique. La péninsule est en grande partie drainée par la rivière Horton, la rivière navigable la plus septentrionale du continent nord-américain. Autrefois, la Horton coulait vers le nord et vers l'ouest pour se jeter dans la baie Harrowby sur le côté ouest de la péninsule de Cape Bathurst. Mais il y a quelques centaines d'années, elle a défoncé un barrage que formaient des basses collines d'alluvions à l'est. Maintenant elle se déverse dans la baie de Franklin, laissant une série révélatrice de méandres stagnants qui marquent son ancien lit . Les collines alluviales qu'elle traverse font partie des célèbres Smoking Hills, à forte teneur de soufre et d'autres matériaux combustibles qui brûlent à différents endroits depuis des milliers d'années.

Presque tout l'ouest de l'Arctique canadien est comparativement plat et bas, recouvert de dépôts épais d'alluvion. Ce n'est nulle part aussi vrai que dans le delta du Mackenzie même, vaste marais situé à quelques mètres à peine au- dessus du niveau de la mer, parsemé d'étangs et traversé par des ruisseaux aux méandres innombrables. Pour un voyageur d'été, il présente un labyrinthe presque inextricable où seuls les habitués de longue date peuvent trouver leur chemin. Inuvik, la ville la plus grande de la région, et Aklavik, la plus ancienne, se situent toutes les deux sur ou dans le delta, partiellement parce que le piégeage au rat musqué y est excellent. Mais les autres ressources animales sont faibles de telle sorte que le delta du Mackenzie était peu occupé jusqu'à l'avènement de l'industrie du piégeage à la fin du dix-neuvième siècle.

Le climat

La région a un climat typique du bas Arctique. Les étés sont courts et frais quoique, près de la limite des arbres, les températures de 30 degrés centigrade soient possibles. Vers le début de septembre, l'été est vraiment fini et, la nuit, les températures baissent sous le point de congélation. Le gel survient à la fin d'octobre, et les températures en janvier et février atteignent typiquement -35 degrés centigrade ou davantage. En mai le fleuve Mackenzie commence à dégeler, même si la côte est encore couverte de glace. À l'intérieur des terres, les lacs Eskimo et plusieurs autres grandes nappes d'eau sont habituellement recouverts de glace jusqu'à la fin de juin. En hiver, il n'y a plus ou pas de clarté depuis la fin de novembre jusqu'à la fin de janvier, alors qu'en été on peut lire à l'intérieur d'une tente à minuit sans lumière artificielle.