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 LAURÉAT EN 1986
 Bill Reid  Sculpteur sur bois / OrfèvreÀ propos de l'artiste | 
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   | « Sculpteur, orfèvre, graveur, Bill Reid est tout cela à la 
fois, et poète en plus. Peu de grands artistes ont de l'esprit, 
encore moins ont le génie des mots. Pour Bill, les mots sont comme 
l'or et le cèdre qu'il façonne pour leur donner la forme du 
mythe, de l'histoire et de l'imaginaire. Tirant parti de nombreux contacts, 
il n'a cependant jamais subi d'influence exclusive, faisant toujours preuve 
de liberté et d'esprit créateur dans l'interprétation 
de diverses traditions. S'il est sans aucun doute très proche de 
l'art haida, il a lui-même contribué à enrichir le 
vocabulaire de cet art, vocabulaire qui, comme les conventions sculpturales 
des autres peuples de la côte Nord-Ouest, ne cesse d'évoluer. 
L'art traditionnel de la côte Nord-Ouest se distingue surtout par la 
sculpture et le récit. Les sculptures et les bijoux de Bill 
prêtent de nouvelle formes aux mythes et à l'esprit de l'art 
de la côte Nord-Ouest. Bill est un magicien de l'art. »
 
Harry HawthornProfesseur émérite d'anthropologie
 Université de la Colombie-Britannique
 Vancouver
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   | Bill Reid, l'un des plus grands artistes du Canada, a joué un 
rôle décisif dans la redécouverte des riches cultures 
autochtones. Son père était un américain d'origine 
écossaise, sa mère, une Haida. À l'adolescence, il 
réalise soudain qu'il n'est peut-être pas exactement, pour 
reprendre sa propre expression, « un Blanc nord-américain comme les 
autres ».
 
En 1943, il commence alors à se rendre chaque année dans le 
village de sa mère, à Skidegate, dans les îles de la 
Reine-Charlotte. Là, il renoue avec les traditions de ses 
ancêtres auprès de son grand-père Charles Gladstone, un 
excellent constructeur de bateau qui a été l'apprenti du grand 
sculpteur et orfèvre haida du XIXe siècle, Charles 
Edenshaw. 
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   | Bill Reid sculptant un mât haida,
 Skidegate, îles de la Reine-Charlotte,
 1977
 
 
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 | Le grand-père de Bill Reid est le neveu de Charles Edenshaw. C'est 
le dernier d'une lignée d'orfèvres haidas qui travaillent 
l'argent. Le jeune homme se passionne pour l'art de ses ancêtres et 
fait ses premières armes dans la création de bijoux de style 
européen.
 
Quelques années plus tard, il abandonne sa carrière 
d'animateur-radio à la CBC pour se consacrer entièrement 
à son art. Depuis, il a exercé ses talents dans les domaines 
les plus divers : joaillerie, orfèvrerie, sculpture sur bois, 
sérigraphie, écriture et illustration de livres.
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   | Comprendre et faire comprendre la structure et la signification de l'art 
haida : cette passion, Bill Reid l'a transmise à toute une nouvelle 
génération d'artistes autochtones. Ces jeunes travaillent 
surtout pour le marché de l'art mais aussi, de plus en plus souvent, 
pour leur propres villages (fabrication de cadeaux de potlatch et d'objets 
de cérémonie, entre autres).
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   | Boîte couverte à motif d'ours, 1985-1986
 Argent, revêtement intérieur en cuir
 Ciselé, monté
 11,8 cm x 8,8 cm x 5,5 cm
 MCC 86-41.1-2
 La collection de la Fondation Massey
 
 
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   | Le Corbeau découvrant l'humanité dans
 une coquille de peigne, 1970
 Buis
 Sculpté
 7 cm x 6,9 cm x 5,5 cm
 Collection : Museum of Anthropology de
 l'université de la Colombie-Britannique, Vancouver
 
 
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 | Bill Reid concède qu'il a joué un rôle dans la 
renaissance de l'art amérindien, mais il sait aussi fort bien qu'une 
authentique vitalité culturelle passe par le respect des droits 
territoriaux et le progrès politique et social. Il a pour sa part 
pris très clairement position en s'opposant publiquement à 
l'exploitation forestière des îles de la Reine-Charlotte et en 
dirigeant un grand projet de construction de canots dans les villages 
haidas.
 
Le travail de Bill Reid et de ses élèves a suscité un 
dialogue fécond entre les populations autochtones et les autres 
Canadiens. L'artiste, lui, écrit et travaille beaucoup avec les 
musées pour faire mieux connaître l'art haida. Il 
réalise également des projets monumentaux auxquels collaborent 
des sculpteurs et des artisans de tous les horizons culturels.
 
Bill Reid aime le bel ouvrage, et cette exigence dépasse de toute 
évidence une culture ou un groupe ethnique particulier. Il souligne 
le rôle crucial de l'homo faber dans « un monde où l'on 
recherche et admire de plus en plus l'objet bien fait mais où l'on 
sait de moins en moins comment le fabriquer ».
 
Et c'est avec la foi de tous les grads maîtres qu'il affirme : 
 
« Une fois que nous abandonnons nos idées ethnocentriques et 
hiérarchisées sur le fonctionnement du monde, nous 
découvrons qu'il y a derrière toute réalisation humaine 
quelque chose qui nous touche et nous parle au-delà des 
barrières du temps, de la culture et de l'espace : la qualité 
de l'objet bien fait ». 
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   | Bill Reid sciant un bloc d'argilite,
 îles de la Reine-Charlotte,
 fin des années cinquante
 
 
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