Les mystéres archéologiques de la région d'Ottawa

La certitude de T.W. Edwin Sowter

La comparaison des deux articles que nous venons d'effectuer a démontré qu'ils comportent des différences importantes sur plusieurs points; nous devons donc être vigilants. Revoyons la grande certitude exprimée par T.W. Edwin Sowter (figure 4) quant à l'emplacement de l'Ossuaire d'Ottawa dans ses écrits et tentons de saisir les raisons qui justifient cette confiance.

T.W. Edwin Sowter débuta sa carrière au sein du Service topographique du ministère de l'Intérieur à l'âge de 22 ans. Il y passera plus de quatre décennies. Pendant ce temps, il a sûrement connu plusieurs membres de la Commission géologique du Canada, qui faisait partie de ce même ministère jusqu'en 1890. Ces gens ont peut-être orienté les intérêts que Sowter avait pour la paléontologie et l'archéologie (Pilon 2004).

Sowter était un membre très actif du Ottawa Field Naturalists' Club à partir de 1881 (BAC s.d.b). Là, il aurait fait la connaissance, s'il ne le connaissaît pas déjà, de l'éminent paléontologue et archéologue Henri-Marc Ami (1858-1931) (figure 5), un chercheur à la Commission géologique du Canada de 1882 à 1911. Ensemble, Sowter et Ami deviendront les spécialistes archéologiques du OFNC, dirigeant, en 1899, la première excursion archéologique du groupe à Aylmer, Québec (où Sowter passa sa vie entière), à environ 10 miles en amont des chutes Chaudières. Lors de cette expédition, on a recueilli des ossements humains à l'île Aylmer. En effet, Sowter avait déjà mentionné l'existence de restes humains sur cette île dans son article de 1895. Deux étiquettes, rédigées à la plume, qui accompagnent cette collection au Musée canadien des civilisations, semblent avoir été écrites par Ami et sont datées du même jour que l'expédition du OFNC. De même, deux étiquettes associées à des fossiles données à la Commission géologique du Canada par Sowter en 1908 paraissent aussi avoir été écrites par Ami (figure 6). Il est évident qu'une étroite collaboration unissait ces deux chercheurs.

T.W.E. Sowter naquit en 1860 et Edward Van Cortlandt décéda en 1875 (Moffat 1973:30). Il est donc peu probable que Sowter ait jamais obtenu des renseignements sur l'emplacement de l'Ossuaire d'Ottawa directement de Van Cortlandt. Il a probablement reçu ses informations de quelqu'un qui aurait connu Van Cortlandt ou encore d'une personne qui aurait connu cet associé du médecin. Il est très possible que cette personne ait fait partie du OFNC puisque les individus qui partageaient un intérêt pour le « monde naturel » étaient attirés vers cet organisme, tout comme ils l'avaient fait au préalable autour de la Ottawa Literary and Scientific Society, de la Nature Society et du Bytown Mechanics' Institute and Athenaeum (voir ci-haut).

L'ancien lieu de la résidence d' Edward Van Cortlandt à Ottawa; photo : Jean-Luc Pilon
La résidence d' Edward Van Cortlandt se trouvait à l'endroit où s'élève aujourd'hui l'édifice massif qui abrite le ministère des Anciens Combattants sur au sud-est de l'intersection des rues Wellington et Bay à Ottawa.

Étant donné l'association de Sowter et d'Ami, ainsi que l'intérêt de ce dernier pour l'archéologie, il est fort probable que les renseignements concernant l'emplacement de l'Ossuaire d'Ottawa proviennent d'Ami ou d'une autre source nonidentifiée, mais jugée crédible, du moins aux yeux de Sowter.

Un dernier point à souligner, dans la certitude qu'avait Monsieur Sowter que l'ossuaire se situait jadis au nord-ouest de l'intersection des rues Wellington et Bay, est le fait que la résidence de Van Cortlandt, durant une grande partie de sa vie, était située au coin sud-est de cette même intersection, soit au 394, rue Wellington (Moffat 1973:15).  De nos jours, on y rencontre les édifices du ministère des Anciens Combattants. Aurait-il pu y avoir confusion entre la résidence du médecin et l'emplacement de l'ossuaire ?

Introduction | Le docteur Edward Van Cortlandt | Comparaison des deux articles

Le fardeau de la preuve | Un appui en faveur de la thèse de Bédard's Landing

La certitude de T.W. Edwin Sowter | Autres considérations

L'article de la Bytown Gazette de 1843 | L'article de Van Cortlandt de 1853

Sources citées

Remerciements